Le reaganisme et la chute de l'URSS

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Dans cette leçon, tu plonges dans les causes profondes de la chute de l'Union soviétique, entre tensions internes et politiques extérieures. Tu découvriras le rôle du reaganisme, les réformes de Gorbatchev, les révolutions en Europe de l'Est et l'implosion progressive de l'URSS. Ce processus historique marque la fin de la Guerre froide et l'émergence d'une nouvelle configuration géopolitique. Mots-clés : reaganisme, Gorbatchev, chute de l'URSS, Guerre froide, perestroïka, glasnost, révolutions de 1989.

Introduction

Le XXe siècle est marqué par une succession de transformations politiques, économiques et sociales majeures. Parmi elles, la fin de la Guerre froide et la disparition de l'Union soviétique occupent une place centrale. Ces événements sont influencés par la politique étrangère menée par les États-Unis sous la présidence de Ronald Reagan dans les années 1980, mais trouvent surtout leurs causes dans les crises internes que connaît l'URSS. Cette leçon explore le rôle du « reaganisme » tout en mettant en lumière les dynamiques économiques, sociales et politiques qui conduisent à la désintégration de l'URSS.

Le reaganisme : une politique de fermeté

La présidence de Ronald Reagan (1981-1989) est marquée par une politique étrangère de fermeté vis-à-vis de l'Union soviétique, visant à accentuer la pression stratégique et idéologique sur le bloc de l'Est.

Renforcement militaire et l'Initiative de défense stratégique (IDS)

Le renforcement militaire des États-Unis se traduit notamment par le lancement du programme d'Initiative de défense stratégique (IDS) en 1983, surnommé « Guerre des étoiles ». Ce projet visait à développer un bouclier antimissile spatial. Bien que ce programme n'ait jamais été techniquement abouti ni opérationnel, il a accentué la pression psychologique sur les dirigeants soviétiques, inquiets de perdre la parité stratégique. Toutefois, il est aujourd'hui reconnu que l'URSS n'a pas engagé de dépenses massives en réponse à l'IDS, faute de moyens économiques et de crédibilité technologique réelle du projet.

Soutien aux mouvements anticommunistes et guerres par procuration

Reagan renforce également le soutien américain à plusieurs mouvements anticommunistes. Les États-Unis appuient notamment les Contras au Nicaragua et les moudjahidines en Afghanistan. Cette politique contribue à affaiblir l'influence soviétique et à prolonger certains conflits régionaux, mais il convient de nuancer leur impact économique global sur l'URSS. En Afghanistan, l'enlisement soviétique érode surtout le prestige international du régime, tandis que le coût économique reste relatif au regard de l'ensemble de l'économie soviétique.

Les faiblesses économiques et politiques de l'URSS

Indépendamment des pressions extérieures, l'URSS traverse dans les années 1980 une crise structurelle interne décisive.

Crise économique et inefficacité du système soviétique

L'économie planifiée soviétique souffre d'inefficacités chroniques, de pénuries, et d'une faible capacité d'innovation. La dépendance aux exportations de matières premières, notamment le pétrole et le gaz, rend le pays vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux. La course aux armements prolongée depuis les années 1960 absorbe une part considérable des ressources de l'État, au détriment de l'économie civile.

Les réformes de Gorbatchev : perestroïka et glasnost

L'arrivée de Mikhaïl Gorbatchev en 1985 marque une tentative de réformes profondes. La perestroïka vise à restructurer l'économie, tandis que la glasnost introduit une ouverture politique inédite. Cependant, ces réformes ont des effets paradoxaux : en dévoilant la profondeur des dysfonctionnements, elles affaiblissent davantage l'autorité du régime. Les résistances internes, tant des conservateurs que des réformistes impatients, rendent leur mise en œuvre chaotique.

La montée des nationalismes et les tensions internes

La montée des nationalismes dans les républiques soviétiques aggrave la crise. Des mouvements indépendantistes émergent notamment dans les républiques baltes, en Ukraine et dans le Caucase. Plutôt que de recourir systématiquement à la répression, Gorbatchev adopte une politique de retenue, dite « doctrine Sinatra » (« faire à sa manière »), laissant aux États d'Europe de l'Est le choix de leurs voies politiques. Cette approche contribue à l'effritement du bloc soviétique sans intervention armée.

L'accélération de la chute de l'URSS

Au tournant des années 1989-1991, plusieurs événements précipitent la désintégration progressive de l'Union soviétique.

Révolutions en Europe de l'Est et choix politique de non-intervention

À partir de 1989, les révolutions pacifiques en Europe de l'Est (Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie, Allemagne de l'Est) emportent les régimes communistes. La chute du mur de Berlin en novembre 1989 symbolise la fin de la division de l'Europe. L'absence d'intervention militaire soviétique n'est pas uniquement un signe d'affaiblissement, mais aussi un choix politique de Gorbatchev, en rupture avec la doctrine Brejnev de 1968.

L'indépendance des républiques soviétiques

En 1991, les républiques baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie) proclament leur indépendance, bientôt suivies par d'autres républiques soviétiques. L'autorité centrale s'effrite, marquant l'échec des tentatives de réforme fédérale.

Tentative de coup d'État et fin de l'URSS

En août 1991, un groupe de conservateurs tente un coup d'État pour renverser Gorbatchev, mais échoue face à la mobilisation populaire et au soutien de responsables comme Boris Eltsine. Cet échec précipite la dissolution de l'URSS. La Communauté des États indépendants (CEI) est créée en décembre 1991 par les accords de Minsk et d'Alma-Ata, après la dissolution effective de l'Union.

Conclusion

La chute de l'URSS est le fruit de causes multiples : dysfonctionnements économiques internes, crise politique, montée des nationalismes, erreurs dans les réformes de Gorbatchev et choix de non-intervention dans les pays satellites.

Le reaganisme, par sa stratégie de fermeté, a contribué à isoler et à fragiliser l'URSS sur le plan international, mais il ne peut être considéré comme la cause principale de son effondrement. La désintégration de l'Union soviétique marque la fin de la Guerre froide et ouvre une nouvelle ère géopolitique, dominée par les États-Unis comme unique superpuissance.

Comprendre cet événement complexe permet de mieux appréhender les mutations du monde contemporain, notamment l'émergence de nouveaux conflits régionaux, les défis de l'après-Guerre froide et la recomposition des relations internationales.