Introduction
Quand une infection se développe, notre organisme ne se contente pas de réagir de manière générale : il fabrique aussi des défenses très spécifiques contre l’agent pathogène. C’est le rôle de l’immunité adaptative humorale, qui repose sur l’action des lymphocytes B. Ces cellules, une fois activées, se transforment en plasmocytes, capables de produire de grandes quantités d’anticorps. Ces molécules ciblent précisément l’agent pathogène et facilitent son élimination.
L’activation des lymphocytes B et la sélection clonale
Les cellules dendritiques (cellules sentinelles qui capturent et présentent les antigènes aux lymphocytes) jouent un rôle central dans le déclenchement de la réponse adaptative. Elles présentent les antigènes aux lymphocytes T auxiliaires (Th) via le CMH de classe II. Ces lymphocytes T, une fois activés, aident ensuite à activer les lymphocytes B grâce à la libération de cytokines, petites molécules de signalisation sécrétées par les cellules immunitaires pour coordonner la réponse.
Chaque lymphocyte B possède un récepteur unique spécifique d’un antigène. Lorsqu’il rencontre son antigène et reçoit l’aide des lymphocytes T auxiliaires, il est sélectionné et entre en sélection clonale. La sélection clonale correspond à la multiplication d’un lymphocyte B spécifique après sa rencontre avec un antigène : à partir d’une cellule unique, un clone entier se forme, composé de plasmocytes producteurs d’anticorps et de lymphocytes B mémoire.
Cette idée a été théorisée en 1957 par Frank Macfarlane Burnet, qui a montré que la spécificité d’un lymphocyte préexiste avant la rencontre avec l’antigène, et que la réponse immunitaire résulte de la multiplication de clones activés.
À retenir
Les lymphocytes B s’activent grâce à l’aide des lymphocytes T auxiliaires et entrent en sélection clonale. Cette multiplication produit des plasmocytes qui fabriquent des anticorps et des lymphocytes mémoire qui assurent une protection durable.
Les anticorps : une action spécifique contre les pathogènes extracellulaires
Les anticorps, aussi appelés immunoglobulines, sont des protéines en forme de Y produites par les plasmocytes, capables de se fixer spécifiquement à un antigène. Ils agissent surtout contre les pathogènes extracellulaires (bactéries, toxines, virus circulants), en complémentarité avec l’immunité cellulaire qui agit contre les cellules infectées.
Leur action repose sur plusieurs mécanismes :
Neutralisation : l’anticorps empêche l’action du pathogène. Exemple : des anticorps bloquent la toxine tétanique ou empêchent le virus de la grippe de pénétrer dans les cellules.
Agglutination : les anticorps relient plusieurs agents pathogènes en amas. Exemple : regroupement de bactéries facilitant leur élimination.
Opsonisation : les anticorps recouvrent un pathogène, le rendant plus facile à phagocyter. Exemple : phagocytose plus efficace d’Escherichia coli par les macrophages.
Activation indirecte : les anticorps déclenchent le système du complément, une cascade de protéines circulantes qui détruisent directement les microbes ou facilitent leur élimination. Exemple : perforation de bactéries Gram– par le complément.
Ces mécanismes montrent que les anticorps n’agissent pas seuls : ils coopèrent avec les cellules de l’immunité innée (phagocytes, macrophages, neutrophiles) et avec des systèmes comme le complément, ce qui renforce considérablement l’efficacité de la défense.
À retenir
Les anticorps neutralisent, agglutinent, opsonisent et activent le complément pour éliminer les pathogènes. Leur efficacité repose sur la coopération avec les cellules de l’immunité innée et le système du complément.
Mémoire immunitaire et vaccination
Un point central de l’immunité humorale est la mémoire immunitaire. Lors d’une première infection, la production d’anticorps est lente (plusieurs jours). Mais grâce aux lymphocytes B mémoire, une seconde exposition déclenche une production d’anticorps beaucoup plus rapide et massive.
C’est précisément ce mécanisme qui fonde le principe de la vaccination. Les vaccins introduisent dans l’organisme un antigène inoffensif (sous différentes formes : vaccins à ARNm, protéines recombinantes, vecteurs viraux, ou encore vaccins atténués et inactivés plus classiques). L’organisme fabrique alors des lymphocytes mémoire sans subir la maladie. En cas de contact ultérieur avec le véritable agent infectieux, la réponse est immédiate et efficace.
À retenir
La mémoire immunitaire repose sur les lymphocytes B mémoire, qui assurent une réponse plus rapide et intense lors d’une nouvelle infection. La vaccination exploite ce mécanisme en préparant l’organisme sans provoquer la maladie.
Conclusion
L’immunité adaptative humorale repose sur l’activation des lymphocytes B, aidés par les T auxiliaires, et sur la sélection clonale décrite par Burnet. Les plasmocytes produisent des anticorps, ou immunoglobulines, capables de neutraliser, agglutiner, opsoniser et activer le complément contre les agents pathogènes extracellulaires. Ces anticorps coopèrent étroitement avec les cellules de l’immunité innée, comme les phagocytes, et avec le système du complément, illustrant la synergie entre réponses innée et adaptative. Enfin, les lymphocytes B mémoire assurent une réponse plus rapide et intense lors d’une nouvelle infection : c’est le principe même de la vaccination, qui entraîne la mémoire immunitaire et protège durablement l’organisme.
