Portées par les principes des Lumières et le soutien des monarques, les sciences connaissent au XVIIIe siècle un essor sans précédent. En même temps, l’horizon géographique et sociologique des connaissances scientifiques s’élargit.
I Un contexte nouveau
Repère
Mot cléLes Lumières sont un mouvement intellectuel qui se développe dans toute l’Europe au XVIIIe siècle. Elles sont fondées sur la raison par opposition aux préjugés.
Le XVIIIe siècle se caractérise par la volonté des Lumières de privilégier la raison face aux préjugés hérités de la tradition et de la religion.
Dans le sillage du nouvel esprit scientifique qui s’est développé au XVIIe siècle, les scientifiques croient au progrès comme source de bonheur pour l’homme.
Chez les élites, l’influence idéologique de l’Église recule. Derrière une pratique religieuse de façade, la société se sécularise.
De nombreux souverains européens, soucieux de leur gloire et ouverts aux idées nouvelles, soutiennent les philosophes et les savants. C’est le temps du « despotisme éclairé », forme d’absolutisme fondé sur la raison.
Ainsi, en 1700, Frédéric II de Prusse fonde l’Académie des sciences de Berlin où il fait venir le mathématicien allemand Leonhard Euler, appelé plus tard à Saint-Pétersbourg par l’impératrice Catherine II de Russie. En France, en 1736-1737, Louis XV charge le mathématicien et physicien Maupertuis de vérifier la théorie de Newton selon laquelle la Terre est aplatie aux pôles.
II De nombreux progrès scientifiques
Les savants cherchent à poser des lois universelles fondées sur l’observation et l’expérimentation. Dès la fin du XVIIe siècle, le physicien anglais Isaac Newton (1642-1727) pose les principes de la gravitation universelle et les lois de la mécanique, ce qui permet d’expliquer et de prévoir le mouvement des corps célestes.
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, le naturaliste français Georges Louis Buffon (1707-1788) instaure une classification des plantes et des animaux.
Jusqu’au XVIIe siècle, les savants se désintéressent souvent des applications techniques potentielles de leurs découvertes. Au XVIIIe siècle, au contraire, celles-ci débouchent sur de nombreux progrès techniques, en particulier dans l’industrie naissante. Ainsi, les travaux du chimiste français Antoine Lavoisier permettent la mise au point de la montgolfière grâce à la maîtrise de l’hydrogène.
III Une large diffusion
1 De multiples moyens de diffusion (l’exemple français)
La circulation des connaissances entre savants se fait par des rencontres directes, des échanges épistolaires, des discussions au sein d’académies ou par des journaux spécialisés comme Le Mercure de France.
Les connaissances se diffusent aussi auprès d’un public plus large : l’Encyclopédie, publiée de 1751 à 1772 sous la direction de Diderot et d’Alembert, fait un état de toutes les connaissances de l’époque dans tous les domaines ; des expériences publiques comme celles consacrées à l’électricité vulgarisent les sciences.
2 Une Europe scientifique
La diffusion des sciences s’effectue à l’échelle européenne : les ouvrages scientifiques sont traduits en plusieurs langues (Émilie du Châtelet traduit du latin au français les Principes mathématiques d’Isaac Newton) ; les savants européens participent à des controverses communes comme celles opposant les théories de Descartes à celles de Newton à propos du mouvement des planètes.
Grâce aux académies et aux séjours des savants, les grandes villes européennes deviennent les centres de cette Europe scientifique : Paris, Londres, Berlin, Vienne et Saint-Pétersbourg en sont les symboles.