Les nouvelles formes de conflits à partir des années 1990

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Dans cette leçon, tu découvriras les nouvelles dynamiques des conflits mondiaux depuis la fin de la guerre froide. Entre terrorisme transnational, conflits asymétriques et rivalités géopolitiques, tu apprendras comment les formes de guerre ont évolué, avec l'impact du terrorisme international, des interventions militaires multilatérales et des menaces transversales comme la cybercriminalité et la prolifération des armes. Mots-clés : terrorisme transnational, conflits asymétriques, guerre du Golfe, rivalités géopolitiques, cyberattaques, prolifération des armes légères.

Introduction

Depuis la fin de la guerre froide, le monde connaît une recomposition profonde des rapports de force. Loin de mettre fin aux violences armées, la disparition du bloc soviétique a vu émerger de nouveaux foyers de conflit, souvent internes aux États, mais aussi des interventions internationales, des rivalités régionales et des formes hybrides de guerre. Cette leçon explore les grandes dynamiques conflictuelles contemporaines, de la fragmentation des États à l’essor de menaces transnationales.

Les grands conflits post-guerre froide

L’éclatement de la Yougoslavie

L’effondrement du bloc communiste entraîne l’éclatement de la Yougoslavie entre 1991 et 2001. Cette période est marquée par plusieurs guerres interethniques et nationalistes :

  • Guerre en Croatie (1991-1995),

  • Guerre de Bosnie-Herzégovine (1992-1995),

  • Conflit du Kosovo (1998-1999), marqué par une intervention de l’OTAN sans mandat de l’ONU.

Ces conflits, d’une grande violence, mettent en évidence le retour de la logique identitaire en Europe et la difficulté à gérer les transitions post-communistes.

L’Irak et l’Afghanistan : instabilité durable

Après les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis interviennent militairement en Afghanistan, renversant les Talibans. Deux ans plus tard, en 2003, une coalition dirigée par les États-Unis envahit l’Irak et renverse Saddam Hussein, sans aval explicite de l’ONU.

Ces deux interventions ont des conséquences durables :

  • En Afghanistan, le conflit s’enlise et les Talibans reprennent le pouvoir en 2021.

  • En Irak, la chute du régime entraîne un effondrement de l’État, la montée de tensions communautaires et l’émergence de groupes extrémistes.

Ces guerres traduisent une mutation des interventions internationales, entre logique de sécurité globale et instabilité prolongée.

L’émergence de conflits régionaux prolongés

D’autres régions sont marquées par des guerres civiles durables :

  • En Syrie, la répression du soulèvement de 2011 dégénère en guerre civile, impliquant de nombreux acteurs (régime, groupes rebelles, puissances étrangères).

  • Au Yémen, depuis 2014, un conflit oppose le gouvernement aux rebelles houthis, avec l’intervention de l’Arabie saoudite.

  • En Libye, l’intervention de l’OTAN en 2011 précipite la chute de Kadhafi, mais le pays sombre dans le chaos.

Ces conflits traduisent l’affaiblissement des États et l’enchevêtrement des intérêts régionaux et internationaux.

Les conflits asymétriques et les insurrections

Les conflits asymétriques se développent à la faveur de la faiblesse des États et de la fragmentation politique. Ils opposent des armées régulières à des groupes armés non étatiques utilisant des tactiques de guérilla ou de harcèlement.

  • En Afrique (Mali, Somalie, République centrafricaine), des groupes profitent du vide sécuritaire.

  • En Tchétchénie, les deux guerres (1994-1996 et 1999-2000) mêlent séparatisme et radicalisation islamiste.

  • En Colombie, le conflit avec les FARC illustre une insurrection mêlant idéologie politique, contrôle territorial et économie illégale.

Ces conflits se caractérisent par leur durée, leur complexité et la difficulté à trouver des solutions négociées.

Le terrorisme transnational : une menace issue de l’instabilité

Le terrorisme transnational, bien qu’antérieur à 2001, s’intensifie dans un contexte de déstructuration géopolitique.

L’attentat du 11 septembre 2001 marque un tournant : Al-Qaïda affirme sa capacité à frapper des cibles internationales. La réponse militaire occidentale (Afghanistan, Irak) modifie profondément les équilibres régionaux, mais n’éradique pas la menace.

Dans les années 2010, l’État islamique (Daech), né en partie du chaos irakien, s’installe en Syrie et en Irak et proclame un califat. Il revendique de nombreux attentats, notamment en Europe (Paris 2015, Bruxelles 2016).

Ces groupes exploitent :

  • la faiblesse des États,

  • les frustrations politiques,

  • et la puissance des réseaux numériques.

Le terrorisme devient une forme de conflictualité globale, mais il est aussi étroitement lié aux déséquilibres générés par les conflits plus classiques.

Le retour des rivalités entre puissances

La fin de la guerre froide n’a pas effacé les logiques de puissance.

  • En mer de Chine méridionale, la Chine affirme ses ambitions territoriales, suscitant des tensions avec ses voisins.

  • En Europe, la Russie annexe la Crimée en 2014 et soutient des groupes armés dans l’est de l’Ukraine, ravivant la fracture Est-Ouest.

  • Les États-Unis, l’OTAN et l’Union européenne adaptent leur posture stratégique face à ces défis.

Ces évolutions montrent que les rivalités géopolitiques restent vives, même dans un monde globalisé.

Les nouvelles menaces hybrides

De nouvelles formes de menaces brouillent les frontières entre guerre, criminalité et instabilité.

  • La prolifération des armes légères alimente les conflits dans les États fragiles.

  • La criminalité organisée (trafics, traite humaine) prospère dans les zones de crise.

  • Les cyberattaques deviennent un instrument de guerre et de déstabilisation, utilisé par des États comme par des acteurs privés.

Ces menaces, diffuses et transversales, exigent une approche globale et coordonnée, mêlant diplomatie, justice, renseignement et coopération internationale.

Conclusion

Depuis les années 1990, le monde connaît une diversification des formes de conflits : guerres interétatiques, insurrections, guerres civiles, terrorisme, cybermenaces… Cette évolution s’explique par des facteurs géopolitiques, économiques et sociaux profonds.

Comprendre ces transformations est essentiel pour analyser les enjeux de sécurité contemporaine et penser des réponses adaptées, au croisement de la souveraineté nationale, de la coopération multilatérale et de la prévention des crises.