Introduction
La Terre conserve les traces de son histoire dans les roches et les fossiles. Ces éléments sont essentiels pour reconstituer les événements géologiques du passé : formation de montagnes, variations du niveau marin, apparition ou disparition d’espèces… Lorsqu’il est impossible d’attribuer une date chiffrée à ces événements, on établit une chronologie relative, c’est-à-dire l’ordre dans lequel ils se sont produits, sans en connaître l’âge absolu.
Cette leçon présente les principes de la chronologie relative, les rôles des fossiles et des structures géologiques, et la manière dont les géologues interprètent ces indices pour reconstruire les étapes successives de l’histoire d’une région.
Les principes de base de la chronologie relative
Plusieurs principes fondamentaux permettent d’établir une chronologie relative à partir de l’observation des strates (couches sédimentaires) :
Principe de superposition : dans une série sédimentaire non déformée (c’est-à-dire non inversée ou fortement plissée), les couches les plus anciennes sont situées en bas, les plus récentes en haut.
Principe de continuité latérale : une couche sédimentaire est supposée continue dans toutes les directions jusqu’à ce qu’elle s’amincisse, change de faciès (c’est-à-dire de nature ou d’environnement de dépôt), ou soit interrompue par une érosion ou une discontinuité.
Principe d’inclusion : tout élément inclus (comme un galet ou un fragment) dans une autre roche est plus ancien que la roche qui l’entoure.
Principe de recoupement : toute structure (faille, filon, intrusion...) qui en recoupe une autre est postérieure à celle qu’elle affecte.
Ces principes sont valides tant que les structures observées n’ont pas été altérées par des déformations majeures, comme des retournements ou des plissements complexes.
À retenir
Dans une série non déformée, les couches les plus anciennes sont situées à la base.
Une couche est supposée continue latéralement jusqu’à une modification de faciès ou une interruption.
Toute structure ou inclusion est plus récente ou plus ancienne selon qu’elle recoupe ou est recoupée.
Les fossiles comme repères chronologiques
Les fossiles, restes ou traces d’organismes anciens, jouent un rôle essentiel dans la datation relative. Certains sont qualifiés de fossiles stratigraphiques car ils permettent de dater une couche et de correspondre des strates d’un site à un autre.
Un bon fossile stratigraphique présente plusieurs caractéristiques :
Une large répartition géographique.
Une durée de vie courte à l’échelle géologique.
Une morphologie facile à identifier.
Exemples : les ammonites pour le Mésozoïque, les trilobites pour le Paléozoïque, ou les microfossiles planctoniques comme les foraminifères et les radiolaires. Ces derniers nécessitent une analyse en laboratoire, notamment en lame mince ou après traitement chimique, car ils sont invisibles à l’œil nu.
À retenir
Les fossiles stratigraphiques servent à dater et corréler les couches géologiques.
Leur utilisation repose sur leur brève durée d’existence et leur large distribution.
Certains, comme les microfossiles, nécessitent des méthodes d’analyse spécialisées.
L’utilisation des structures géologiques
Outre les couches et les fossiles, les structures géologiques (failles, plis, discordances…) fournissent des indices précieux sur la succession des événements :
Une discordance est une surface qui sépare des ensembles de couches non parallèles ou érodées. Elle indique une interruption dans la sédimentation, souvent liée à une période d’érosion, suivie d’un affaissement progressif de la région (appelé subsidence) permettant l’accumulation de nouvelles couches.
Une faille est une cassure dans les roches qui indique un mouvement postérieur à la formation des couches affectées.
Un plissement affecte les couches après leur dépôt, ce qui permet de situer l’épisode de déformation.
Une érosion marque une période de disparition partielle de couches, créant des lacunes dans l’enregistrement géologique.
Ces indices permettent d’enchaîner les événements : dépôt → déformation → érosion → nouveau dépôt.
À retenir
Les failles, plis et discordances indiquent des épisodes successifs d’évolution géologique.
Une structure est toujours plus récente que ce qu’elle affecte.
La subsidence correspond à un affaissement progressif favorisant la sédimentation.
Exemples d’interprétations chronologiques
Les géologues établissent des enchaînements d’événements en croisant les observations sur les strates, les fossiles et les structures.
Exemples :
Des couches sédimentaires contenant des ammonites sont recouvertes par une coulée volcanique.
Une faille recoupe la coulée et les couches.
Une nouvelle couche horizontale se dépose ensuite.
On peut ainsi reconstituer la succession suivante :
Dépôt sédimentaire (avec ammonites).
Éruption volcanique.
Mise en place de la faille.
Dépôt de la dernière couche.
Ces raisonnements sont utilisés dans la cartographie géologique, l’analyse de coupes ou l’interprétation de forages, pour établir une chronologie relative cohérente.
À retenir
Une chronologie relative combine plusieurs types d’observations (strates, fossiles, structures).
Chaque indice apporte une pièce à l’histoire géologique locale.
L’objectif est de reconstituer l’ordre des événements même sans date absolue.
Conclusion
La chronologie relative repose sur l’observation rigoureuse des strates, fossiles et structures géologiques pour établir une succession d’événements. En appliquant les principes fondamentaux de superposition, recoupement, inclusion et continuité latérale, les géologues peuvent reconstruire l’histoire d’une région, même sans dater précisément les événements. Cette méthode est une étape indispensable dans l’analyse géologique, qui permet de situer les grands bouleversements de la Terre dans leur ordre chronologique.
