I. Produit ionique de l'eau
1. pH de l'eau
La notion de pH a été vue dans la fiche suivante :
Modélisation des transformations acide/base
A 25°C, l'eau pure a un pH=7, elle contient donc des ions H3O+ en petite quantité :
[H3O+]=co⋅10−pH=10−7 mol⋅L−1
2. Autoprotolyse de l'eau
La présence d'ions H3O+ dans l'eau résulte de l'ionisation très partielle de l'eau : une molécule d'eau cède 1 proton H+ à une autre molécule d'eau et il se forme un ion oxonium (ou hydronium) H3O+ et un ion hydroxyde HO−.
L'équation-bilan de cette transformation est H2O+H2O=H3O++HO−.
Cette réaction est l'autoprotolyse de l'eau.
Ainsi, dans l'eau [H3O+]=[HO−].
3. Produit ionique de l'eau
a. Deˊfinition
Le produit ionique de l'eau est la constante d'équilibre Ke de l'autoprotolyse de l'eau, dont l'équation-bilan est la suivante : H2O+H2O=H3O++HO−.
Ainsi :
Ke=co 2[H3O+]eq×[HO−]eq
avec co=1,0 mol⋅L−1
b. Proprieˊteˊs
A 25oC, Ke=10−14.
[H3O+]eq et [HO−]eq sont les concentrations en quantité de matière (ou molaires) de H3O+ et HO− à l'équilibre, exprimés en mol⋅L−1.
Dans toutes les solutions aqueuses, Ke=co 2[H3O+]eq×[HO−]eq.
Ke est indépendante des substances dissoutes.
Ke dépend de la température : si θ augmente alors Ke augmente (par exemple : à 60oC, Ke=10−13).
c. Notion de pKe
On définit :
pKe=−log(Ke)⇔Ke=10−pKe
Ainsi, à 25oC, Ke=10−14⇔pKe=−log(10−14)=14.
II. Les trois sortes de solution aqueuses
1. Les solutions neutres
A l'équilibre, on a [H3O+]eq=[HO−]eq.
Or par définition du produit ionique de l'eau Ke=co 2[H3O+]eq×[HO−]eq
donc Ke=co 2[H3O+]eq2=(co[H3O+]eq)2
Soit log(Ke)=2log(co[H3O+]eq) (car log(ab)=b×log(a))
⇔−2log(co[H3O+]eq)=−log(Ke)
⇔2pH=pKe
⇔pH=2pKe
A 25oC, pH=214=7.
Exemple : solution de chlorure de sodium : NaCl(s)→Na(aq)++Cl(aq)−.
2. Les solutions acides
A l'équilibre, on a [H3O+]eq>[HO−]eq
⇔[H3O+]eq×[H3O+]eq>[HO−]eq×[H3O+]eq
⇔co 2[H3O+]eq2>co 2[HO−]eq×[H3O+]eq
⇔(co[H3O+]eq)2>Ke
Soit 2log(co[H3O+]eq)>log(Ke) (car log(ab)=b×log(a))
⇔−2log(co[H3O+]eq)<−log(Ke)
⇔2pH<pKe
⇔pH<2pKe
A 25oC, pH=214<7.
Exemples :
∘ Solution d'acide chlorhydrique : HCl(g)+H2O(l)→H3O(aq)++Cl(aq)− ;
∘ Solution d'acide éthanoïque : CH3−COOH(aq)+H2O=H3O(aq)++CH3−COO(aq)− ;
∘ Solution de chlorure d'ammonium : NH4Cl (s)→NH4+ (aq)+Cl− (aq) et NH4+ (aq)+H2O=H3O+ (aq)+NH3 (aq).
3. Les solutions basiques
A l'équilibre, on a [H3O+]eq<[HO−]eq
⇔[H3O+]eq×[H3O+]eq<[HO−]eq×[H3O+]eq
⇔co 2[H3O+]eq2<co 2[HO−]eq×[H3O+]eq
⇔(co[H3O+]eq)2<Ke
Soit 2log(co[H3O+]eq)<log(Ke) (car log(ab)=b×log(a))
⇔−2log(co[H3O+]eq)>−log(Ke)
⇔2pH>pKe
⇔pH>2pKe
A 25oC, pH=214>7.
Exemples :
∘ Solution d'hydroxyde de sodium (ou soude) : NaOH(s)→Na(aq)++HO(aq)− ;
∘ Solution d'éthanoate de sodium : CH3−CCNa(s)→CH3−COO(aq)−+Na(aq)+ et CH3−COO(aq)−+H2O=CH3−COOH(aq)+HO(aq)−.
III. Cas de la solution tampon
1. Définition
Une solution tampon est une solution aqueuse qui résiste aux variations de pH lorsqu'on lui ajoute de petites quantités d'acide ou de base.
Elle est généralement composée d'un mélange d'un acide faible et de sa base conjuguée (ou d'une base faible et de son acide conjugué).
2. Propriétés d'une solution tampon
a. Reˊsistance aux variations de pH
Les solutions tampon maintiennent un pH relativement stable malgré l'ajout de petites quantités d'acide ou de base.
Cela est dû à la présence simultanée d'un acide faible et de sa base conjuguée (ou d'une base faible et de son acide conjugué) qui peuvent neutraliser les ions H+ ou HO− ajoutés.
b. Capaciteˊ tampon
La capacité tampon d'une solution est sa capacité à résister aux variations de pH.
Elle dépend de la concentration des espèces tampons présentes. Plus les concentrations de l'acide et de sa base conjuguée sont élevées, plus la capacité tampon est grande.
c. pH d’une solution tampon:
Le pH d'une solution tampon peut être calculé à l'aide de l'équation de Henderson-Hasselbalch :
pH=pKa+log([Acide]eq[Base]eq)
où pKa est la constante de dissociation acide de l'acide faible, [Base] est la concentration en quantité de matière (ou molaire) de la base conjuguée et [Acide] est celle de l'acide faible.
Une solution tampon est la plus efficace lorsque les concentrations en quantité de matière de l'acide et de sa base conjuguée sont égales, c'est-à-dire lorsque [Base]=[Acide]. Dans ce cas, le pH de la solution est égal au pKa de l'acide (puisque log(1)=0).
3. Application : étalonnage d'un pH-mètre
a. Seˊlection des solutions tampon
On utilise généralement deux ou trois solutions tampon de pH connu pour étalonner un pH-mètre.
Les valeurs de pH typiques pour ces solutions sont 4,0, 7,0 et 10,0. Ces valeurs couvrent une large gamme de pH et permettent de vérifier la linéarité de la réponse de l'électrode.
L'utilisation de solutions tampon pour l'étalonnage d'un pH-mètre présente plusieurs avantages :
∘ Les solutions tampon maintiennent un pH stable, ce qui permet d'effectuer des mesures précises.
∘ Les solutions tampon sont faciles à préparer et à utiliser, ce qui simplifie le processus d'étalonnage.
b. Preˊparation de l’eˊlectrode
Avant l'étalonnage, il est important de rincer l'électrode avec de l'eau distillée pour éliminer toute contamination.
c. Mode opeˊratoire de l’eˊtalonnage
On plonge l'électrode dans la première solution tampon (par exemple, pH=7,0). On ajuste le pH-mètre pour qu'il affiche la valeur correcte du pH de cette solution.
On rince l'électrode avec de l'eau distillée, puis on la plonge dans la deuxième solution tampon (par exemple, pH=4,0). On ajuste la pente (ou le facteur de température) du pH-mètre pour qu'il affiche la valeur correcte du pH de cette solution.
Pour une précision encore plus grande, une troisième solution tampon (par exemple, pH=10,0) peut être utilisée. Cela permet de vérifier la linéarité de la réponse de l'électrode sur une gamme plus large de pH.
Remarque : après l'étalonnage, il est recommandé de vérifier la précision du pH-mètre en mesurant le pH d'une solution tampon supplémentaire ou d'une solution de pH connu.
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