Introduction
La manière dont les ménages dépensent leur revenu révèle les grandes évolutions économiques et sociales de la société. Selon leur niveau de vie, leur âge, leur lieu d’habitation ou les transformations technologiques, la structure de la consommation change. Autrefois centrée sur l’alimentation et les biens matériels, elle s’oriente désormais vers les services, les loisirs et le logement, tout en intégrant de nouvelles préoccupations environnementales. L’étude des coefficients budgétaires permet de comprendre ces mutations et d’analyser comment les prix relatifs des biens et services influencent la répartition des dépenses des ménages.
Comprendre la structure de la consommation des ménages
La structure de la consommation désigne la manière dont les ménages répartissent leur revenu disponible entre différents postes de dépenses. Les économistes la mesurent à l’aide des coefficients budgétaires, qui indiquent la part consacrée à chaque type de dépense dans le budget total.
Exemple : si un ménage consacre 20 % de son revenu à l’alimentation et 10 % aux transports, ces proportions représentent ses coefficients budgétaires.
Ces parts traduisent à la fois les choix de consommation et les contraintes économiques des ménages. Les dépenses dites pré-engagées (loyer, abonnements, assurances, factures d’énergie) limitent la part du revenu disponible pour les loisirs ou la culture. À l’inverse, l’augmentation du niveau de vie permet une diversification de la consommation et une montée en gamme vers des produits de meilleure qualité ou plus responsables.
À retenir
La structure de la consommation correspond à la répartition du revenu entre différents postes de dépenses. Les coefficients budgétaires permettent d’en mesurer les évolutions.
L’évolution de la consommation : du nécessaire au confort
Depuis les années 1960, la structure de la consommation des ménages français s’est profondément transformée. D’après l’INSEE, la part de l’alimentation dans le budget est passée de plus de 30 % dans les années 1960 à environ 13 % aujourd’hui. Cette baisse ne signifie pas que les ménages consomment moins, mais qu’ils y consacrent une part moindre de leur revenu, du fait de la hausse du pouvoir d’achat et de la baisse relative des prix alimentaires.
À l’inverse, d’autres postes ont nettement progressé :
Le logement est devenu le premier poste de dépense des ménages, représentant plus de 26 % du budget en 2024 selon l’INSEE. Cette hausse s’explique par la montée du prix des loyers, le coût de l’énergie et la part croissante des charges liées au logement.
Les transports conservent une place importante dans les dépenses, même si la crise sanitaire de 2020 a temporairement fait chuter leur part avec la baisse des déplacements.
Les loisirs, les communications et la santé occupent une place croissante, reflétant l’évolution des modes de vie, le vieillissement de la population et la généralisation du numérique.
Ces transformations confirment la loi d’Engel, selon laquelle la part du budget consacrée aux besoins essentiels (comme l’alimentation) diminue à mesure que le revenu augmente, tandis que celle dédiée aux biens de confort et aux services progresse.
Enfin, la crise sanitaire de 2020 a temporairement bouleversé cette répartition : recul des dépenses de transport et de loisirs, mais hausse des dépenses d’équipement du logement (mobilier, informatique, aménagement intérieur), liées à la généralisation du télétravail et à la recherche de confort à domicile.
À retenir
La structure de la consommation a évolué du nécessaire vers le confort. Le logement est désormais le premier poste de dépense, devant l’alimentation et les transports.
Le rôle des prix relatifs et la montée des services
Ces changements s’expliquent aussi par l’évolution des prix relatifs entre les biens et les services. Les prix des services (santé, éducation, restauration, loisirs, aide à domicile) augmentent plus rapidement que ceux des biens industriels. Cette différence provient du fait que la productivité progresse plus lentement dans les services, où la présence humaine reste indispensable.
Exemple : un professeur ou un médecin ne peut pas être remplacé par une machine, contrairement à certaines tâches automatisées dans l’industrie.
Inversement, les gains de productivité et la concurrence internationale ont permis de stabiliser les prix des produits manufacturés, parfois même de les faire baisser. Ces écarts expliquent la hausse de la part des services dans la consommation globale, même si les volumes consommés n’augmentent pas forcément.
Cette tertiairisation de la consommation reflète la transformation des modes de vie : recherche de confort, de bien-être et de temps libre, au détriment des achats matériels. Elle accompagne aussi l’essor d’une consommation plus responsable, privilégiant les produits bio, les circuits courts, la réparation et l’économie collaborative (seconde main, covoiturage, partage d’objets). Ces nouvelles pratiques s’inscrivent dans la logique de la transition écologique, qui modifie en profondeur la manière de consommer.
À retenir
La hausse du prix des services et la recherche d’une consommation plus durable expliquent la tertiarisation de la consommation. Les choix de dépenses traduisent aussi de nouvelles valeurs sociales et environnementales.
Conclusion
L’étude de la structure de la consommation met en lumière les transformations économiques et culturelles de la société française. L’alimentation a reculé au profit du logement, des transports, des loisirs et des services, dont les prix augmentent plus vite. Les évolutions récentes — crise sanitaire, inflation énergétique, prise de conscience écologique — ont encore accéléré ces mutations. Aujourd’hui, la consommation n’est plus seulement un indicateur de bien-être matériel : elle devient aussi un enjeu de durabilité, au cœur des débats sur la transition écologique et des politiques visant à concilier croissance, pouvoir d’achat et respect de l’environnement.
