Les espaces maritimes sont immenses – donc difficilement contrôlables – et fragiles – donc complexes à protéger.
I. Les zones grises de la mondialisation
Les zones grises de la mondialisation sont aussi maritimes, et ce d’autant plus que les dimensions de l’océan mondial sont considérables et les possibilités d’échapper au contrôle des États innombrables.
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Les zones grises sont les espaces où le contrôle des États s’est affaibli ou a disparu.
Les trafics sont de tous ordres : produits de contrefaçon, cigarettes, drogue, armes, et même êtres humains. On estime à environ 750 millions le nombre de conteneurs transportés par an : même dans les ports de pays où le contrôle étatique est réel, quel service de douane a les moyens de contrôler matériellement tous les conteneurs chargés et déchargés ?
Les Méditerranées mondiales sont les hauts lieux de ces trafics. La drogue transite ainsi des pays producteurs (Bolivie, Pérou, Colombie) vers le marché américain à travers la mer des Caraïbes ; les passeurs libyens envoient à travers la Méditerranée des embarcations où s’entassent des centaines de migrants.
II. Des zones de piraterie
1) Piraterie et mondialisation
La piraterie est un phénomène aussi ancien que le transport maritime. Ses caractères structurants sont partout les mêmes : des richesses qui transitent et des possibilités de caches infinies, notamment grâce à la multiplicité des îles.
La piraterie a resurgi depuis les années 1980 et 1990, à la faveur d’une mondialisation triomphante et de la fin de la guerre froide : l’augmentation des richesses transportées, la baisse de format des grandes marines militaires, mais aussi la prolifération des armes venues de l’ex-URSS, expliquent la hausse des attaques.
2) Un phénomène sous contrôle ?
Localisés souvent à proximité des ports, les actes de piraterie se développent en pleine mer. Le phénomène diminue en Asie du Sud-Est et près des côtes somaliennes, en raison des réponses apportées par les États : l’opération Atalante de l’Union européenne (2008-2020) a ainsi permis de diminuer le nombre d’attaques de 168 en 2008 à 1 en 2018. Le golfe de Guinée, en revanche, représentait plus de 80 % des prises d’otages en 2019.
III. Des espaces fragiles
1) Des pollutions multiples
Affectés depuis longtemps par des pollutions en tous genres, mers et océans constituent le déversoir des activités humaines : environ 6 millions de tonnes de produits polluants y sont rejetées chaque année.
La pollution au plastique est préoccupante. De faible biodégradabilité, la quasi-totalité des 100 millions de tonnes déversées dans les océans, lentement transportés par les courants, s’accumule dans de gigantesques gyres dont le plus grand est le vortex du Pacifique nord, aussi appelé « septième continent » ou « continent de plastique ».
2) Océans et réchauffement climatique
Mers et océans atténuent le réchauffement climatique : l’océan mondial stocke le quart du CO2 issu des activités humaines. Mais le réchauffement climatique élève la température moyenne des océans et tend à limiter ce phénomène.
À l’inverse, la disparition progressive des banquises, si elle peut déboucher sur l’ouverture de nouvelles routes polaires, tend à diminuer l’albédo global et donc à accélérer le réchauffement.
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L’albédo désigne le pouvoir réfléchissant d’une surface. Il est plus fort pour la glace de mer (blanche) que pour la surface libre de glace (plus sombre).
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Piraterie et mondialisation : 1978-2018
Cette carte recense 40 ans et 8 000 actes de piraterie. On note les phénomènes structurants de la piraterie maritime mondiale : les grandes routes maritimes par où passe la richesse, les détroits et les Méditerranées, la proximité d’États à faible contrôle territorial (Caraïbes, golfe de Guinée, Yémen, Somalie, Asie du Sud-Est).