La comédie du XVIIᵉ siècle au XXIᵉ siècle

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Dans cette leçon, tu vas découvrir comment la comédie va évoluer du XVIIᵉ au XXIᵉ siècle, depuis Molière jusqu’au théâtre contemporain. Tu vas comprendre comment les différentes formes comiques et leurs procédés — gestes, mots, situations, caractères — vont faire rire tout en révélant les travers humains et les tensions sociales. Tu sauras bientôt analyser ce double rôle du rire : divertir et faire réfléchir. Mots-clés : comédie, Molière, théâtre de l’absurde, vaudeville, procédés comiques, critique sociale

Introduction

Depuis le XVIIᵉ siècle, la comédie s’impose comme un genre essentiel du théâtre : elle divertit, fait rire, mais offre aussi une manière vive et accessible d’observer la société. À chaque époque, de nouvelles formes apparaissent, depuis la comédie classique de Molière jusqu’au théâtre contemporain, en passant par le vaudeville du XIXᵉ siècle ou l’absurde du XXᵉ. Malgré cette diversité, un point commun demeure : la comédie met en scène les travers humains, les contradictions sociales et les illusions du quotidien pour mieux les révéler. Comment ce genre, qui change sans cesse de visage, parvient-il à divertir tout en portant un regard critique sur la société ?

Les formes de la comédie, du XVIIᵉ au XXIᵉ siècle

La comédie classique du XVIIᵉ siècle constitue un socle fondateur. Avec Molière, le rire devient un outil pour pointer les excès et les défauts humains. Dans les comédies de caractère, un trait dominant – l’avarice, la jalousie, l'hypocrisie – gouverne tout un personnage et entraîne une série de situations comiques. Harpagon dans L’Avare ou Alceste dans Le Misanthrope en sont des exemples emblématiques. Molière observe également les comportements de son époque à travers des comédies de mœurs, où il questionne les modes, les manières et les illusions sociales, comme dans Les Précieuses ridicules. Enfin, la comédie d’intrigue, fondée sur les rebondissements, les déguisements et les quiproquos, donne au genre son dynamisme et son rythme.

Au XVIIIᵉ siècle, la comédie gagne en finesse psychologique et en réflexion sociale. Marivaux s’attache à représenter les hésitations des sentiments, les jeux de pouvoir dans les relations amoureuses et les nuances du langage, comme dans Le Jeu de l’amour et du hasard. À la veille de la Révolution, Beaumarchais utilise la comédie pour dénoncer les privilèges, l’injustice sociale et l’arbitraire, notamment dans Le Mariage de Figaro, où le rire devient un instrument critique redoutable.

Le XIXᵉ siècle marque l’âge d’or du vaudeville, un genre fondé sur un rythme très rapide, des portes qui claquent, des mensonges accumulés et des situations de plus en plus absurdes. Les intrigues de Labiche ou de Feydeau fonctionnent comme des mécaniques parfaitement huilées : un malentendu en entraîne un autre, et les personnages se retrouvent pris au piège de leurs propres mensonges. La comédie devient alors une célébration du mouvement, du rythme et de la fantaisie.

Au XXᵉ siècle, la comédie se transforme encore. Le théâtre de l’absurde, avec Ionesco ou Beckett, fait rire en montrant l’illogisme des conversations, la solitude ou l’incohérence des comportements humains. Le comique y révèle une vision plus sombre du monde : dans La Cantatrice chauve, les dialogues circulaires montrent l’impossibilité de communiquer. Parallèlement, d’autres dramaturges utilisent la comédie comme arme politique : Brecht détourne les codes comiques pour dénoncer les injustices, les pouvoirs abusifs ou les mécanismes d’aliénation.

La comédie contemporaine continue d’élargir ses frontières. Elle peut emprunter au stand-up, jouer avec la narration documentaire, interroger des sujets de société comme la famille, l’identité ou les fractures sociales, ou encore mêler humour et poésie, comme dans les mises en scène de Joël Pommerat. Le rire devient un moyen de parler directement au public, parfois dans une proximité nouvelle entre scène et salle.

À retenir

La comédie change avec les époques : classique et morale au XVIIᵉ siècle, subtile et sociale au XVIIIᵉ, mécanique et fantasque au XIXᵉ, absurde ou engagée au XXᵉ, hybride et inventive aujourd’hui.

Les procédés comiques : un rire pluriel

Le rire comique ne repose pas sur un mécanisme unique. Le théâtre exploite d’abord le comique de geste, l’un des plus anciens : poursuites, mimiques, chutes, jeux de scène. Dans le vaudeville, ce comique visuel devient presque acrobatique. Le comique de mots occupe aussi une place essentielle : insultes créatives chez Molière, jeux de langage chez Marivaux, répliques absurdes chez Ionesco. Le langage déraille, se dédouble ou s’enraille pour provoquer le rire.

Le comique de situation est incontournable : erreurs d’identité, coïncidences improbables, mensonges qui s'accumulent, personnages pris au piège de leurs propres actions. Ces situations, qu’on trouve autant chez Feydeau que chez Beaumarchais, créent des spirales comiques irrésistibles. Enfin, le comique de caractère reste l’un des ressorts les plus durables : un personnage dominé par un défaut poussé à l’extrême devient une source inépuisable de situations drôles mais révélatrices.

À retenir

Le théâtre combine plusieurs types de comique : gestes, mots, situations, caractères. Leur interaction produit un rire riche, qui varie selon les siècles.

Les fonctions de la comédie : un rire qui interroge

Si la comédie divertit, elle ne se contente jamais de faire rire. Depuis Molière, elle cherche aussi à corriger les défauts humains en les montrant dans leur excès. Harpagon, par exemple, met en scène l'obsession maladive de l’argent, renvoyant le spectateur à ses propres contradictions. La comédie sert également à critiquer la société : les privilèges aristocratiques chez Beaumarchais, les conventions absurdes du langage chez Ionesco, les illusions romantiques ou les hypocrisies sociales chez Marivaux.

La comédie offre aussi un espace où la parole se libère. Les personnages peuvent dire ce que l’on ne peut pas dire ailleurs, souvent grâce à l’ironie ou à l’exagération. Les valets de Molière, comme Scapin ou Dorine, remettent en cause l’autorité ; les personnages contemporains abordent, avec humour, des sujets sensibles comme la famille, la différence ou l’injustice.

Enfin, la comédie joue un rôle essentiel pour représenter les relations humaines dans toute leur complexité : quiproquos amoureux, jeux de pouvoir, illusions partagées, solitude moderne. Le rire n’efface pas les problèmes, mais il permet de les regarder autrement.

À retenir

La comédie divertit, critique, dénonce, libère la parole et révèle les contradictions humaines. Elle reste un miroir où chacun peut se reconnaître… et sourire de ses propres travers.

Conclusion

De Molière à Ionesco, de Marivaux à Pommerat, la comédie n’a cessé de se renouveler pour accompagner les transformations de la société. Elle peut être satirique, sensible, mécanique, absurde ou intimiste, mais elle conserve toujours une double vocation : faire rire et faire réfléchir. En montrant les passions, les excès ou les illusions humaines, elle permet au spectateur de prendre du recul. C’est cette capacité à allier le plaisir du rire et la lucidité critique qui explique la force durable de la comédie au théâtre, du XVIIᵉ siècle jusqu’à aujourd’hui.