Légende de la leçon
Vert : définitions
I. 1848 : l'affirmation des grands principes démocratiques et républicains
Le renversement de la monarchie de Juillet, en février 1848, intervient dans un contexte européen de conquête des libertés. En quelques jours, le régime monarchique de Louis-Philippe est renversé. Le « Printemps des peuples », nom donné à cette période révolutionnaire de 1848, débouche en France sur la naissance de la IIe République (la première datait de 1792).
À savoir
La monarchie de Juillet est le nom du régime politique de la France de juillet 1830 à février 1848.
Dans l’enthousiasme général, le gouvernement, composé de républicains convaincus et de socialistes, instaure le suffrage universel (tout en le refusant aux femmes). Il crée en parallèle des ateliers nationaux pour fournir du travail aux chômeurs victimes de la crise économique. La République semble donc revendiquer une dimension démocratique et sociale en faveur des populations les plus modestes.
En 1848, 9 millions d’électeurs disposent désormais du droit de vote (contre 200 000 auparavant). Les idéaux de la Révolution de 1789, tels que la fraternité, guident l’action politique. Le 27 avril 1848, grâce aux efforts de Victor Schœlcher, l’esclavage est aboli. 260 000 personnes bénéficient de cette mesure. La liberté de la presse est rétablie. La peine de mort pour raison politique est supprimée. Le souvenir de la Révolution guide donc l’action des républicains au pouvoir. Cependant, cet unanimisme républicain ne dure pas.
Définition
Ateliers nationaux. Organisation par l’État du 27 février au 21 juin 1848 d’ateliers censés faire travailler sur des chantiers les ouvriers parisiens victimes du chômage. Cette expérience sociale se solde par un échec.
II. Une République mise en cause : la rupture de juin 1848 et l'échec de 1851-1852
La victoire des républicains modérés aux élections d’avril 1848 met un terme au climat libéral et social des premiers mois. Les députés décident la fermeture des ateliers nationaux considérés comme des foyers de propagation des idées socialistes. Du 20 au 23 juin 1848, l’insurrection ouvrière qui s’ensuit est très durement réprimée. Le bilan se solde par la mort d’environ 20 000 personnes. Le régime républicain entre dans un conservatisme anti-ouvrier. La question sociale n’est plus une priorité. En décembre 1848, Louis Napoléon Bonaparte (neveu de Napoléon Ier) est élu président de la République. Le parti de l’Ordre l’emporte. Il limite la liberté d’expression et allonge d’une heure la durée quotidienne de travail.
En mai 1850, une réforme exclut du droit de vote 3 millions d’ouvriers. Dirigé par Louis Napoléon Bonaparte, le régime est aux mains des monarchistes. Se retrouvant dans l’impossibilité légale de se présenter une seconde fois au poste de président, Louis Napoléon Bonaparte entreprend un coup d’État le 2 décembre 1851 et met donc fin par la force à la IIe République. En novembre 1852, il fait approuver lors d’un vote plébiscitaire le rétablissement de l’empire fondé sur une constitution proche de celle que son oncle Napoléon institua en 1799. Il devient Napoléon III, empereur des Français, le 2 décembre 1852.
Définitions
Question sociale. Expression qui désigne l’ensemble des interrogations portées sur les changements qui touchent le monde du travail, l’économie tout entière et en particulier la classe ouvrière dans une période d’accélération de l’industrialisation en France au XIXe siècle.
Républicains. Défenseurs de la disparition de la monarchie au profit d’un régime démocratique qui garantit les libertés fondamentales.
Socialisme. Idéologie opposée aux inégalités sociales nées du capitalisme et de la propriété privée. Le socialisme rêve d’une société idéale marquée par l’égalité et le partage.
III. Une France du Second Empire en pleine transformation économique et sociale
Le Second Empire de Napoléon III limite sévèrement la liberté d’expression mais finit par se libéraliser quelque peu, devenant une monarchie parlementaire. Du temps de ce régime, la France se modernise à une vitesse accélérée.
Une véritable mutation économique et sociale transforme le pays. La révolution industrielle se confirme et fait sortir la France de la crise. Le libre-échange choisi par Napoléon III aide à maintenir un niveau de croissance économique satisfaisant. Les réseaux de transport comme celui du chemin de fer se densifient et aident à la circulation des hommes et des marchandises. Le télégraphe relie les grandes villes et accélère les flux d’informations. Les façades maritimes en plein développement (création du port de Saint-Nazaire) aident le pays à mieux intégrer la mondialisation en cours. Le système bancaire et financier se développe dans un cadre capitaliste où l’État investisseur mène une politique volontariste. L’essor d’une bourgeoisie pousse à la consommation des nouveaux biens vendus dans les grands magasins, comme la Samaritaine à Paris.
Paris devient la vitrine des grands changements qui bouleversent la vie des Français. La capitale accueille des événements mondiaux tels que les expositions universelles de 1855 et de 1867. Le baron Haussmann, préfet de la Seine, fait de Paris un modèle d’urbanisme (appelé hausmannisation). Les grands boulevards, les égouts et les adductions d’eau, les parcs, les façades d’immeubles, les gares, les nouvelles places publiques mais aussi les nouveaux ponts font sortir Paris de son passé médiéval. La ville se modernise à toute allure et adopte une nouvelle ossature grâce à des percées et trouées qui aèrent son tissu urbain. Ce réaménagement spectaculaire s’étend à beaucoup de villes françaises.
Tous les Français ne profitent cependant pas de cette marche vers le progrès. Les campagnes tardent à se moderniser. Elles demeurent le conservatoire de nombreux archaïsmes. Le pouvoir limite à des œuvres de charité sa politique sociale envers les plus démunis. Victor Duruy, ministre de l’instruction publique de 1863 à 1869, rencontre beaucoup de difficultés à appliquer sa réforme scolaire au profit du plus grand nombre. Le développement économique français se trouve dépassé par celui de l’Angleterre, des États-Unis et de l’Allemagne.
Rue de Paris, temps de pluie, Gustave Caillebotte, 1877
IV. La chute du Second Empire et l'unification allemande : l'« Année terrible » 1870-1871
De juillet 1870 à juin 1871, la France traverse l’une de ses pires épreuves. Le chancelier Bismarck parvient à trouver un prétexte diplomatique pour que Napoléon III déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870. En six semaines, la France perd de nombreuses batailles. Le 2 septembre 1870, retranché à Sedan, Napoléon III se rend. Cette défaite militaire sans appel aboutit le 4 septembre 1870 à la proclamation de la IIIe République à Paris. Le Second Empire s’effondre brutalement.
Léon Gambetta, ministre de l’Intérieur dans le nouveau gouvernement de la Défense nationale, veut poursuivre la guerre contre la Prusse. Paris subit cinq mois de siège et finit par capituler. Le 18 janvier 1871, les Prussiens proclament la naissance de l’Empire d’Allemagne (Reich) dans la galerie des glaces du château de Versailles. L’Allemagne est désormais un pays unifié sous l’autorité de l’empereur Guillaume Ier.
Le 18 mars 1871, une insurrection éclate à Paris dans le quartier de Montmartre. Après des mois de siège, les classes populaires parisiennes ne souhaitent pas être désarmées. La Commune de Paris s’oppose au gouvernement français installé à Versailles et impose une autogestion d’inspiration communiste. Durant un peu plus de deux mois, les Communards élaborent un système politique, économique, social et culturel autonome en faveur des milieux populaires. Cette expérience prend fin dramatiquement lors de la « Semaine sanglante » du 21 au 28 mai 1871. La répression militaire engendre la mort d’au moins 10 000 personnes. Cet épisode de guerre civile clôt l’« Année terrible » selon Victor Hugo.
La colonne Vendôme a été édifiée par Napoléon Ier en 1810 pour célébrer sa victoire d’Austerlitz. Elle fut détruite en 1871 par les Communards qui y voyaient un symbole d’oppression (on repère une barricade à l’entrée de la place)
Portait de Napléon III en uniforme de général de brigade dans son cabinet des Tuileries en 1862, Jean-Hippolyte Flandrin