Après la première mondialisation – marchande – démarrée au xvie siècle, puis la deuxième – industrielle – des années 1870-1914, la troisième mondialisation se déploie à partir des années 1960-1970. Mers et océans jouent un rôle décisif.
I. La nouvelle « centralité océane »
Jusqu’en 1980, les flux commerciaux majeurs sont transatlantiques, connectant d’abord les façades nord-américaine et européenne. New York et Londres, puis Rotterdam, sont les pôles principaux des deux façades de la Megalopolis américaine et du Northern Range.
L’océan Pacifique, bordé par les trois premières économies mondiales, devient la zone de transit principale depuis 1980. Le développement de l’Asie a entraîné l’explosion des flux commerciaux, essentiellement entre un pôle consommateur américain et un ensemble producteur est-asiatique.
La façade américaine est centrée sur la Californie (Los Angeles, San Francisco). La façade est-asiatique comprend la mégalopole japonaise, les ports sud-coréens, chinois (Shanghai, Hong Kong), et ceux d’Asie du Sud-Est (Singapour).
L’océan Indien est surtout un océan de transit, entre l’Asie exportatrice, le Moyen-Orient pétrolier et l’Europe, voire les États-Unis via Le Cap.
II. Les Méditerranées, zones de contact
Trois mers bordières, trois « Méditerranées », jouent un rôle d’interface majeur. La mer Méditerranée, coupée dans le sens nord-sud entre pays de développement et de civilisation différents, est intensivement parcourue dans le sens est-ouest.
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« Mer au milieu des terres », la Méditerranée est un lieu de contact, d’échanges et d’affrontements entre des pays ou des civilisations différents.
La mer des Caraïbes et le golfe du Mexique constituent une Méditerranée centraméricaine, où les États-Unis font encore figure de puissance tutélaire, notamment avec le contrôle du canal de Panama. Tous les types de trafics et de migrations traversent cet espace maritime complexe.
Les mers de Chine méridionale et orientale, où les différences économiques et culturelles sont moindres, abritent les très dynamiques économies est-asiatiques, et donc des routes maritimes stratégiques. S’y déploie depuis une dizaine d’années un impérialisme chinois particulièrement agressif.
III. Angles régionaux et angles morts
Les autres espaces maritimes ont un rôle plus régional. Certains sont marginaux, tel le Pacifique sud, dont l’immensité n’est traversée que de flux à destination de micro-États insulaires pour qui l’intégration à la mondialisation s’avère ainsi modeste.
L’océan glacial Antarctique reste lui aussi à l’écart. Ses rigueurs climatiques rendent sa fréquentation dangereuse. Surtout, son statut de 1959, complété en 1991 et 1998, interdit toute activité militaire et toute exploitation économique au sud du 60e parallèle. Les flux (scientifiques ou touristiques) y sont donc très restreints.
L’océan glacial Arctique, en revanche, ne bénéficie pas de ce statut protecteur. Les convoitises des États riverains (ou pas) y sont aiguisées par le réchauffement climatique, qui entraîne l’ouverture prochaine de nouvelles routes maritimes et l’exploitation de nouvelles ressources.
Info
La Chine s’est autoproclamée « État quasi arctique » et bénéficie depuis 2013 d’un statut d’observateur au sein du conseil de l’Arctique.
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L’océan Indien, plaque tournante de la mondialisation
L’océan Indien est un espace de transit : la principale route maritime connecte l’Asie orientale, via le détroit de Malacca, au Moyen-Orient, via le détroit d’Ormuz, et à l’Europe via le canal de Suez.
Zone de piraterie, c’est aussi le théâtre où se lisent les intérêts géostratégiques des grandes puissances (« collier de perles » chinois). La route du pétrole par Le Cap donne à l’outre-mer français une valeur stratégique incontestable.