Les réformes politiques et sociales du Gouvernement provisoire

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Dans cette leçon, tu vas découvrir comment la France se reconstruit après 1944. Le Gouvernement provisoire rétablit la République, crée la Sécurité sociale et prépare une nouvelle Constitution. Ces choix fondent encore aujourd’hui le modèle social français. Mots-clés : GPRF, IVᵉ République, Sécurité sociale, programme du CNR, droit de vote des femmes, reconstruction.

Introduction

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France est un pays à reconstruire. Elle sort affaiblie par l’Occupation allemande, divisée par le régime de Vichy et profondément marquée par la guerre. Pourtant, dans ce contexte difficile, une nouvelle page s’ouvre. Le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), dirigé par le général de Gaulle, prend en main le destin du pays dès 1944. Ce moment charnière est l’occasion de fonder une République renouvelée, plus juste et plus démocratique. Quelles décisions ont été prises pour refonder la République après la guerre ? Et en quoi ces choix influencent-ils encore aujourd’hui la vie sociale et politique des Français ? Pour répondre à ces questions, il faut comprendre comment ce gouvernement de transition a posé les bases de la République actuelle.

Un pays à reconstruire après la guerre

Lorsque la France est libérée en 1944, le pays est en ruines. Les villes ont été bombardées, les infrastructures détruites, l’économie désorganisée. Il faut également faire face à un traumatisme profond : celui de l’Occupation allemande et des divisions internes entre collaborateurs et résistants. Le GPRF, installé à Paris dès la Libération, doit rétablir l’ordre, reconstruire le pays et réaffirmer la République.

Le général de Gaulle et ses ministres refusent de considérer le régime de Vichy comme légal : ils affirment la continuité républicaine. En d'autres termes, pour eux, la République n’a jamais cessé d’exister, même si elle avait été mise entre parenthèses. Un exemple concret de cette idée est le maintien des lois républicaines antérieures à 1940 et la reprise du drapeau tricolore, des symboles et des institutions républicaines. Le suffrage universel, par exemple, est restauré immédiatement, et même élargi aux femmes en 1944.

Très vite, le GPRF met en place les institutions nécessaires au retour à la démocratie : les partis politiques sont à nouveau autorisés, les élections sont organisées et la liberté de la presse est rétablie. L’octroi du droit de vote aux femmes françaises marque une avancée majeure dans l’histoire des droits civiques en France et symbolise la volonté de reconstruire une République plus inclusive.

À retenir

En 1944-1945, le GPRF rétablit la République, restaure la démocratie et adopte des mesures fortes comme le droit de vote des femmes. Il refuse la légitimité du régime de Vichy et affirme la continuité de l'État républicain.

Des réformes sociales ambitieuses

Le GPRF ne se contente pas de rétablir les institutions démocratiques. Il engage aussi de profondes réformes sociales, inspirées en grande partie par le programme du Conseil national de la Résistance (CNR). Le CNR, fondé en 1943, réunissait les principaux mouvements de la Résistance intérieure (communistes, gaullistes, socialistes, chrétiens…), unifiés pour proposer un projet commun destiné à reconstruire la France après la guerre. Son programme appelait à une société plus solidaire, où les droits sociaux seraient garantis pour tous.

Parmi les mesures les plus marquantes, on trouve la création de la Sécurité sociale en 1945. Elle permet à tous les citoyens d’être protégés contre les risques liés à la maladie, la vieillesse, les accidents du travail ou la maternité. Ce système repose sur la solidarité nationale : chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins. C’est une révolution dans la manière dont l’État prend soin de ses citoyens.

Le GPRF met aussi en place un système de retraite généralisé, soutient la nationalisation de grandes entreprises (comme Renault ou EDF-GDF) et développe les comités d’entreprise dans les grandes sociétés. Ces réformes visent à redonner du pouvoir aux salariés, à mieux répartir les richesses et à moderniser l’économie.

À retenir

Le GPRF transforme la société française en créant la Sécurité sociale, en instaurant un système de retraite et en nationalisant des secteurs clés. Il applique les idées du programme du Conseil national de la Résistance.

Des fondations pour la République d’aujourd’hui

L’action du GPRF a eu des effets durables. Bien qu’il ne reste en place que jusqu’en 1946, il a contribué à redonner confiance dans les institutions et à faire émerger une nouvelle culture politique et sociale. Plusieurs de ses réformes restent aujourd’hui au cœur du modèle social français, comme la Sécurité sociale ou les retraites.

En octobre 1945, une Assemblée constituante est élue pour rédiger une nouvelle Constitution. La IVᵉ République est proclamée en 1946, avec un régime parlementaire. Même si cette République connaîtra des difficultés, elle repose sur les principes posés par le GPRF : démocratie, solidarité et justice sociale.

Enfin, cette période a aussi été un moment de sanction pour ceux qui avaient soutenu le régime de Vichy. Des procès ont lieu pour juger les responsables de la collaboration. En parallèle, une épuration est menée : il s’agit d’un processus visant à écarter de la vie publique les personnes ayant activement collaboré avec l’occupant nazi. Certaines sanctions sont prononcées par la justice, mais dans les premiers mois, des violences extrajudiciaires ont aussi eu lieu, comme des exécutions sommaires ou des humiliations publiques (par exemple, la tonte de femmes accusées d’avoir entretenu des relations avec des Allemands).

À retenir

Le GPRF prépare la IVᵉ République et pose les bases d’un modèle social toujours en vigueur. Il organise aussi une épuration, judiciaire ou extrajudiciaire, pour punir les collaborateurs du régime de Vichy.

Conclusion

En moins de deux ans, le Gouvernement provisoire a joué un rôle essentiel dans la reconstruction de la France. Il a su restaurer la démocratie, affirmer les valeurs républicaines et instaurer des droits sociaux durables. Cette période de transition, bien que brève, a laissé une empreinte profonde dans l’histoire politique et sociale du pays. Aujourd’hui encore, les réformes engagées entre 1944 et 1946 continuent d’influencer la vie collective des Français, en particulier à travers les principes de solidarité, égalité et protection sociale.