Introduction
Chaque repas que tu prends apporte à ton organisme l’énergie nécessaire pour vivre, te déplacer, réfléchir ou encore maintenir ta température à 37 °C. Cette énergie provient essentiellement de l’énergie solaire, captée par les plantes via la photosynthèse, stockée dans les molécules organiques (glucose, amidon, lipides, protéines) et transmise à l’homme par son alimentation. Toutefois, une petite partie de notre alimentation, comme l’eau, le sel ou certains oligoéléments, n’est pas issue directement de la photosynthèse. Comprendre comment se construit le bilan énergétique du corps humain, entre apports alimentaires et dépenses métaboliques, permet de relier alimentation et santé.
Les apports énergétiques de l’alimentation
L’alimentation fournit trois grands nutriments énergétiques. Les glucides apportent environ () et constituent la principale source d’énergie immédiate. Les lipides, beaucoup plus concentrés, libèrent environ () et servent de réserve. Les protéines, qui jouent surtout un rôle structural et fonctionnel dans l’organisme, apportent elles aussi () lorsqu’elles sont utilisées à des fins énergétiques. À cela s’ajoute l’alcool, qui fournit (), bien qu’il ne soit pas un nutriment indispensable.
Pour un bon équilibre alimentaire, les recommandations moyennes indiquent environ 50 à 55 % de l’énergie sous forme de glucides, 30 à 35 % sous forme de lipides et 10 à 15 % sous forme de protéines. Les besoins énergétiques se mesurent en kilojoules () ou en kilocalories (). Chez un adolescent, ils sont de l’ordre de à par jour ( à ). Ces valeurs sont des ordres de grandeur moyens, car les besoins augmentent fortement avec une activité physique intense, que ce soit pour les sportifs ou dans certains métiers physiques exigeants.
Au XVIIIe siècle, Lavoisier mit en évidence le lien entre respiration et combustion grâce à des chambres calorimétriques rudimentaires. Plus tard, à la fin du XIXᵉ siècle, des chercheurs comme Rubner et Atwater quantifièrent précisément la valeur énergétique des nutriments, ouvrant la voie aux recommandations nutritionnelles modernes.
À retenir
Les glucides, lipides, protéines et même l’alcool fournissent de l’énergie. L’équilibre alimentaire repose sur une répartition moyenne : 50-55 % glucides, 30-35 % lipides et 10-15 % protéines.
Les dépenses énergétiques du corps humain
Même au repos, le corps consomme de l’énergie. Le métabolisme de base, qui représente environ 60 à 70 % des dépenses quotidiennes, couvre les fonctions vitales comme la respiration, les battements du cœur ou la thermorégulation. À cela s’ajoutent la digestion et surtout les activités physiques, dont la dépense varie fortement selon l’intensité. Par exemple, courir 30 minutes correspond à environ 1 200 kJ, mais cette valeur est indicative car elle dépend du poids de la personne, de la vitesse et de l’intensité de l’effort.
Toute cette énergie provient de la dégradation des nutriments par la respiration cellulaire. L’oxydation complète d’une mole de glucose libère environ . En pratique, seulement 30 à 40 % de cette énergie est transformée en ATP (adénosine triphosphate, molécule universelle de stockage et de transfert d’énergie), le reste étant dissipé sous forme de chaleur. Ce dégagement thermique contribue à maintenir la température corporelle autour de 37 °C.
À retenir
Le métabolisme de base, l’activité physique, la digestion et la régulation thermique consomment de l’énergie. L’oxydation du glucose libère par mole, dont 30-40 % sont stockés en ATP et le reste dissipé en chaleur.
Les bilans énergétiques et la santé
La santé dépend de la relation entre apports et dépenses. Si les apports sont inférieurs aux dépenses, l’organisme puise dans ses réserves. Cela conduit à une perte de poids et peut déboucher sur des carences ou une dénutrition, avec affaiblissement du système immunitaire. À l’inverse, si les apports dépassent les dépenses, l’excédent est stocké sous forme de graisses, entraînant surpoids et obésité. Ce déséquilibre augmente les risques de maladies métaboliques comme le diabète de type 2, l’hypertension artérielle ou les maladies cardiovasculaires.
Pour évaluer la situation d’un individu, les médecins utilisent l’indice de masse corporelle (IMC), calculé en divisant la masse () par la taille au carré (). Un IMC compris entre 18,5 et 25 est généralement considéré comme normal. Un IMC inférieur à 18,5 traduit une maigreur excessive, tandis qu’un IMC supérieur à 30 indique une obésité. Cependant, l’IMC a des limites : il ne distingue pas la masse grasse de la masse musculaire et peut donc conduire à des interprétations erronées chez certaines personnes, comme les sportifs.
Lorsque les apports et les dépenses sont équilibrés, le poids et l’état de santé sont stables : on parle d’équilibre énergétique.
À retenir
Un bilan énergétique déséquilibré conduit à la dénutrition ou à l’obésité. L’IMC est un indicateur simple mais imparfait de l’état nutritionnel.
Enjeux mondiaux
Ces problématiques dépassent l’échelle individuelle. Dans certains pays, la dénutrition demeure un problème majeur, tandis que dans d’autres, la transition nutritionnelle (passage d’une alimentation traditionnelle à une alimentation riche en graisses et en sucres) entraîne une explosion du surpoids et des maladies métaboliques. Ce phénomène est particulièrement marqué dans les pays émergents, où l’évolution rapide des modes de vie bouleverse les habitudes alimentaires. À cela s’ajoute la question environnementale : les choix alimentaires influencent l’empreinte carbone. La surconsommation de viande, les régimes déséquilibrés ou les monocultures intensives accentuent la pression sur les ressources naturelles et aggravent le changement climatique.
À retenir
Le bilan énergétique est un enjeu mondial : la sous-alimentation et la surconsommation coexistent, et la transition nutritionnelle dans les pays émergents accentue les risques sanitaires et environnementaux.
Conclusion
Le bilan énergétique du corps humain repose sur l’équilibre entre apports alimentaires et dépenses métaboliques. Cet équilibre conditionne la santé : trop peu d’énergie conduit à la dénutrition, trop d’énergie entraîne le surpoids et les maladies métaboliques. De Lavoisier aux travaux de Rubner et Atwater, l’histoire des sciences a permis de comprendre et de quantifier ce bilan. Aujourd’hui, les enjeux sont aussi sociaux et environnementaux : dans un monde où coexistent faim, obésité et réchauffement climatique, la réflexion sur nos choix alimentaires est essentielle pour préserver à la fois la santé humaine et la planète.
