Le climat, enjeu des relations internationales : les accords internationaux (Sommets de la Terre, COP…)

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Dans cette leçon, tu découvres comment la question climatique est devenue un enjeu diplomatique mondial, entre coopération internationale et tensions géopolitiques. Tu verras comment les accords de Rio, Kyoto et Paris ont structuré une gouvernance encore fragile face à l’urgence. Mots-clés : changement climatique, gouvernance mondiale, COP, Accord de Paris, GIEC, diplomatie climatique.

Introduction

Depuis les années 1970, le changement climatique s’est imposé comme un enjeu central des relations internationales. Longtemps cantonnée à la sphère scientifique ou environnementale, la question climatique mobilise désormais des logiques diplomatiques, économiques et géopolitiques. Elle engage l’avenir des équilibres planétaires, mais révèle aussi des désaccords profonds entre États : inégalités de responsabilité, écarts de vulnérabilité, divergence des intérêts stratégiques.

Pour répondre à ce défi global, la communauté internationale a construit un cadre multilatéral de négociation, fondé sur des conférences internationales, des rapports d’experts et des accords engageant les États. L’analyse de cette gouvernance permet de comprendre comment s’articulent coopérations et tensions autour d’un bien commun mondial (c’est-à-dire une ressource essentielle à tous les humains, indépendamment des frontières : ici, la stabilité du climat).

Des Sommets de la Terre à la Convention-cadre : les fondements d’une gouvernance climatique

Le Sommet de la Terre de Stockholm (1972) est la première grande réunion internationale consacrée à l’environnement, mais le climat y est peu présent. C’est à Rio de Janeiro, en 1992, lors du deuxième Sommet de la Terre, que le changement climatique devient un objet diplomatique structuré avec la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

Cette convention, signée par 154 pays, établit trois principes :

  • Le changement climatique est un problème mondial, qui requiert une réponse collective.

  • Les pays développés, responsables historiques des émissions, ont une responsabilité différenciée.

  • Un cycle de négociations annuelles, appelées COP (Conférences des Parties), est instauré.

En parallèle, le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), créé en 1988 sous l’égide de l’OMM (Organisation météorologique mondiale) et du PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement), devient la référence scientifique. Il ne propose pas de solutions, mais synthétise l’état des connaissances sur le climat, ses causes et ses effets, notamment les aléas climatiques extrêmes.

À retenir

Le Sommet de Rio (1992) jette les bases de la gouvernance climatique multilatérale, articulée autour de la CCNUCC, des COP et de l’expertise scientifique du GIEC.

Le protocole de Kyoto (1997) : un accord pionnier mais déséquilibré

Le protocole de Kyoto, adopté à la COP 3 en 1997, impose pour la première fois des objectifs chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre aux pays industrialisés. Il prévoit une baisse moyenne de 5 % d’ici 2012, par rapport au niveau de 1990.

Cet accord repose sur plusieurs instruments :

  • Des quotas d’émission échangeables sur un marché du carbone.

  • Des mécanismes de développement propre, permettant à un pays du Nord de financer un projet « bas carbone » dans un pays du Sud pour compenser ses émissions.

Mais sa portée reste très limitée :

  • Les États-Unis, principal émetteur de l’époque, ne ratifient pas l’accord.

  • Les pays émergents (Chine, Inde) ne sont pas contraints, car considérés comme en développement.

  • L’accord est contraignant en principe, mais sans mécanisme de sanction effectif, ce qui limite son efficacité.

Kyoto révèle ainsi les premiers clivages géopolitiques : entre le Nord historique, sommé d’agir, et les pays du Sud, qui exigent le droit au développement. Il cristallise également l’opposition entre des États à l’économie carbonée (États-Unis, Russie, pays pétroliers) et d’autres plus enclins à la régulation.

À retenir

Le protocole de Kyoto pose les premiers jalons d’une gouvernance climatique contraignante, mais il échoue à instaurer une coopération universelle en raison d’asymétries structurelles.

L’Accord de Paris (2015) : un cadre universel souple mais ambitieux

Signé lors de la COP 21, l’Accord de Paris marque un tournant dans la diplomatie climatique : pour la première fois, tous les pays, y compris les grands émetteurs comme les États-Unis, la Chine, l’Inde ou les pays producteurs de pétrole, s’engagent à limiter le réchauffement à +2 °C, voire 1,5 °C.

L’accord repose sur une logique de contributions nationales déterminées (NDC), que chaque pays définit librement, mais doit réviser tous les cinq ans. Seules ces obligations procédurales (participation, transparence, révision) sont juridiquement contraignantes ; les objectifs chiffrés eux-mêmes ne le sont pas.

Il prévoit aussi :

  • Un objectif de neutralité carbone au XXIe siècle.

  • Un système de transparence pour suivre les efforts.

  • Des financements climatiques en direction des pays du Sud.

À ce titre, le chiffre symbolique de 100 milliards de dollars par an, annoncé en 2009 à Copenhague, est réaffirmé, mais jamais atteint complètement, ce qui alimente un sentiment d’injustice dans les pays en développement.

À retenir

L’Accord de Paris établit une architecture inclusive et évolutive, fondée sur l’engagement volontaire, mais souffre d’un manque de contrainte sur les résultats et d’un retard persistant des financements promis.

Une diplomatie climatique sous tensions : puissance, leadership et vulnérabilités

La gouvernance climatique est aujourd’hui marquée par de profonds déséquilibres géopolitiques :

  • Les États-Unis, longtemps ambivalents (retrait sous Trump, retour sous Biden), oscillent entre puissance émettrice et acteur diplomatique influent.

  • La Chine, premier émetteur mondial, affirme sa volonté de contribuer à l’effort climatique, tout en poursuivant une croissance fondée sur le charbon.

  • Les pays exportateurs de pétrole (Arabie Saoudite, Émirats, Russie) freinent les engagements contraignants.

  • L’Union européenne, en revanche, joue un rôle de leader normatif, avec le Green Deal, la taxe carbone aux frontières, et une diplomatie climatique active.

Les COP récentes (Glasgow 2021, Charm el-Cheikh 2022, Dubaï 2023) illustrent cette complexité : elles produisent des avancées techniques ponctuelles, mais peinent à faire émerger des engagements globaux suffisamment ambitieux.

En parallèle, les acteurs non étatiques (villes, ONG, entreprises, mobilisations citoyennes) s’imposent comme des forces de pression et d’innovation, contribuant à pallier l’inertie des États.

À retenir

La diplomatie climatique reflète un rapport de forces mondial, opposant grands émetteurs, pays vulnérables et puissances régulatrices, dans un cadre où la coopération reste fragile et incomplète.

Conclusion

Depuis plus de trente ans, la communauté internationale s’efforce de construire une gouvernance climatique à travers des accords multilatéraux et une diplomatie environnementale structurée. Si des progrès ont été réalisés – reconnaissance du rôle des États, montée en puissance des acteurs scientifiques et de la société civile, coordination institutionnelle – les résultats concrets restent en deçà des enjeux.

Le changement climatique agit désormais comme un révélateur des fractures du monde : entre pays du Nord et du Sud, entre intérêts économiques et exigences écologiques, entre urgence scientifique et lenteur politique. L’avenir de la planète dépendra de la capacité à renforcer ces coopérations, à réduire les asymétries, et à faire du climat non plus un champ de rivalités, mais un terrain de solidarité et de responsabilité partagée.