Le Second Empire (1852-1870)

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Dans cette leçon, tu vas comprendre comment Napoléon III fonde le Second Empire, d’abord autoritaire puis progressivement libéralisé. Tu verras comment ce régime combine grandeur diplomatique, modernisation économique et grands travaux, tout en affrontant répression intérieure, échec mexicain et défaite face à la Prusse. Mots-clés : Second Empire, Napoléon III, Haussmann, modernisation économique, empire libéral, guerre de 1870.

Introduction

Décembre 1852. Quatre ans après son élection à la présidence de la République, Louis-Napoléon Bonaparte devient officiellement empereur des Français sous le nom de Napoléon III. Ce n’est pas un geste solitaire : le sénatus-consulte du 7 novembre 1852, approuvé par plébiscite, rétablit l’Empire. Le 2 décembre, jour anniversaire du sacre de Napoléon Ier et d’Austerlitz, Louis-Napoléon est proclamé empereur. Le Second Empire se présente comme l’héritier du prestige napoléonien et comme l’instrument de la modernisation du pays. Dans ses premières années, il fonctionne comme un régime autoritaire. Puis, sous la pression de l’opinion et des oppositions, il évolue vers un modèle plus libéral, tout en poursuivant une politique extérieure ambitieuse et en engageant de profondes transformations économiques.

L’instauration d’un régime autoritaire

Le coup d’État du 2 décembre 1851, validé par plébiscite, permet à Louis-Napoléon de concentrer les pouvoirs. La Constitution de 1852, proche de celle de l’an VIII (1799) qui avait installé Napoléon Ier, confère à l’empereur une autorité considérable : il nomme et révoque les ministres, détient l’initiative des lois et peut gouverner par sénatus-consulte.

Si les élections législatives se tiennent au suffrage universel masculin – instauré depuis 1848 et maintenu après le coup d’État –, elles sont encadrées par l’administration impériale. Les candidats officiels bénéficient du soutien des préfets et d’une propagande massive. La presse, elle, reste surveillée et soumise à l’autorisation préalable.

À retenir

Inspiré du Consulat, le Second Empire est un régime autoritaire où l’empereur concentre le pouvoir, encadre les élections et contrôle la presse.

Suffrage universel et renforcement de l’État

Le suffrage universel masculin devient un outil politique au service de l’Empire. Les plébiscites de 1851 et 1852 légitiment le coup d’État puis la restauration impériale. En avril 1870, un nouveau plébiscite approuve les réformes libérales qui sont intégrées ensuite à la Constitution, confirmant une évolution vers un régime parlementaire.

L’État repose sur une administration très centralisée : les préfets surveillent la vie locale, organisent les élections et appliquent les directives. L’armée et la police assurent l’ordre et répriment les opposants.

À retenir

Le suffrage universel, maintenu depuis 1848, est utilisé par l’Empire pour valider ses choix, tandis qu’un État centralisé surveille étroitement la société.

Politique de grandeur et modernisation économique

Napoléon III veut restaurer l’influence française en Europe et dans le monde.

La guerre de Crimée (1854-1856), menée avec le Royaume-Uni et l’Empire ottoman contre la Russie, replace la France au centre du jeu diplomatique. En Italie, la campagne de 1859 aboutit à la victoire de Solférino, mais aussi à l’armistice de Villafranca (juillet 1859), qui limite les gains immédiats. Le traité de Turin (1860) permet malgré tout à la France d’annexer Nice et la Savoie. L’Empire se tourne aussi vers l’outre-mer : la Nouvelle-Calédonie est annexée en 1853, Saïgon est prise en 1859 et le traité de 1862 marque le début de l’implantation française en Indochine. En revanche, l’expédition du Mexique (1861-1867), destinée à installer un empire sous tutelle française avec Maximilien d’Autriche, se termine par un échec retentissant.

À l’intérieur, le régime modernise le pays. Le traité de libre-échange signé avec le Royaume-Uni en 1860 (Cobden-Chevalier) ouvre la France aux échanges internationaux et stimule l’économie. Le réseau ferroviaire s’étend, reliant les grandes régions. À Paris, le baron Haussmann transforme la ville : grands boulevards, nouveaux parcs, réseaux d’égouts et amélioration de l’hygiène. Les banques et les grandes entreprises bénéficient d’une politique favorable à l’investissement, stimulant l’industrialisation.

À retenir

L’Empire affirme la puissance française par la guerre et la colonisation, mais subit l’échec mexicain. À l’intérieur, il modernise l’économie par le libre-échange, les chemins de fer et les grands travaux.

Oppositions et répression

Dès les débuts, le régime est contesté par les républicains, les monarchistes et une partie des catholiques. La répression est sévère : censure de la presse, interdiction des réunions publiques, arrestations, déportations. De grandes figures choisissent l’exil, comme Victor Hugo, qui dénonce l’Empire depuis Guernesey.

Cette répression limite l’opposition, mais elle alimente une résistance clandestine et entretient un climat de méfiance.

À retenir

Le régime maintient l’ordre par la censure, l’exil et la répression, réduisant au silence ses adversaires.

L’évolution vers un Empire libéral

Sous la pression de l’opinion et des opposants, Napoléon III assouplit progressivement son régime. Dans les années 1860, la censure est allégée, le Corps législatif obtient un véritable droit d’interpellation et les réunions publiques deviennent possibles. En avril 1870, un plébiscite approuve massivement ces réformes et leur intégration dans la Constitution, marquant l’évolution vers un régime parlementaire.

Mais cette ouverture est interrompue par la guerre contre la Prusse. La défaite de Sedan (2 septembre 1870), où l’empereur est capturé, entraîne la proclamation de la Troisième République à Paris, deux jours plus tard.

À retenir

L’Empire s’oriente vers plus de libertés dans les années 1860, mais sa défaite face à la Prusse précipite sa chute.

Conclusion

Le Second Empire, fondé après le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, s’impose d’abord comme un régime autoritaire inspiré du modèle napoléonien. Il combine une diplomatie ambitieuse, des conquêtes coloniales et une modernisation économique spectaculaire. Mais ses limites apparaissent : répression des opposants, échec de l’expédition du Mexique et défaite militaire face à la Prusse. Ces failles provoquent son effondrement en 1870 et ouvrent la voie à la Troisième République.