Le récit au XIXe siècle - Français - Seconde

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Dans cette leçon, tu vas découvrir comment les écrivains du XIXᵉ siècle vont renouveler le récit pour représenter un monde en pleine mutation. Tu vas comprendre comment le romantisme met en avant la sensibilité individuelle, comment le réalisme observe la société et comment le naturalisme applique une démarche quasi scientifique à l’étude des personnages. Tu seras bientôt capable d’identifier ces trois visions du réel et leurs enjeux. Mots-clés : récit au XIXᵉ siècle, romantisme, réalisme, naturalisme, roman, analyse littéraire

Introduction

Le XIXᵉ siècle est un moment décisif pour l’histoire littéraire : les écrivains cherchent à représenter un monde en pleine transformation. Révolutions politiques, progrès scientifiques, industrialisation, question sociale, bouleversements des modes de vie : tout change, et le récit devient l’un des meilleurs outils pour comprendre ces mutations. Les romanciers ne se contentent plus de raconter une histoire ; ils observent, analysent, dénoncent ou rêvent. Entre réalisme, naturalisme et romantisme, le XIXᵉ siècle invente des manières nouvelles de raconter le réel, tout en explorant l’imaginaire et la sensibilité.

Comment le récit s’adapte-t-il à ces changements, et quelles nouvelles formes naissent pour répondre aux interrogations du siècle ?

Le roman romantique : l’expression des passions et de l’individu

Au début du siècle, le récit s’imprègne du romantisme, mouvement qui valorise la sensibilité, la nature, les élans du cœur et les conflits intérieurs. Les romantiques s’intéressent aux destins individuels, souvent marqués par l’excès, le rêve ou la souffrance.

Dans René (1802), Chateaubriand construit un héros mélancolique, incompris, livré à une inquiétude diffuse : c’est la figure du « mal du siècle ». Victor Hugo, dans Notre-Dame de Paris (1831), mêle une intrigue tragique à une vaste fresque historique : passions destructrices, figure de la fatalité, destin brisé d’Esmeralda et Quasimodo. Le récit romantique explore les émotions, les conflits intérieurs, les élans contradictoires entre désir, devoir et liberté.

L’individu devient le centre du récit : ses sentiments, son passé, ses rêves donnent au roman sa force dramatique. L’histoire, la nature et parfois le surnaturel servent de cadres pour exprimer cette quête personnelle.

À retenir

Le récit romantique met en avant la sensibilité, le destin individuel et les passions. Il cherche moins à décrire la société qu’à montrer l’intensité de la vie intérieure.

Le réalisme : raconter la société telle qu’elle est

À partir des années 1830-1850, une nouvelle ambition apparaît : décrire le réel avec précision. Les romanciers veulent montrer la société de leur temps, ses inégalités, ses conflits, ses mécanismes économiques ou sociaux. Le récit devient alors un outil d’observation.

Balzac, avec La Comédie humaine, cherche à représenter tous les milieux sociaux : la bourgeoisie, le peuple, l’aristocratie, la province, Paris. Dans Le Père Goriot (1835), il montre comment les ambitions et les intérêts personnels détruisent les relations familiales et sociales. Flaubert, dans Madame Bovary (1857), décrit avec une grande précision la vie provinciale, les illusions et les frustrations d’une jeune femme qui rêve d’un destin romanesque. Le style se veut objectif, rigoureux, attentif aux détails.

Le récit réaliste s’attache à la vie quotidienne : descriptions, dialogues vraisemblables, personnages complexes. Le romancier cherche à analyser l’homme dans son environnement social.

À retenir

Les réalistes veulent représenter la société de manière fidèle. Ils s’appuient sur l’observation, le détail et l’analyse pour comprendre comment les individus vivent dans un monde en mutation.

Le naturalisme : une démarche scientifique appliquée au roman

À la fin du siècle, certains écrivains, inspirés par les sciences expérimentales, veulent aller plus loin que le réalisme. Le naturalisme, mené par Émile Zola, cherche à montrer comment un individu est influencé par son milieu, son hérédité et les forces sociales.

Dans Germinal (1885), Zola décrit la vie des mineurs, leurs conditions de travail, leurs révoltes et la violence du système économique. Dans L’Assommoir (1877), il analyse l’alcoolisme et la misère ouvrière. Le vocabulaire, les scènes et la construction des personnages sont rigoureusement documentés.

Le récit naturaliste devient presque une enquête, fondée sur l’observation, les recherches préparatoires et une écriture qui veut être au plus près du réel. Le romancier se conçoit comme un « expérimentateur » qui étudie les comportements humains.

À retenir

Le naturalisme reprend les principes du réalisme mais y ajoute une dimension scientifique : les personnages sont étudiés comme des êtres déterminés par leur environnement et leur histoire familiale.

Conclusion

Le XIXᵉ siècle est un moment de grande richesse pour le récit : il explore à la fois l’individu, la société et les mécanismes qui influencent les comportements humains. Le romantisme met en valeur la sensibilité et le destin personnel ; le réalisme cherche à décrire la société ; le naturalisme en propose une analyse plus scientifique. Ces formes, différentes mais complémentaires, permettent de saisir les tensions et les rêves d’un siècle marqué par des transformations profondes. Le récit devient ainsi un instrument essentiel pour comprendre l’homme, la société et l’histoire.