Introduction
Au XVIIᵉ siècle, sous le règne de Louis XIV, le théâtre devient un art prestigieux, étroitement lié aux exigences du classicisme, qui valorise la clarté, la mesure et l’harmonie. Les dramaturges – Corneille, Racine, Molière – cherchent à créer des pièces cohérentes, crédibles et élégantes. Pour cela, ils s’appuient sur un ensemble de règles destinées à organiser l’action et à guider la réception du public. Ces règles ne sont pas de simples contraintes : elles permettent de rendre l’histoire plus lisible, les émotions plus fortes et l’effet théâtral plus maîtrisé.
Quelles sont ces grandes règles qui structurent la tragédie et la comédie classiques, et comment participent-elles à l’efficacité dramatique ?
La règle des trois unités : concentrer l’action
Unité d’action
La pièce doit présenter un seul conflit principal, sans intrigues secondaires.
Dans Phèdre, tout tourne autour de l’amour impossible de l’héroïne pour Hippolyte. Dans Le Cid, l’enjeu essentiel est le choix entre amour et honneur.
Cette concentration renforce l’intensité dramatique.
Unité de temps
L’intrigue doit se dérouler en une seule journée, ou dans un laps de temps très court.
Cela renforce le réalisme : il devient plus facile pour le spectateur de croire à la suite immédiate des événements.
Unité de lieu
Toute l’action doit se dérouler dans un même espace : palais, maison, ville.
Dans Bérénice de Racine, tout se passe dans le palais impérial.
Cette unité évite les déplacements irréalistes ou compliqués.
À retenir
Les trois unités (action, temps, lieu) concentrent l’intrigue pour la rendre plus claire, plus crédible et plus intense.
La vraisemblance et la bienséance : respecter le public
La vraisemblance
Le spectateur doit pouvoir croire à ce qu’il voit.
Les dramaturges évitent donc :
les retournements trop improbables ;
les événements impossibles sur scène (batailles, monstres, apparitions merveilleuses) ;
les émotions exagérées.
La vraisemblance ne signifie pas que tout est vrai, mais que tout semble possible dans le cadre de l’histoire.
La bienséance
Rien ne doit choquer le public : ni violence excessive, ni vulgarité, ni scènes jugées immorales.
Ainsi :
les morts ont lieu hors scène (la mort d’Hippolyte dans Phèdre) ;
les scènes trop violentes ou trop intimes ne sont que racontées.
La bienséance protège l’honneur des personnages et du public.
À retenir
La vraisemblance rend l’histoire crédible ; la bienséance garantit un spectacle digne, sans violence ni vulgarité visibles.
La structure en cinq actes et l’usage du vers
Une construction en cinq actes
La plupart des pièces classiques adoptent une structure en cinq actes :
exposition ;
montée du conflit ;
retournement ;
complications ;
dénouement.
Cette construction offre une progression logique qui facilite la compréhension.
L’alexandrin
Dans la tragédie, on utilise très souvent l’alexandrin, vers de douze syllabes.
Son rythme régulier donne à la langue une solennité et une harmonie qui conviennent aux grandes passions tragiques.
Exemple célèbre chez Racine :
« Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue. »
Le vers contribue donc à la beauté et au rythme de la pièce.
À retenir
Les pièces classiques suivent souvent une structure en cinq actes et utilisent l’alexandrin, qui donne au texte sa cadence et sa noblesse.
Conclusion
Le théâtre classique repose sur un ensemble de règles destinées à créer des œuvres claires, crédibles et harmonieuses : les trois unités, la vraisemblance, la bienséance, la structure en cinq actes et l’usage fréquent de l’alexandrin.
Ces principes, loin de limiter les auteurs, leur permettent de composer des pièces parfaitement maîtrisées, où chaque scène contribue à l’intensité de l’intrigue. Grâce à ces règles, les œuvres de Corneille, Racine et Molière continuent d’être jouées : elles demeurent des modèles d’équilibre entre forme et émotion.
