Introduction
Produire, consommer et investir nécessitent des ressources financières. Mais tous les acteurs économiques ne disposent pas des mêmes moyens : certains ont un excédent d’épargne, d’autres manquent de liquidités pour financer leurs projets. C’est cette rencontre entre les uns et les autres qui constitue le financement de l’économie. Comprendre la situation des agents économiques — selon qu’ils ont des besoins ou des capacités de financement — permet de saisir le rôle des banques, des marchés financiers, de l’État et de la Banque centrale européenne (BCE) dans la circulation des ressources au sein du système économique.
Les agents à capacité et à besoin de financement
Chaque agent économique — ménage, entreprise, administration publique ou institution financière — réalise des opérations de revenus et de dépenses. Selon leur situation, ils dégagent soit un excédent, soit un déficit de ressources.
Les agents à capacité de financement disposent d’un revenu supérieur à leurs dépenses. Ils épargnent une partie de leurs ressources et peuvent ainsi prêter ou investir. C’est le cas, en général, des ménages, qui ne consomment pas la totalité de leur revenu et placent leur épargne sur des produits financiers (livrets, assurance-vie, actions, obligations).
Exemple : lorsqu’un ménage dépose une partie de son salaire sur un compte épargne, il met des fonds à la disposition du système financier.
Les agents à besoin de financement ont au contraire des dépenses supérieures à leurs revenus. Ils doivent donc emprunter ou mobiliser des fonds pour financer leurs activités. Cela concerne principalement les entreprises, qui investissent pour produire davantage, et les administrations publiques, qui peuvent recourir à l’endettement pour financer les services publics ou combler un déficit budgétaire.
Exemple : une entreprise qui achète de nouvelles machines sans disposer de la trésorerie suffisante fait appel à un crédit bancaire.
Cette distinction, utilisée par l’INSEE dans la comptabilité nationale, permet de mesurer les flux financiers entre les différents secteurs institutionnels (ménages, sociétés, administrations, institutions financières, reste du monde) et d’évaluer la santé financière globale de l’économie.
À retenir
Les agents à capacité de financement prêtent leur épargne, tandis que les agents à besoin de financement empruntent pour couvrir leur déficit. Ces échanges assurent la circulation des capitaux au sein de l’économie.
Le rôle du financement et des intermédiaires financiers
Le financement de l’économie consiste à transférer l’épargne des agents excédentaires vers ceux qui ont besoin de ressources pour investir ou consommer. Ce mécanisme soutient l’activité économique et favorise la croissance.
Il existe deux modes de financement principaux :
Le financement direct, lorsque les agents à besoin de financement se procurent des ressources sur les marchés financiers en émettant des actions ou des obligations. Ce mode concerne surtout les grandes entreprises et l’État.
Le financement indirect, lorsque les banques et les institutions financières collectent l’épargne des ménages pour la redistribuer sous forme de crédits. Ce système, dominant en France, repose sur la transformation de l’épargne en prêts : les banques empruntent à court terme (dépôts) et prêtent à long terme (crédits immobiliers, prêts aux entreprises).
Dans ce cadre, la Banque centrale européenne (BCE) joue un rôle essentiel. En fixant les taux directeurs, elle influence le coût du crédit et donc les décisions d’emprunt et d’investissement.
Exemple : lorsque la BCE abaisse ses taux, les crédits deviennent moins chers, ce qui stimule la consommation et l’investissement ; à l’inverse, une hausse des taux vise à freiner l’inflation en rendant l’emprunt plus coûteux.
À retenir
Le financement peut être direct (marchés financiers) ou indirect (par les banques). La Banque centrale, en agissant sur les taux d’intérêt, régule le coût du crédit et influence l’activité économique.
Les politiques de soutien à l’investissement
L’État joue également un rôle de régulateur et de stimulateur du financement de l’économie, notamment dans les périodes de crise ou de transition.
Pendant la crise sanitaire de 2020, la France a mis en place les prêts garantis par l’État (PGE), qui ont permis à des milliers d’entreprises de continuer à fonctionner malgré la chute de leur activité. Ces dispositifs ont temporairement accru la capacité de financement des acteurs économiques en leur facilitant l’accès au crédit.
Plus récemment, les politiques publiques se sont orientées vers la modernisation et la transition écologique de l’économie. Le plan France 2030, lancé en 2021, mobilise plusieurs dizaines de milliards d’euros pour soutenir l’innovation industrielle, la recherche technologique et la production d’énergies décarbonées. Ce type de programme illustre la manière dont l’État intervient pour orienter les financements vers des secteurs stratégiques, tout en stimulant la croissance à long terme.
À retenir
Les politiques publiques, comme les prêts garantis par l’État ou le plan France 2030, visent à soutenir l’investissement, l’emploi et la transition écologique. Elles complètent le rôle des banques et de la BCE dans la régulation financière.
L’équilibre global des financements
À l’échelle de l’économie, les besoins et les capacités de financement doivent s’équilibrer. Si les entreprises et les administrations empruntent plus que les ménages n’épargnent, le pays doit faire appel à des capitaux extérieurs, via le reste du monde (investisseurs étrangers, fonds internationaux, banques étrangères).
Cet équilibre est crucial pour la stabilité économique. Un endettement excessif des administrations publiques ou des entreprises peut affaiblir la confiance des investisseurs et augmenter le coût du financement. À l’inverse, une épargne excédentaire mal utilisée peut freiner la croissance en limitant les investissements productifs.
À retenir
Le financement global de l’économie repose sur un équilibre entre épargne et investissement. Les déséquilibres persistants, internes ou externes, peuvent fragiliser la stabilité financière.
Conclusion
La distinction entre agents à capacité et agents à besoin de financement éclaire les mécanismes de circulation de l’épargne et de l’investissement. Les banques, les marchés financiers, la BCE et l’État jouent chacun un rôle complémentaire pour assurer le financement de l’économie et soutenir la croissance. Par leurs politiques monétaires et budgétaires, ils cherchent à maintenir un équilibre durable entre stabilité financière, investissement et activité économique, condition essentielle du développement à long terme.
