Introduction
En France comme dans la plupart des pays développés, le salaire moyen augmente généralement avec le niveau de diplôme. En d’autres termes, plus on étudie, plus on a de chances d’obtenir une rémunération élevée. Ce lien repose sur une idée simple : les études permettent d’acquérir des compétences et des connaissances qui rendent le travailleur plus efficace et donc plus utile à son entreprise.
Mais le salaire dépend aussi d’autres éléments : le fonctionnement du marché du travail, la rareté des compétences, le type d’entreprise, l’expérience acquise ou encore le genre.
Comment expliquer que le diplôme influence le salaire, et pourquoi ce lien varie-t-il selon les situations ?
Le diplôme : un indicateur de productivité et de capital humain
Le salaire est d’abord lié à la productivité du travail, c’est-à-dire à la quantité et à la qualité de ce qu’un salarié produit pendant un certain temps. En économie, on parle de productivité marginale : chaque travailleur est rémunéré en fonction de la contribution qu’il apporte à la production totale de l’entreprise.
Les études augmentent cette productivité, car elles permettent d’acquérir des savoirs, des méthodes de travail et des savoir-faire. Le diplôme devient alors une mesure du capital humain, c’est-à-dire l’ensemble des compétences et connaissances qui rendent un individu plus productif.
Les entreprises rémunèrent davantage les salariés qui créent plus de valeur ajoutée, c’est-à-dire la richesse produite par l’entreprise (production totale moins les consommations intermédiaires). Un ingénieur ou un médecin, par exemple, contribue davantage à la valeur ajoutée qu’un travailleur peu qualifié, car ses compétences sont plus rares et son travail plus complexe.
Selon l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), en 2022, une personne diplômée du supérieur en France gagnait en moyenne 40 % de plus qu’une personne sans diplôme. Ce chiffre illustre la rentabilité économique des études, même si elle dépend du domaine de formation. Un diplômé d’école d’ingénieur ou de commerce obtient souvent un salaire plus élevé qu’un diplômé en lettres ou en arts, car les besoins du marché du travail ne sont pas les mêmes.
À retenir
Le diplôme reflète la productivité et le capital humain d’un individu. Les plus qualifiés créent davantage de valeur ajoutée et sont donc mieux rémunérés.
Le rôle du marché du travail : offre, demande et rareté des compétences
Le salaire ne dépend pas uniquement du diplôme, mais aussi du marché du travail, c’est-à-dire de la rencontre entre l’offre de travail (les personnes qui cherchent un emploi) et la demande de travail (les entreprises qui recrutent). Lorsque les compétences sont rares et très demandées, les salaires augmentent : c’est le cas des métiers du numérique, de la santé ou de l’ingénierie. À l’inverse, quand il y a beaucoup de candidats pour un même type de poste, les salaires stagnent ou diminuent.
Exemple : un technicien en cybersécurité est aujourd’hui mieux payé qu’un technicien comptable, car ses compétences sont rares et recherchées. Ainsi, les différences de rémunération reflètent aussi la loi de l’offre et de la demande : les entreprises doivent proposer des salaires attractifs pour attirer les profils dont elles ont le plus besoin.
À retenir
Le marché du travail influence les salaires. Plus une compétence est rare et demandée, plus elle est valorisée.
L’expérience professionnelle : un facteur de progression salariale
Si le diplôme compte au début de la carrière, l’expérience devient ensuite un facteur essentiel d’évolution salariale. Avec le temps, les salariés apprennent à mieux maîtriser leur poste, développent des savoir-faire pratiques et assument plus de responsabilités. Leur productivité augmente, et leur salaire progresse en conséquence.
En 2023, selon l’Insee, un salarié de plus de 50 ans gagne en moyenne 1,5 fois plus qu’un salarié de moins de 30 ans, toutes qualifications confondues. Cette progression traduit la valorisation de l’expérience, mais aussi les promotions et les primes d’ancienneté. Cependant, tous les emplois ne récompensent pas l’expérience de la même façon : dans les métiers qualifiés, elle est souvent bien rémunérée ; dans les emplois peu qualifiés, les hausses de salaire restent limitées.
À retenir
L’expérience renforce les compétences et la productivité du salarié, ce qui favorise la progression salariale.
Le type d’entreprise, le secteur d’activité et la segmentation du marché du travail
Le niveau de salaire dépend aussi du type d’entreprise et du secteur d’activité. Les grandes entreprises paient en général mieux que les petites, car elles disposent de plus de moyens financiers et cherchent à fidéliser leurs employés. De même, les secteurs à forte valeur ajoutée (finance, industrie, énergie, technologies) offrent des rémunérations plus élevées que ceux où les marges sont faibles (commerce, hôtellerie, aide à la personne).
Le marché du travail est également segmenté : il existe un secteur primaire, constitué d’emplois stables, bien rémunérés et offrant des perspectives de carrière, et un secteur secondaire, regroupant des emplois plus précaires, moins bien payés et souvent occupés par des travailleurs peu qualifiés.
Cette distinction explique pourquoi un même diplôme ne garantit pas partout les mêmes avantages : un technicien supérieur dans une grande entreprise industrielle appartient au marché primaire, tandis qu’un autre, dans une petite structure de services, peut relever du marché secondaire.
À retenir
Le marché du travail est segmenté : certains emplois offrent des salaires élevés et des carrières stables, d’autres sont précaires et faiblement rémunérés.
Le genre : des inégalités persistantes et le plafond de verre
Malgré les progrès réalisés, les femmes continuent, en moyenne, de gagner moins que les hommes. Selon l’Insee (2023), l’écart de salaire entre les femmes et les hommes reste d’environ 15 %, même à poste équivalent. Plusieurs causes expliquent cet écart : les femmes travaillent plus souvent à temps partiel, occupent davantage d’emplois dans les secteurs moins rémunérateurs (enseignement, santé, services à la personne) et accèdent moins fréquemment aux postes à responsabilité.
Ces difficultés sont renforcées par ce que l’on appelle le plafond de verre, c’est-à-dire l’ensemble des obstacles invisibles (préjugés, manque de réseaux, discriminations) qui limitent l’accès des femmes aux plus hauts niveaux de carrière. Des politiques publiques cherchent à réduire ces écarts, comme la loi sur l’égalité professionnelle et les obligations de transparence salariale imposées aux entreprises.
À retenir
Les femmes gagnent encore moins que les hommes à diplôme égal, notamment à cause du plafond de verre, qui freine leur progression dans les carrières les plus rémunératrices.
Une combinaison de facteurs
Le niveau de diplôme reste un élément essentiel pour expliquer les différences de salaire, mais il n’est pas le seul. La rémunération dépend aussi de la rareté des compétences, de l’expérience professionnelle, du type d’entreprise, du secteur d’activité et des inégalités sociales. Ainsi, un diplôme augmente les chances de bien gagner sa vie, mais son effet dépend du contexte économique et du fonctionnement du marché du travail.
À retenir
Le salaire dépend à la fois du niveau de diplôme, de la productivité et du marché du travail. Les inégalités de genre, d’expérience ou de secteur expliquent aussi les écarts de rémunération.
Conclusion
Le niveau de formation influence largement le niveau de salaire, car il détermine les compétences et la productivité des travailleurs. Les plus qualifiés, en créant davantage de valeur ajoutée, sont en général mieux rémunérés. Mais ce lien s’inscrit dans un cadre plus large : le marché du travail, l’offre et la demande de compétences, l’expérience acquise, la taille de l’entreprise et les inégalités de genre modifient aussi les salaires.
Comprendre ces différents facteurs permet d’expliquer pourquoi, malgré le rôle essentiel des diplômes, le revenu des travailleurs reste marqué par d’importantes différences sociales et économiques.
