Introduction
Le national-socialisme, ou nazisme, est une idéologie politique d’extrême droite fondée sur un nationalisme radical, le culte du chef, le racisme biologique et un antisémitisme virulent. Elle se développe en Allemagne dans un contexte de crise profonde après la Première Guerre mondiale, et accède au pouvoir en 1933 avec Adolf Hitler. Entre 1933 et 1939, le régime nazi met en place un système totalitaire qui transforme en profondeur la société allemande.
Le contexte de la montée du nazisme
La République de Weimar, proclamée en 1919, hérite d’une situation difficile. L’Allemagne vaincue subit les conditions du traité de Versailles, considéré comme une humiliation nationale. Les réparations, la perte de territoires, la démilitarisation et l’article 231 désignant l’Allemagne comme seule responsable de la guerre nourrissent un fort ressentiment.
Sur le plan intérieur, la jeune démocratie est fragilisée par des crises économiques et sociales récurrentes. L’hyperinflation de 1923, puis surtout la crise de 1929, provoquent un effondrement économique et une montée spectaculaire du chômage, qui touche près de 6 millions de personnes en 1932. Dans ce contexte, les partis extrémistes gagnent en influence.
Le Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP), fondé en 1920 et dirigé par Adolf Hitler dès 1921, exploite ces tensions. Il développe un discours fondé sur le rejet de la démocratie parlementaire, la haine du communisme, la volonté de réviser le traité de Versailles et une idéologie raciste centrée sur la prétendue supériorité de la race aryenne.
En janvier 1933, Hitler est nommé chancelier. Il profite de l’incendie du Reichstag en février 1933 pour faire voter les pleins pouvoirs, ce qui lui permet de suspendre les libertés fondamentales et de démanteler progressivement la démocratie parlementaire.
La mise en place d’un régime totalitaire (1933-1939)
Une fois au pouvoir, Hitler transforme rapidement l’Allemagne en un État totalitaire, où tous les aspects de la vie sociale, politique et culturelle sont soumis à l’idéologie nazie. Selon la définition de Carl Friedrich, un régime totalitaire se caractérise par un parti unique, une idéologie exclusive, la terreur d’État, la mobilisation de masse et le contrôle total de la société.
Le culte du Führer et le parti unique
Le culte du chef est au cœur du régime : Hitler est présenté comme le Führer, guide infaillible, incarnation de la volonté nationale. Il concentre tous les pouvoirs après la mort du président Hindenburg en août 1934.
Le parti nazi devient le seul parti autorisé. Tous les autres partis sont interdits, et les syndicats dissous. L’ensemble de la société est encadré par des organisations dépendant du NSDAP : jeunesse hitlérienne, Front allemand du travail, Ligue des femmes allemandes. L’adhésion à la jeunesse hitlérienne devient obligatoire à partir de 1936, renforçant la dimension totalitaire de l’embrigadement de la jeunesse.
Propagande et encadrement idéologique
Le régime organise une propagande massive, dirigée par Joseph Goebbels, ministre du Reich à l’Éducation du peuple et à la Propagande, chargé de contrôler les médias, les arts et la culture afin de diffuser l’idéologie nazie. Tous les canaux culturels sont contrôlés, la presse est censurée et les artistes soumis aux normes de l’art officiel. Le cinéma devient un outil idéologique, notamment à travers les films de Leni Riefenstahl, comme Le Triomphe de la volonté (1935).
Les enfants sont endoctrinés dès le plus jeune âge à travers l’école et les organisations de jeunesse, où leur sont inculqués l’obéissance, l’antisémitisme et le culte du Führer.
Répression, police politique et camps de concentration
Le régime nazi repose sur un appareil répressif puissant. La Gestapo (police politique), les SS et les tribunaux spéciaux traquent les opposants : communistes, sociaux-démocrates, syndicalistes, mais aussi toutes les personnes jugées « asociales » ou « dégénérées » selon les critères raciaux et sociaux du régime nazi (handicapés, marginaux, malades mentaux…).
Dès 1933, sont ouverts les premiers camps de concentration, comme Dachau, pour y interner les opposants politiques. Dans les années suivantes, leur usage est élargi à d’autres catégories : Témoins de Jéhovah, homosexuels, Roms, marginaux… La répression vise à « purifier » la société allemande de tous les éléments jugés nuisibles à la communauté nationale.
Les SS, dirigés par Heinrich Himmler, deviennent une véritable armée idéologique au service du régime. Leur rôle s’étend au contrôle de la société et à l’organisation de la terreur.
L’antisémitisme d’État et la politique raciale
Le racisme biologique est un fondement central de l’idéologie nazie. Dès 1933, les Juifs sont exclus de la fonction publique. En 1935, les lois de Nuremberg leur retirent la citoyenneté allemande et interdisent les mariages et relations sexuelles entre Juifs et Allemands, au nom de la « protection du sang allemand ».
Le régime mène une politique d’exclusion systématique des Juifs de la vie économique, sociale et culturelle. Cette politique connaît un tournant avec la nuit de Cristal (9-10 novembre 1938), pogrom organisé par l’État, au cours duquel des centaines de synagogues sont détruites, des commerces juifs saccagés, et des milliers de Juifs arrêtés et envoyés en camp de concentration.
L’idéologie raciale du régime ne se limite pas à l’antisémitisme : elle vise à éliminer toutes les populations perçues comme inférieures ou nuisibles, en particulier les Roms, les handicapés, les homosexuels, et toutes les personnes jugées inadaptées à la communauté du peuple allemand (Volksgemeinschaft).
L’impact du nazisme sur l’Allemagne et le monde (jusqu’en 1939)
Entre 1933 et 1939, le régime nazi restructure profondément l’Allemagne sur le plan intérieur. Il abolit les libertés fondamentales, impose une idéologie unique, et s’appuie sur la terreur, la propagande et l’embrigadement pour soumettre la société à l’autorité totale du Führer.
Sur le plan extérieur, le régime mène une politique d’expansion territoriale agressive. L’Allemagne quitte la Société des Nations, réarme, occupe la Rhénanie (1936), annexe l’Autriche (Anschluss, mars 1938), puis les Sudètes (conférence de Munich, septembre 1938), avant d’envahir la Bohême-Moravie (mars 1939). Ces agressions préparent l’invasion de la Pologne en septembre 1939, qui marque l’entrée dans la Seconde Guerre mondiale.
Conclusion
Entre 1933 et 1939, le national-socialisme transforme l’Allemagne en un régime totalitaire, fondé sur la dictature personnelle de Hitler, la terreur d’État, la mobilisation idéologique et une politique raciale fondée sur l’exclusion, la persécution et la répression.
Parallèlement, le régime adopte une politique extérieure fondée sur la force, la révision du traité de Versailles et la conquête territoriale. En 1939, le nazisme a jeté les bases d’un conflit mondial à venir. Comprendre cette période permet de saisir les mécanismes de la dictature, les logiques de domination idéologique et les