Projections climatiques pour le XXIᵉ siècle

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Dans cette leçon, tu vas explorer les projections climatiques du XXIᵉ siècle établies par le GIEC. Tu comprendras comment nos choix de société influencent directement le niveau de réchauffement futur et les risques associés pour les écosystèmes et les sociétés humaines. Mots-clés : projections climatiques, scénarios GIEC, réchauffement global, forçage radiatif, SSP, changement climatique.

Introduction

Depuis plusieurs décennies, les scientifiques s’efforcent de prévoir l’évolution du climat à l’échelle planétaire. Grâce aux progrès des connaissances et à la puissance des outils de simulation, il est désormais possible de proposer des projections climatiques pour le XXIe siècle. Ces projections, élaborées dans le cadre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), permettent d’évaluer les conséquences de différents choix de société sur l’évolution future du climat.

Elles ne sont pas des prédictions fixes, mais des trajectoires conditionnelles : elles simulent ce que deviendrait le climat en fonction des émissions futures de gaz à effet de serre. Ces outils sont essentiels pour anticiper les risques, éclairer les politiques climatiques et préparer l’adaptation des sociétés aux changements en cours.

Le principe des projections climatiques

Les projections climatiques s’appuient sur des modèles numériques simulant les interactions entre l’atmosphère, les océans, les glaces, les sols et la biosphère, à partir des lois fondamentales de la physique. Ces modèles intègrent également les forçages climatiques, c’est-à-dire les facteurs qui modifient l’équilibre énergétique de la Terre.

Le forçage radiatif est défini comme la variation nette de l’énergie reçue par le système climatique (en watts par mètre carré) par rapport à une situation de référence. Une valeur positive signifie un gain d’énergie conduisant à un réchauffement, tandis qu’une valeur négative indique un refroidissement. L’augmentation du forçage radiatif résulte principalement de l'accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

Pour explorer les futurs possibles, les climatologues ont construit des scénarios combinés : ils associent depuis 2014 des trajectoires socio-économiques partagées (SSP) à des niveaux de forçage radiatif (RCP). Ces combinaisons permettent de simuler les effets de différents choix de développement sur l’évolution du climat mondial.

À retenir

  • Les projections climatiques simulent le climat futur selon des scénarios conditionnels.

  • Le forçage radiatif mesure le déséquilibre énergétique du système Terre dû aux gaz à effet de serre.

  • Les scénarios actuels combinent une trajectoire socio-économique (SSP) et un niveau de forçage (RCP).

Quatre trajectoires contrastées pour le XXIe siècle

Le GIEC utilise plusieurs combinaisons SSP–RCP pour simuler l’évolution du climat d’ici 2100. Parmi elles, quatre trajectoires représentatives illustrent différents niveaux d’ambition climatique :

  • SSP1–1.9 / SSP1–2.6 : monde tourné vers la durabilité, réduction rapide des émissions, forçage limité à 1,9 ou 2,6 W/m² ;

  • SSP2–4.5 : trajectoire intermédiaire, stabilisation des émissions, forçage modéré à 4,5 W/m² ;

  • SSP3–7.0 : société fragmentée, développement inégal, forçage élevé à 7,0 W/m² ;

  • SSP5–8.5 : forte croissance économique basée sur les énergies fossiles, forçage très élevé à 8,5 W/m².

Ces trajectoires conduisent, selon les modèles climatiques, à une augmentation moyenne de la température mondiale d’ici 2100, par rapport à la période 1850–1900, de :

  • environ +1,6 °C pour SSP1–2.6 ;

  • environ +2,7 °C pour SSP2–4.5 ;

  • environ +3,6 °C pour SSP3–7.0 ;

  • environ +4,4 °C pour SSP5–8.5.

Ces chiffres sont des ordres de grandeur estimés, et non des valeurs fixes, mais la tendance générale est claire : plus les émissions sont élevées, plus le réchauffement est fort.

À retenir

  • Chaque scénario SSP–RCP combine un mode de développement et un niveau de forçage.

  • Le réchauffement d’ici 2100 pourrait varier entre +1,6 °C et +4,4 °C selon les choix faits au XXIᵉ siècle.

  • Les trajectoires différenciées traduisent l’impact direct des activités humaines sur le climat.

Les impacts attendus du réchauffement

L’intensité du réchauffement global conditionne l’ampleur des perturbations climatiques et de leurs effets sur les écosystèmes et les sociétés humaines. Parmi les effets anticipés :

  • Élévation du niveau des mers : jusqu’à un mètre ou plus à long terme dans les scénarios les plus pessimistes, en particulier si des points de bascule sont franchis (effondrement partiel des calottes du Groenland ou de l’Antarctique). D’ici 2100, l’élévation moyenne est estimée entre 30 et 80 cm selon les scénarios.

  • Événements météorologiques extrêmes : intensification des vagues de chaleur, des sécheresses, des précipitations intenses, avec des conséquences sur l’agriculture, l’eau et la santé.

  • Acidification des océans, combinée à la hausse des températures, provoquant le blanchissement des coraux et affectant les chaînes alimentaires marines.

  • Rétrécissement ou déplacement d’habitats pour de nombreuses espèces, conduisant à des pertes de biodiversité.

  • Augmentation des migrations climatiques, liée à la perte d’habitabilité de certaines régions.

Ces impacts seront plus sévères et moins maîtrisables au-delà de +2 °C de réchauffement.

À retenir

  • Le réchauffement global intensifie les phénomènes extrêmes, menace les écosystèmes et accentue les inégalités.

  • Une élévation du niveau des mers jusqu’à un mètre est envisageable à long terme selon les scénarios extrêmes.

  • Les effets les plus marqués toucheraient les zones littorales, arides et les petits États insulaires.

La question des incertitudes

Les projections climatiques comportent des incertitudes inévitables, liées à plusieurs facteurs :

  • les émissions futures réelles, inconnues car dépendantes des politiques à venir.

  • la sensibilité du climat, c’est-à-dire la réponse de la température à une augmentation du CO₂, encore sujette à débats.

  • les paramètres internes des modèles, qui simplifient certains processus physiques complexes (formation des nuages, courants océaniques, etc.).

Malgré cela, les grandes tendances (réchauffement global, montée du niveau des mers, intensification des extrêmes) sont considérées comme très robustes, car elles sont retrouvées dans de nombreux modèles indépendants et confirmées par des observations passées.

À retenir

  • Les projections ne sont pas des prédictions, mais des explorations de futurs plausibles selon nos choix.

  • Des incertitudes subsistent, mais les grandes tendances sont solidement établies.

  • La cohérence entre les modèles et les observations renforce la crédibilité scientifique des projections.

Conclusion

Les projections climatiques pour le XXIe siècle montrent que l’ampleur du réchauffement à venir dépend directement des décisions humaines prises dès aujourd’hui. En combinant trajectoires socio-économiques et niveaux de forçage, les scénarios du GIEC permettent de visualiser les conséquences possibles de nos actions – ou de notre inaction.

Limiter le réchauffement à un niveau soutenable, proche de +1,5 °C, reste encore possible, mais exige des transformations profondes dans les modes de production, de consommation et d’organisation des sociétés. Ces projections sont donc des outils essentiels pour penser l’avenir, éclairer les décisions et agir avec lucidité.