Introduction
La Seconde Guerre mondiale constitue un tournant décisif du XXᵉ siècle. Par son ampleur géographique, sa durée, l’intensité de ses combats, mais aussi par ses conséquences humaines, matérielles et politiques, elle a profondément transformé les équilibres mondiaux. Ce conflit planétaire, qui s’étend de septembre 1939 à septembre 1945, mobilise l’ensemble des continents, implique la plupart des États et fait plus de 60 millions de morts. Il oppose deux grandes alliances, l’Axe et les Alliés, dans une confrontation où l’anéantissement devient une stratégie militaire assumée. Comprendre les causes profondes de cette guerre, ainsi que les premières étapes de son déclenchement et l’identité des protagonistes permet de saisir les logiques d’un monde en rupture avec l’ordre issu de la Première Guerre mondiale.
Les causes de la Seconde Guerre mondiale
Un héritage instable laissé par la Première Guerre mondiale
La Seconde Guerre mondiale plonge ses racines dans les déséquilibres issus du premier conflit mondial. Le traité de Versailles, signé en 1919, impose à l’Allemagne des conditions particulièrement dures : pertes territoriales importantes, réduction drastique de son armée, paiement de lourdes réparations, et reconnaissance de sa responsabilité dans le déclenchement de la guerre. Ce traité, perçu par de nombreux Allemands comme une humiliation, alimente un revanchisme puissant, exploité par les nationalistes et les extrémistes.
La République de Weimar, instaurée en Allemagne en 1919, peine à s’imposer durablement. Minée par l’instabilité politique, les tensions sociales et l’extrême polarisation du débat public, elle est gravement ébranlée par la crise économique mondiale de 1929. L’effondrement économique engendre une explosion du chômage, une paupérisation des classes moyennes et une défiance croissante envers les institutions démocratiques.
Dans ce contexte de crise, Adolf Hitler, chef du parti nazi, accède au pouvoir en janvier 1933. Il bénéficie du soutien des élites économiques et conservatrices, qui espèrent canaliser son influence. Rapidement, il instaure une dictature, notamment grâce à la loi des pleins pouvoirs du 23 mars 1933, qui lui permet de légiférer sans passer par le Reichstag. Le régime nazi développe une idéologie fondée sur le racisme biologique, l’antisémitisme, le culte du chef et la volonté d’expansion territoriale (Lebensraum).
Une montée des périls dans les années 1930
Dès 1935, l’Allemagne nazie viole les clauses du traité de Versailles en lançant un programme de réarmement massif. En 1936, elle remilitarise la Rhénanie, zone pourtant démilitarisée par le traité. Cette politique de révision territoriale se poursuit avec l’Anschluss (annexion de l’Autriche) en mars 1938, puis avec les accords de Munich (septembre 1938) qui cèdent à Hitler les Sudètes, région germanophone de Tchécoslovaquie. En mars 1939, l’Allemagne envahit la Bohême-Moravie, mettant fin à la souveraineté tchécoslovaque et révélant l’échec de la politique d’apaisement menée par les démocraties occidentales.
Le 23 août 1939, l’Allemagne nazie et l’Union soviétique signent un pacte de non-agression, connu sous le nom de pacte germano-soviétique. Ce traité comprend un protocole secret prévoyant le partage de la Pologne ainsi qu’une répartition des zones d’influence en Europe de l’Est (États baltes, Bessarabie, Finlande). L’URSS, bien que formellement non belligérante, intervient militairement en Pologne, dans les États baltes et en Finlande à l’automne 1939, conformément à ce protocole. Cette alliance de circonstance entre deux régimes antagonistes lève le dernier obstacle à l’agression allemande. Le 1ᵉʳ septembre 1939, l’Allemagne envahit la Pologne, précipitant la déclaration de guerre du Royaume-Uni et de la France deux jours plus tard.
L’échec du système international de sécurité
Le déclenchement de la guerre s’explique aussi par l’incapacité des instances internationales à maintenir la paix. La Société des Nations (SDN), créée en 1920 pour garantir la sécurité collective, échoue à enrayer les agressions successives des régimes autoritaires dans les années 1930. Elle reste passive face à l’invasion de la Mandchourie par le Japon en 1931, puis à celle de l’Éthiopie par l’Italie fasciste en 1935. En 1936, la guerre civile espagnole devient un terrain d’intervention pour les dictatures allemande et italienne, dans l’indifférence des démocraties occidentales. L’inaction et la divergence des intérêts entre les grandes puissances fragilisent gravement l’ordre international hérité de la Première Guerre mondiale.
Les protagonistes du conflit
Les puissances de l’Axe
L’Axe rassemble trois grandes puissances liées par des pactes diplomatiques : l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste et le Japon impérial. Si leurs objectifs ne sont pas toujours coordonnés, ils reposent tous sur des fondements communs : le rejet de la démocratie, le culte de la force, le militarisme, le nationalisme radical et la volonté de conquête territoriale.
L’Allemagne d’Hitler vise à dominer l’Europe et à y imposer un ordre racial fondé sur l’exclusion et la persécution des populations jugées « inférieures », notamment les Juifs. Cette politique antisémitique évolue progressivement vers l’extermination systématique à partir de 1941-1942.
L’Italie de Mussolini, tout en restant un acteur secondaire sur le plan militaire, entend créer un nouvel empire romain autour de la Méditerranée.
Le Japon, sous l’influence des militaires, cherche à dominer l’Asie orientale et le Pacifique, en recourant à des violences extrêmes. Le massacre de Nankin en décembre 1937, au cours duquel plus de 200 000 civils et prisonniers chinois sont tués, incarne cette logique d’anéantissement.
Les puissances alliées
Face à l’Axe, un front antifasciste se constitue progressivement. Au départ, seuls la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne en septembre 1939, mais leurs forces sont limitées, et la campagne de Pologne se termine rapidement par une défaite.
À partir de juin 1941, l’entrée de l’URSS dans le conflit, après l’opération Barbarossa (invasion allemande), modifie profondément les équilibres. De même, l’entrée en guerre des États-Unis en décembre 1941, après l’attaque japonaise sur Pearl Harbor, donne aux Alliés un appui industriel et militaire déterminant.
Peu à peu, les Alliés regroupent la quasi-totalité des grandes puissances mondiales : le Commonwealth britannique, la Chine de Tchang Kaï-chek, la France libre de Charles de Gaulle, qui s’oppose à la France de Vichy, collaborationniste, et de nombreux gouvernements en exil. Ils sont également appuyés par les territoires coloniaux, qui fournissent des soldats, des ressources stratégiques et des bases militaires, malgré des statuts politiques inégaux et une reconnaissance longtemps refusée.
La guerre devient ainsi un conflit mondial, non seulement par le nombre de pays impliqués mais aussi par la diversité des fronts : Europe, Afrique, Asie, Océan Pacifique, Atlantique etc.
Conclusion
La Seconde Guerre mondiale ne résulte pas d’un enchaînement fatal d’événements mais de facteurs multiples, croisant déséquilibres internationaux, idéologies de conquête, faiblesses démocratiques et défaillance des institutions de sécurité collective. La violence de ses débuts, la rapidité des conquêtes de l’Axe et l’implication immédiate de nombreux États montrent que le conflit n’est ni localisé ni spontané mais le produit de tensions politiques et économiques structurelles à l’échelle mondiale. Le rôle des grandes puissances, l’alliance paradoxale entre l’Allemagne et l’URSS ainsi que l’inaction des démocraties dans les années 1930 éclairent les causes profondes d’une guerre qui inaugure l’ère de la destruction industrielle et de l’engagement total des sociétés.