Le théâtre du XVIIᵉ siècle

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Dans cette leçon, tu explores le théâtre classique du XVIIᵉ siècle, avec ses règles strictes de vraisemblance, de bienséance et d’unités. Tu verras comment Corneille exalte l’héroïsme, Racine révèle la force des passions et Molière utilise la comédie pour critiquer les travers humains. Mots-clés : théâtre classique, XVIIᵉ siècle, Corneille, Racine, Molière, tragédie, comédie.

Introduction

Au XVIIᵉ siècle, le théâtre occupe une place centrale dans la vie culturelle française. Soutenu par la monarchie, fréquenté par la noblesse et la bourgeoisie, il devient un art prestigieux qui illustre les valeurs de l’âge classique. Cette époque impose des règles précises, destinées à élever l’esprit et à plaire au public : vraisemblance, bienséance, respect des trois unités. Dans ce cadre exigeant, trois auteurs dominent : Corneille, Racine et Molière, qui, chacun à leur manière, ont donné au théâtre français ses modèles les plus célèbres.

Les règles classiques : ordre et équilibre

Le théâtre classique obéit à des principes hérités d’Aristote et codifiés par les théoriciens du XVIIᵉ siècle.

  • La vraisemblance impose que les événements représentés paraissent crédibles aux yeux du spectateur. Pas de miracles ni d’invraisemblances grossières : l’illusion doit être totale.

  • La bienséance interdit de montrer sur scène ce qui choquerait le public (violence, mort sanglante, gestes indécents). Les passions doivent être représentées avec dignité.

  • La règle des trois unités – unité de temps (l’action doit se dérouler en 24 heures), unité de lieu (un seul décor), unité d’action (une intrigue principale) – vise à concentrer l’intérêt et à maintenir l’harmonie.

Ces règles traduisent l’idéal classique : plaire et instruire en représentant des personnages nobles, animés par des passions universelles. Mais elles ne furent pas appliquées sans débat. La célèbre querelle du Cid (1637), provoquée par le succès de la pièce de Corneille, opposa partisans de la liberté créatrice et défenseurs des règles, révélant que ces principes étaient autant discutés qu’imposés.

À retenir

Le théâtre classique obéit à des règles strictes – vraisemblance, bienséance, unité – mais leur application a été débattue, comme le montre la querelle du Cid.

Corneille et Racine : la grandeur de la tragédie

La tragédie classique met en scène des personnages nobles confrontés à des dilemmes passionnels et politiques. Deux auteurs majeurs lui donnent ses formes les plus abouties : Corneille et Racine.

Chez Corneille, la grandeur héroïque domine. Dans Le Cid (1637), le conflit entre l’amour et le devoir illustre la tension entre désirs personnels et exigences sociales, tension qui provoqua la querelle mentionnée plus haut. Quelques années plus tard, avec Horace (1640), Corneille montre comment le patriotisme peut l’emporter sur les liens familiaux : l’amour fraternel est sacrifié au service de la cité. Ces œuvres, différentes dans leurs intrigues, traduisent une même conception de la tragédie comme école de vertu, où les héros incarnent l’exigence du devoir.

Racine, une génération plus tard, adopte une autre approche. Là où Corneille exalte le courage, Racine explore les passions destructrices. Dans Phèdre (1677), la reine est consumée par un désir interdit qui la mène à la ruine. Sa force tragique réside dans la simplicité de l’intrigue, la rigueur des règles classiques et l’intensité d’une langue qui exprime la fragilité des êtres humains. Racine ne cherche pas à magnifier ses héros : il en dévoile la faiblesse face aux élans incontrôlables du cœur.

Ainsi, Corneille et Racine, en opposant grandeur héroïque et fragilité passionnelle, offrent deux visages complémentaires de la tragédie classique.

À retenir

Corneille illustre la tragédie comme école de vertu, exaltant le devoir et l’honneur, tandis que Racine révèle la puissance destructrice des passions humaines.

Molière : la comédie comme critique des mœurs

À côté de la tragédie, la comédie connaît un éclat exceptionnel grâce à Molière. Son théâtre allie le rire à la critique sociale et morale.

Dans Tartuffe (1664), il dénonce l’hypocrisie religieuse et ceux qui se servent de la foi pour tromper. Dans L’Avare (1668), il tourne en ridicule l’obsession de l’argent qui détruit les liens familiaux. Dans Le Misanthrope (1666), il met en lumière les contradictions entre sincérité et conventions sociales, en montrant un personnage prisonnier de son idéal de vérité.

Ces pièces, très différentes dans leurs intrigues, partagent une même ambition : révéler les excès et les travers humains par le rire. Les personnages de Molière, à la fois caricaturaux et profondément humains, sont des miroirs de la société de son temps. Sa comédie devient une satire des mœurs, capable d’instruire tout en divertissant.

À retenir

Molière renouvelle la comédie en alliant humour et critique. Il dénonce les travers humains universels : hypocrisie, cupidité, orgueil, excès de sincérité.

Conclusion

Le XVIIᵉ siècle est l’âge classique du théâtre français. Encadré par des règles exigeantes, il a produit des chefs-d’œuvre qui marquent encore aujourd’hui notre culture. La querelle du Cid rappelle que ces règles n’étaient pas absolues, mais faisaient l’objet de débats vifs. Corneille incarne la grandeur héroïque, Racine l’intensité tragique des passions, Molière la lucidité comique sur les mœurs. À travers eux, le théâtre classique apparaît comme un art à la fois moral, esthétique et critique, qui cherche à émouvoir, à faire réfléchir et à instruire son public.