Manque de qualification et chômage : un lien essentiel

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Dans cette leçon, tu vas comprendre pourquoi le manque de qualification augmente le risque de chômage. Tu verras comment les transformations économiques renforcent la demande de travailleurs qualifiés et comment la formation — initiale ou continue — permet d’améliorer l’employabilité et de réduire les inégalités face à l’emploi. Mots-clés : chômage, qualification, formation, emploi, capital humain, marché du travail.

Introduction

Dans une économie en transformation rapide, les entreprises recherchent des salariés capables de s’adapter, de maîtriser les outils numériques et d’acquérir de nouvelles compétences techniques. Pourtant, de nombreux jeunes et adultes se retrouvent sans emploi faute de formation suffisante. En France, le taux de chômage des personnes sans diplôme est environ trois fois plus élevé que celui des diplômés du supérieur.

Ce constat montre que le manque de qualification freine fortement l’accès à l’emploi. Mais le chômage ne dépend pas seulement du diplôme : il résulte aussi du fonctionnement du marché du travail, c’est-à-dire de la rencontre entre l’offre de travail (les personnes qui souhaitent travailler) et la demande de travail (les entreprises qui recrutent).

Comment le manque de qualification peut-il expliquer une partie du chômage ? Et en quoi la formation permet-elle de favoriser l’insertion professionnelle ?

Le manque de qualification : un facteur du chômage structurel

Une qualification désigne l’ensemble des connaissances, compétences et expériences qu’une personne possède pour exercer un métier. Elle s’acquiert par les études, la formation ou l’expérience professionnelle. Lorsqu’un individu ne dispose pas des compétences attendues par les entreprises, il rencontre des difficultés à être recruté : c’est ce qu’on appelle le chômage structurel.

Le chômage structurel est un chômage durable, lié à une inadéquation entre les compétences disponibles et celles demandées par les employeurs. Par exemple, un travailleur sans formation dans le numérique aura du mal à être embauché dans un secteur où ces compétences sont essentielles. Il se distingue du chômage conjoncturel, provoqué par une baisse temporaire de l’activité économique (crise, récession), et du chômage frictionnel, qui correspond au temps de transition entre deux emplois (par exemple lorsqu’une personne démissionne pour en chercher un autre). Il faut aussi distinguer le chômage classique, lié au coût du travail : lorsque les salaires sont jugés trop élevés, les entreprises embauchent moins.

Sur le marché du travail, l’emploi dépend de la rencontre entre offre et demande de travail. Quand les entreprises recherchent des salariés qualifiés mais que peu de travailleurs possèdent ces compétences, des postes restent vacants, tandis que les personnes peu qualifiées restent au chômage. Ce déséquilibre explique pourquoi, selon l’Insee (2023), le taux de chômage des personnes sans diplôme est d’environ 15 %, contre 5 % pour les diplômés du supérieur.

Cette situation renvoie au concept de capital humain, développé par l’économiste Gary Becker (1930-2014). Le capital humain désigne l’ensemble des savoirs, compétences et expériences qui rendent un individu plus productif dans son travail. Plus une personne a investi dans son capital humain (par la formation ou l’expérience), plus elle a de chances d’être employée et bien rémunérée.

À retenir

Le chômage structurel résulte d’un décalage durable entre les compétences des travailleurs et les besoins des entreprises. Les personnes peu qualifiées, disposant d’un faible capital humain, sont plus exposées à ce type de chômage.

Les mutations économiques : une demande croissante de qualifications

Depuis plusieurs décennies, les économies développées connaissent une transformation profonde du travail. Les emplois peu qualifiés, souvent manuels et répétitifs, ont diminué à cause de la robotisation, de la numérisation et des délocalisations. En revanche, les emplois qualifiés, demandant une expertise technique ou intellectuelle, se multiplient dans les secteurs du numérique, de la santé, de la recherche ou de la transition écologique.

Cette évolution crée une polarisation de l’emploi : d’un côté, des emplois très qualifiés, bien rémunérés et stables, de l’autre, des emplois peu qualifiés, précaires et faiblement payés.

Les personnes sans diplôme se trouvent souvent cantonnées dans ces emplois précaires ou exclues du marché du travail. Par exemple, un ouvrier non qualifié dans une usine automatisée risque davantage le chômage qu’un technicien formé à la maintenance de robots.

La qualification devient ainsi une condition essentielle de l’employabilité, c’est-à-dire la capacité d’un individu à trouver, garder et évoluer dans un emploi.

À retenir

La transformation du travail renforce la demande de salariés qualifiés. Les personnes sans formation risquent davantage le chômage ou la précarité.

La formation : un outil central pour améliorer l’emploi

La formation constitue le principal levier pour renforcer le capital humain et réduire le chômage structurel. Elle existe sous deux formes principales : la formation initiale, suivie avant l’entrée sur le marché du travail, et la formation continue, accessible tout au long de la vie.

La formation initiale, dispensée à l’école, au lycée ou à l’université, permet d’acquérir les connaissances de base et les compétences professionnelles nécessaires pour exercer un métier. Par exemple, un élève d’un lycée professionnel peut exercer rapidement une activité grâce à un CAP ou un baccalauréat professionnel, tandis qu’un étudiant du supérieur accède à des métiers plus techniques ou de gestion.

La formation continue s’adresse aux adultes, qu’ils soient salariés ou demandeurs d’emploi. Elle leur permet d’actualiser leurs compétences ou de se reconvertir dans des secteurs qui recrutent. Par exemple, un employé administratif peut se former au marketing digital, ou un travailleur en reconversion peut suivre une formation dans le secteur du bâtiment ou de la santé.

La mise en œuvre de ces politiques de formation repose sur une coopération entre l’État, les régions et les entreprises :

  • L’État fixe les grandes orientations nationales et finance une partie des dispositifs.

  • Les régions organisent et financent les formations sur leur territoire en lien avec les besoins économiques locaux.

  • Les entreprises participent au financement de la formation professionnelle par des cotisations et peuvent former leurs salariés en interne.

Des dispositifs comme le Compte personnel de formation (CPF) ou le Plan d’investissement dans les compétences (PIC) permettent ainsi à chacun d’investir dans ses compétences.

À retenir

La formation initiale prépare à l’entrée dans la vie active, tandis que la formation continue aide à s’adapter aux évolutions des métiers. Leur financement repose sur un partenariat entre l’État, les régions et les entreprises.

Qualification, insertion et segmentation du marché du travail

Le marché du travail est souvent décrit comme segmenté : il existe deux grands segments appelés marché primaire et marché secondaire. Le marché primaire regroupe les emplois stables, bien rémunérés et offrant des perspectives d’évolution — généralement occupés par des salariés qualifiés. Le marché secondaire, au contraire, rassemble des emplois précaires, faiblement rémunérés et peu protégés, souvent accessibles aux personnes peu qualifiées.

Cette segmentation explique pourquoi tous les travailleurs ne connaissent pas les mêmes conditions d’emploi, même en période de croissance économique. Les personnes faiblement qualifiées se concentrent dans le marché secondaire, où les risques de chômage sont plus élevés.

De plus, le salaire dépend aussi de la rareté des compétences : lorsqu’un métier nécessite des savoirs rares ou techniques, la demande de travail est forte, ce qui fait monter les rémunérations. À l’inverse, lorsque les compétences sont courantes, la concurrence entre travailleurs fait pression à la baisse sur les salaires.

À retenir

Le marché du travail est segmenté entre un secteur primaire, stable et qualifié, et un secteur secondaire, précaire et peu qualifié. La formation permet d’accéder au premier et d’éviter le chômage du second.

Conclusion

Le manque de qualification est l’une des principales causes du chômage structurel. Les transformations technologiques et économiques ont accru la demande de travailleurs qualifiés, laissant de côté ceux qui n’ont pas les compétences nécessaires. Mais le chômage ne se limite pas à cette seule explication : il peut aussi être conjoncturel (lié à une baisse temporaire de l’activité), frictionnel (lié au temps de recherche d’emploi) ou classique (lié au coût du travail).

Face à ces différents défis, la formation initiale et la formation continue, soutenues par l’État, les régions et les entreprises, sont des outils essentiels pour adapter le capital humain aux besoins du marché du travail. Investir dans la formation, c’est donc investir dans l’emploi, la compétitivité et la cohésion sociale.