Les obligations en matière de santé et de sécurité au travail constituent-elles des atouts pour l'organisation ?

icône de pdf
Signaler
Dans cette leçon, tu vas comprendre comment la santé et la sécurité au travail sont à la fois une obligation légale et un levier stratégique. Tu verras le cadre juridique, les risques à prévenir, les indicateurs à suivre et l’impact positif de ces actions sur la performance et l’attractivité de l’entreprise. Mots-clés : santé au travail, sécurité au travail, prévention des risques, RPS, TMS, performance sociale

Introduction

Assurer la santé et la sécurité des salariés n’est pas seulement une obligation légale, c’est aussi un enjeu stratégique. Longtemps considérée comme une obligation de sécurité de résultat, cette responsabilité de l’employeur est devenue, depuis un arrêt de la Cour de cassation de 2015 (Air France), une obligation de moyens renforcés : l’entreprise doit mettre en œuvre toutes les mesures possibles pour prévenir les risques, prouver ses actions et démontrer leur efficacité. Prévenir les accidents du travail, les maladies professionnelles et les risques psychosociaux protège les individus, tout en réduisant les coûts et en renforçant l’attractivité de l’organisation. Bien gérées, ces obligations peuvent ainsi devenir de véritables atouts compétitifs.

Un cadre juridique protecteur et exigeant

L’employeur a l’obligation de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la santé physique et mentale de ses salariés. Cette prévention s’appuie notamment sur :

  • L’évaluation des risques professionnels, formalisée dans le Document Unique d’Évaluation des Risques (DUER), obligatoire dès le premier salarié et à mettre à jour au moins une fois par an ou lors de tout changement majeur dans l’organisation ou les conditions de travail.

  • La mise en place d’actions de prévention (formations, équipements de protection, aménagements ergonomiques).

  • Le suivi médical assuré par la médecine du travail.

Les risques spécifiques

  • Risques psychosociaux (RPS) : englobent le harcèlement moral, le harcèlement sexuel, la violence interne (entre collègues ou hiérarchie) et la violence externe (provenant de clients ou usagers), ainsi que le stress chronique.

  • Troubles musculo-squelettiques (TMS) : douleurs articulaires ou musculaires liées à des gestes répétitifs ou à une mauvaise posture. Leur prévention repose sur l’obligation ergonomique de l’employeur : adapter le poste et l’équipement pour limiter ces risques.

À retenir

Le cadre légal impose une prévention active et documentée des risques, qu’ils soient physiques ou psychiques, avec une responsabilité renforcée pour l’employeur depuis 2015.

Des indicateurs pour suivre la performance sociale

Les entreprises utilisent différents indicateurs sociaux pour mesurer l’efficacité de leurs actions :

  • Taux d’absentéisme.

  • Taux de rotation du personnel (turnover).

  • Taux de fréquence et de gravité des accidents du travail.

  • Gravité moyenne et coût moyen des accidents du travail et maladies professionnelles (AT/MP).

  • Nombre de maladies professionnelles reconnues.

Ces données peuvent figurer dans le bilan social (pour les entreprises d’au moins 300 salariés) ou dans le rapport social et environnemental. Leur suivi permet d’identifier les problèmes, d’évaluer les progrès et de mesurer l’impact économique des actions de prévention.

À retenir

Les indicateurs sociaux offrent une vision chiffrée de la performance en santé-sécurité et peuvent être intégrés aux documents légaux de reporting social.

De la prévention à l’attractivité et à la performance économique

Une politique efficace de santé et sécurité ne se limite pas au respect des obligations légales : elle peut devenir un levier d’attractivité et de marque employeur. Les bonnes pratiques en la matière sont souvent mises en avant dans la communication RSE, renforçant l’image de l’entreprise auprès des candidats et fidélisant les salariés.

Les effets positifs incluent :

  • Une réduction des coûts cachés liés à l’absentéisme, aux arrêts maladie ou au turnover.

  • Une productivité accrue grâce à des salariés en meilleure santé.

  • Un climat social plus serein, favorable à l’engagement et à la coopération.

À retenir

Prévenir les risques, c’est aussi améliorer l’image externe et interne de l’entreprise, tout en optimisant ses coûts et sa performance globale.

Conclusion

Le respect des obligations en matière de santé et sécurité au travail, aujourd’hui fondé sur une obligation de moyens renforcés, va bien au-delà de la conformité légale. En intégrant la prévention dans sa stratégie, en suivant des indicateurs pertinents et en valorisant ses actions dans sa communication RSE, l’entreprise protège ses salariés, réduit ses coûts et renforce son attractivité. Investir dans la santé et la sécurité, c’est investir dans la pérennité et la compétitivité de l’organisation.