Introduction
Pour éliminer les menaces qui se cachent à l’intérieur des cellules, comme certains virus respiratoires (grippe, Covid-19) ou des cellules précancéreuses modifiées par le papillomavirus (HPV), l’organisme met en œuvre l’immunité adaptative cellulaire. Elle repose sur l’action des lymphocytes T cytotoxiques (LTc), parfois appelés « cellules tueuses ». Ce terme peut prêter à confusion avec les cellules NK (Natural Killer, en anglais « tueuses naturelles »), qui appartiennent à l’immunité innée. Les LTc sont différents : ils font partie de l’immunité adaptative, fonctionnent de façon spécifique et complètent l’action des anticorps.
L’activation des lymphocytes T cytotoxiques
La réponse cellulaire commence avec les cellules dendritiques, véritables sentinelles de l’immunité innée. Après avoir capturé un agent pathogène, elles migrent vers les ganglions lymphatiques et présentent ses antigènes aux lymphocytes T auxiliaires et aux lymphocytes T cytotoxiques. Elles peuvent stimuler directement les LT naïfs CD8 en présentant l’antigène via le CMH de classe I, ce qui constitue un premier signal d’activation. Toutefois, cette activation reste incomplète si elle n’est pas relayée par les lymphocytes T auxiliaires. Ces derniers, une fois activés, libèrent des cytokines, molécules de communication qui renforcent et entretiennent la stimulation des LT cytotoxiques. C’est la coopération entre cellules dendritiques et LT auxiliaires qui permet une activation efficace et durable des LTc.
Une fois activés, les LT cytotoxiques se multiplient par sélection clonale : un seul LTc spécifique de l’antigène donne naissance à une population entière de cellules toutes spécialisées contre la même cible. Certaines deviennent effectrices et détruisent les cellules infectées, d’autres se transforment en lymphocytes T mémoire, garants d’une protection durable.
À retenir
L’activation des LT cytotoxiques dépend de la coopération entre cellules dendritiques et LT auxiliaires. La sélection clonale produit des LTc effecteurs pour détruire les cellules infectées et des LT mémoire pour assurer une protection à long terme.
L’action des LT cytotoxiques
Les LT cytotoxiques circulent dans l’organisme à la recherche de cellules anormales. Quand ils rencontrent une cellule infectée par exemple par le virus de la grippe ou par le papillomavirus, ils déclenchent une mort programmée (apoptose). Pour cela, ils libèrent des molécules cytotoxiques comme les perforines, qui percent la membrane, et les granzymes, qui pénètrent dans la cellule et activent son autodestruction. La cellule infectée est éliminée de façon ciblée et propre, sans endommager les tissus voisins.
À retenir
Les LT cytotoxiques détruisent les cellules infectées ou anormales par apoptose. Leur action repose sur les perforines et les granzymes, permettant une élimination précise sans endommager les tissus voisins.
La coopération avec l’immunité humorale
L’immunité adaptative fonctionne comme une véritable coopération. Les lymphocytes B produisent des anticorps qui agissent contre les agents pathogènes extracellulaires, comme les bactéries libres ou les virus circulants. Les lymphocytes T cytotoxiques interviennent contre les agents intracellulaires, en éliminant les cellules déjà infectées. Les lymphocytes T auxiliaires orchestrent l’ensemble : ils stimulent à la fois les B et les LTc, assurant une réponse coordonnée et efficace. Cette complémentarité entre les deux branches de l’immunité — humorale et cellulaire — garantit une protection globale.
À retenir
L’immunité adaptative repose sur la coopération. Les anticorps ciblent les agents extracellulaires, tandis que les LTc éliminent les cellules infectées. Les LT auxiliaires coordonnent les deux réponses pour une protection complète.
Mémoire immunitaire et vaccination
À la fin de la réponse immunitaire, une partie des LT et des LB devient des lymphocytes mémoire. Ces cellules persistent dans l’organisme et permettent une réaction beaucoup plus rapide et intense lors d’une nouvelle rencontre avec le même agent pathogène.
La vaccination exploite directement ce principe. En introduisant un antigène inoffensif (sous la forme d’un vaccin atténué, inactivé, à ARNm, par protéines recombinantes ou par vecteur viral), elle stimule la mise en place de lymphocytes mémoire, à la fois B et T. Ainsi, lors d’un futur contact avec le véritable agent infectieux, l’organisme est déjà prêt : les lymphocytes B mémoire produisent rapidement des anticorps, et les lymphocytes T mémoire réactivent efficacement les réponses cellulaires.
À retenir
La mémoire immunitaire repose sur les lymphocytes T et B mémoire. La vaccination prépare cette mémoire sans provoquer la maladie, garantissant une protection rapide et efficace lors d’une nouvelle infection.
Conclusion
L’immunité adaptative cellulaire repose sur les LT cytotoxiques, qui détruisent les cellules infectées ou anormales par apoptose, grâce aux perforines et aux granzymes. Leur activation dépend de la coopération entre cellules dendritiques et LT auxiliaires, soulignant l’importance de la coordination entre acteurs de l’immunité. Complémentaire des anticorps qui ciblent les agents extracellulaires, l’action des LTc illustre la distinction fondamentale entre menaces intra- et extracellulaires. Enfin, la mémoire immunitaire, assurée par les lymphocytes T et B mémoire et exploitée par la vaccination, garantit une protection durable contre de futures infections.
