Introduction
La protection de l’environnement est un enjeu majeur des sociétés contemporaines. Du changement climatique à la déforestation, de la pollution de l’air à l’effondrement de la biodiversité, les défis écologiques nécessitent des réponses coordonnées à toutes les échelles. Or, la construction des enjeux environnementaux comme problèmes publics résulte d’interactions entre de nombreux acteurs : États, organisations non gouvernementales (ONG), entreprises, experts, mouvements citoyens, mais aussi organisations internationales comme l’ONU ou l’Union européenne.
Ces acteurs agissent à des niveaux multiples (local, national, international) et selon des logiques différentes (réglementation, contestation, sensibilisation, production de savoirs). Comprendre leurs rôles respectifs permet d’analyser les mécanismes de la gouvernance environnementale contemporaine.
Les États : des régulateurs centraux sous contrainte
Les États disposent de moyens juridiques, fiscaux et diplomatiques pour élaborer des politiques environnementales. Ils signent des accords, votent des lois, fixent des normes et financent des transitions. Mais leur pouvoir est aussi encadré par des intérêts contradictoires.
Réglementer et financer
Les États peuvent interdire certaines pratiques polluantes, encourager les comportements vertueux et orienter les investissements. Leur action repose à la fois sur la contrainte (loi, normes, sanctions) et sur l’incitation (subventions, crédits d’impôt).
Exemple : En France, la loi Climat et résilience (2021) encadre l’artificialisation des sols et impose de nouvelles obligations de rénovation énergétique.
Des limites structurelles
L’action des États est souvent freinée par des considérations économiques, électorales ou diplomatiques. Les négociations internationales montrent les tensions entre exigences écologiques et stratégies nationales.
Exemple : Les engagements pris lors de l’Accord de Paris (2015) ne sont pas juridiquement contraignants, car chaque pays fixe librement ses objectifs climatiques.
À retenir
Les États sont des acteurs structurants de la politique environnementale, mais leur action est soumise à des contraintes internes et externes.
Les ONG : informer, interpeller, coopérer
Les organisations non gouvernementales (ONG) jouent un rôle central dans la mise en visibilité des enjeux écologiques, la critique des manquements et la participation à certaines actions concrètes.
Informer et interpeller l’opinion
Les ONG mènent des enquêtes, produisent des rapports, organisent des campagnes de communication et contribuent à faire émerger certains sujets dans l’espace public.
Exemple : Greenpeace a largement contribué à médiatiser les dangers de la surpêche ou de l’exploitation des sables bitumineux à travers des actions symboliques et des publications scientifiques vulgarisées.
Coopérer avec les institutions
Certaines ONG entretiennent des partenariats étroits avec les États, les institutions internationales ou les entreprises. Elles peuvent participer à l’élaboration de politiques publiques, à des programmes de protection de l’environnement ou à des processus de certification.
Exemple : Le WWF travaille avec des entreprises et des gouvernements pour améliorer la gestion durable des forêts ou des ressources halieutiques.
À retenir
Les ONG ont des rôles variés : elles peuvent dénoncer des pratiques, sensibiliser le public ou coopérer avec d’autres acteurs pour mettre en œuvre des solutions.
Les entreprises : acteurs ambivalents de la transition
Les entreprises sont à la fois sources de pressions environnementales et parties prenantes de la transition écologique. Leur poids économique leur confère une influence majeure, mais leur engagement reste inégal.
Des impacts importants
Les secteurs industriels, énergétiques ou agroalimentaires contribuent largement aux émissions de gaz à effet de serre, à la pollution des milieux ou à la dégradation des écosystèmes. Certaines entreprises sont régulièrement pointées du doigt pour leur rôle dans la crise écologique.
Exemple : Les majors pétrolières comme ExxonMobil ou TotalEnergies sont critiquées pour leur responsabilité historique dans le changement climatique.
Des engagements volontaires à encadrer
Face aux attentes sociales, à la pression des régulateurs et à la transformation des marchés, certaines entreprises adoptent parfois une démarche de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). La RSE désigne l’ensemble des engagements volontaires visant à réduire les impacts sociaux et environnementaux de leur activité. Toutefois, ces démarches ne sont pas juridiquement contraignantes, ce qui limite leur portée si elles ne s’accompagnent pas de régulation externe.
Exemple : Des marques de mode peuvent afficher des collections « écoresponsables » tout en conservant des modes de production intensifs et peu durables.
À retenir
Les entreprises ont un rôle majeur dans la crise écologique et la transition, mais leurs engagements volontaires nécessitent des cadres réglementaires pour produire des effets réels.
Mouvements citoyens et experts : mobiliser et légitimer
En parallèle des institutions formelles, des mouvements citoyens et des experts scientifiques jouent un rôle croissant dans la légitimation des causes écologiques et la pression sur les décideurs.
Mobilisations citoyennes
Les mobilisations pour le climat ou la justice environnementale prennent la forme de manifestations, de pétitions, d’actions locales ou de campagnes numériques. Elles cherchent à peser dans le débat public, à dénoncer les inactions et à défendre des alternatives.
Exemple : Le mouvement Fridays for Future, initié par Greta Thunberg, a mobilisé des millions de jeunes pour réclamer une action climatique plus ambitieuse.
Production d’expertise scientifique
Les experts et chercheurs produisent des connaissances rigoureuses, nécessaires à la compréhension des phénomènes écologiques. Des organismes comme le GIEC (climat) ou l’IPBES (biodiversité) synthétisent les recherches internationales pour éclairer les politiques publiques.
Exemple : Les rapports du GIEC sont utilisés comme base scientifique dans les négociations climatiques et dans l’élaboration de stratégies nationales de transition.
À retenir
Les citoyens mobilisés et les experts scientifiques contribuent à faire émerger les enjeux écologiques, à informer l’opinion et à appuyer les décisions politiques.
Les organisations internationales : coordonner, financer, réguler
Les institutions internationales ont un rôle structurant dans la gouvernance environnementale, en facilitant la coordination entre États, en fixant des cadres communs et en soutenant des projets écologiques.
Négociations et régulations
Des organisations comme l’ONU, l’Union européenne, la Banque mondiale ou l’OCDE organisent des sommets, édictent des normes environnementales et veillent au respect des engagements internationaux.
Exemple : L’Accord de Paris a été adopté sous l’égide de l’ONU dans le cadre de la COP21, en réunissant presque tous les États de la planète autour d’un objectif commun de limitation du réchauffement climatique.
Financement et accompagnement
Certaines institutions financent des projets de transition énergétique, de préservation des écosystèmes ou de développement durable, en particulier dans les pays du Sud.
Exemple : L’Union européenne soutient la transition énergétique à travers le Pacte vert et des fonds de cohésion destinés à accompagner les régions les plus touchées.
À retenir
Les institutions internationales jouent un rôle de coordination, de régulation et de financement. Elles sont indispensables à la structuration des réponses globales face aux enjeux écologiques.
Conclusion
La construction des enjeux environnementaux repose sur l’action concertée d’acteurs multiples : États, ONG, entreprises, citoyens, experts scientifiques, organisations internationales. Ces acteurs interviennent à différentes échelles et selon des logiques complémentaires ou concurrentes.
Cette diversité reflète la complexité des enjeux écologiques contemporains. Elle s’inscrit dans un cadre qu’on appelle gouvernance environnementale, c’est-à-dire l’ensemble des mécanismes de coordination entre acteurs publics, privés et civils pour gérer collectivement les ressources naturelles et faire face aux risques environnementaux. Une gouvernance efficace repose sur la capacité de ces acteurs à coopérer au-delà de leurs intérêts divergents, dans la perspective d’une transition écologique juste et durable.
