Les deux guerres du Golfe (1991 et 2003) et leurs prolongements

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À deux reprises, les États-Unis et leurs alliés entrent en guerre contre l’Irak dirigé par Saddam Hussein. Si la première guerre du Golfe est avalisée par l’ONU, la seconde est engagée unilatéralement par les États-Unis.

I. La première guerre du Golfe (1991) : une guerre interétatique ?

1 ) Des enjeux de puissances

Pour financer la guerre contre l’Iran (1980-1988), l’Irak s’est fortement ­endetté auprès du Koweït qui refuse d’effacer sa dette. Son annexion permettrait de régler ce contentieux, tout en contrôlant 20 % des réserves mondiales de pétrole.

Les États-Unis veulent profiter du déclin de l’Union soviétique pour affirmer leur leadership mondial tout en sécurisant leur approvisionnement en pétrole.

2)  Une guerre éclair

En août 1990, l’Irak envahit le Koweït. Aussitôt, l’ONU exige le retrait des forces irakiennes. Fin août, le Koweït est annexé.

En novembre, l’ONU autorise l’emploi de la force en fixant un ultimatum pour janvier 1991. Saddam Hussein le rejette.

En janvier-février 1991, une coalition internationale de 34 États, commandée par les États-Unis, lance l’opération Tempête du désert pour libérer le Koweït. En face, l’armée irakienne, dépourvue d’alliés et mal équipée, est rapidement battue.

3)  Une résolution imparfaite

En mars 1991, Saddam Hussein doit signer le cessez-le-feu imposé par le Conseil de sécurité de l’ONU. Celui-ci prévoit notamment la destruction des missiles et des arsenaux chimiques et biologiques irakiens.

Les États-Unis sont les grands vainqueurs de ce conflit, assumant le rôle de garants d’un « nouvel ordre mondial ».

Date clé

Lors de son discours au Congrès du 6 mars 1991, le président des États-Unis George H. W. Bush évoque un nouvel ordre mondial fondé sur la liberté et les Droits de l’homme.

Cependant, dès 1991, Saddam Hussein réprime ­férocement le soulèvement des chiites du Sud du pays et des Kurdes du Nord, ce qui conduit à l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne au Nord et au Sud.

II. La seconde guerre du Golfe (2003) : un conflit asymétrique

1 ) Une guerre au service des intérêts américains

Depuis 1991, l’Irak freine le travail des experts internationaux qui inspectent ses sites militaires et nucléaires.

Selon George W. Bush, l’Irak fait partie des « États voyous » qui soutiennent le terrorisme en fabriquant des armes de destruction massive. Malgré l’opposition du Conseil de sécurité de l’ONU, les États-Unis et certains de leurs alliés de l’OTAN envahissent l’Irak en mars 2003.

Dès le mois de mai, l’armée irakienne est battue et Saddam Hussein chassé du pouvoir. Pour le président Bush, la guerre est finie.

2 ) Vers la guerre civile

L’éviction de Saddam Hussein et la démobilisation de l’armée régulière irakienne plongent le pays dans une guerre civile où s’affrontent chiites, sunnites et Kurdes. Elles favorisent l’ingérence des puissances régionales, comme l’Iran qui soutient les chiites irakiens, et l’action des organisations terroristes comme Al-Qaida.

Les soldats américains évacuent l’Irak en 2011, en plein chaos. En 2014, l’État islamique s’y implante et proclame le califat universel.

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Les Kurdes au Moyen-Orient

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Combattus par la Turquie, les Kurdes sont persécutés en Irak et ne sont reconnus dans leur identité ni en Syrie ni en Iran.

Cependant, forts de l’appui des États-Unis, ils bénéficient depuis 2005 d’un territoire autonome : le ­Kurdistan irakien.