La panique bancaire et les faillites en conséquence

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Dans cette leçon, tu apprends comment une panique bancaire peut fragiliser tout le système financier, même lorsque les banques sont solides. Tu découvriras la différence entre liquidité et solvabilité, ainsi que le rôle des autorités, des banques centrales et des garanties de dépôts pour préserver la confiance et éviter la contagion financière. Mots-clés : panique bancaire, liquidité, solvabilité, banque centrale, assurance des dépôts, stabilité financière.

Introduction

Le système bancaire repose sur un équilibre délicat entre confiance et stabilité. Les banques collectent des dépôts à court terme pour financer des crédits à long terme, une activité indispensable à l’économie mais intrinsèquement risquée. Si les déposants cherchent à retirer massivement leur argent, même une banque saine peut être fragilisée.

Ce phénomène, appelé panique bancaire, peut se propager à l’ensemble du système financier et, dans les cas extrêmes, provoquer une crise économique. Pour éviter ces situations, les autorités disposent d’outils spécifiques, mais encore faut-il distinguer entre un problème de liquidité et un problème de solvabilité, distinction essentielle pour comprendre les conditions d’intervention publique.

Une vulnérabilité liée au fonctionnement même des banques

Les banques commerciales jouent un rôle central dans le financement de l’économie : elles accordent des crédits aux ménages et aux entreprises tout en collectant l’épargne du public. Cette activité repose sur une transformation des échéances, c’est-à-dire un décalage de maturité : les banques empruntent à court terme, sous forme de dépôts que les clients peuvent retirer à tout moment, pour prêter à long terme, souvent sur plusieurs années.

Ce décalage de maturité rend les banques vulnérables. Elles ne conservent qu’une faible part de liquidités immédiatement disponibles, car elles utilisent l’essentiel des dépôts pour financer les crédits. Si la confiance disparaît et que les déposants retirent massivement leurs fonds, la banque peut se retrouver en difficulté, même si ses prêts sont globalement solides et rentables.

Il faut donc distinguer deux types de fragilités. Une banque peut souffrir d’un manque de liquidité, c’est-à-dire d’un manque temporaire de trésorerie pour faire face aux retraits immédiats, ou d’un problème de solvabilité, lorsque la valeur totale de ses actifs devient inférieure à celle de ses dettes. Dans ce second cas, l’établissement n’est plus viable sur le long terme.

À retenir

Le fonctionnement même des banques les rend vulnérables à la perte de confiance. Leur stabilité dépend autant de leur solidité financière que de la confiance des déposants.

Les enchaînements d’une panique bancaire

Une panique bancaire peut naître d’un simple bruit de marché, d’une rumeur, ou de l’annonce d’une faillite isolée. Craignant pour leur argent, les épargnants se précipitent pour retirer leurs dépôts. Ce mouvement collectif aggrave la situation : les banques doivent vendre leurs actifs rapidement pour obtenir des liquidités, ce qui en fait baisser la valeur.

Cette spirale déclenche alors plusieurs effets cumulatifs. Une crise de liquidité apparaît lorsque la banque ne dispose plus de suffisamment de ressources pour répondre aux retraits. Si la vente précipitée de ses actifs révèle qu’ils valent moins que prévu, cette crise de liquidité peut se transformer en crise de solvabilité. Enfin, le phénomène peut se propager à d’autres établissements par le biais du marché interbancaire, où les banques se prêtent de l’argent à court terme pour équilibrer leur trésorerie. Si la confiance disparaît, ces échanges se bloquent, paralysant le système tout entier.

L’exemple de 2008 illustre parfaitement ce processus : après la faillite de Lehman Brothers, les banques du monde entier se sont méfiées les unes des autres et ont cessé de se prêter. Le marché interbancaire s’est alors figé, aggravant la crise de liquidité mondiale et entraînant une récession profonde.

À retenir

Une panique bancaire peut provoquer un cercle vicieux : retraits massifs, ventes d’urgence, pertes et contagion. La confiance, entre les banques comme avec les clients, devient alors l’élément le plus fragile du système.

Le rôle des autorités : prévenir et gérer les crises

Pour éviter ces paniques et en limiter les effets, les autorités publiques disposent de plusieurs instruments complémentaires.

Le premier est l’assurance des dépôts : dans l’Union européenne, les dépôts bancaires sont garantis jusqu’à 100 000 euros par personne et par établissement. Ce mécanisme vise à rassurer les épargnants et à prévenir les retraits de masse.

Le deuxième levier est celui de la banque centrale, qui agit comme prêteur en dernier ressort. Lorsqu’une banque est en manque temporaire de liquidités mais reste solvable, la banque centrale peut lui fournir des fonds pour l’aider à surmonter la crise sans céder ses actifs dans la panique.

Enfin, la régulation prudentielle, renforcée après la crise de 2008 par les accords de Bâle III, impose aux banques de respecter plusieurs ratios : un ratio de solvabilité, qui évalue la proportion de fonds propres nécessaires pour couvrir les risques pris ; un ratio de liquidité à court terme (LCR), garantissant des réserves suffisantes pour affronter un choc temporaire ; et un ratio de financement stable à long terme (NSFR), qui limite les déséquilibres de maturité.

La résilience bancaire désigne cette capacité d’un système à résister à un choc sans s’effondrer. L’exemple de 2023, lors de la faillite de la Silicon Valley Bank, montre l’importance de ces mécanismes : la garantie rapide des dépôts par les autorités américaines a permis d’éviter une panique plus large. Toutefois, les autorités peuvent choisir de ne pas intervenir lorsqu’une banque est jugée insolvable ou mal gérée, afin d’éviter l’aléa moral, c’est-à-dire le risque que les institutions prennent trop de risques en comptant sur un sauvetage automatique.

À retenir

Les banques centrales et les régulateurs disposent d’outils puissants pour prévenir les paniques, mais ils n’interviennent pas systématiquement. La solidité et la bonne gestion des établissements restent des conditions essentielles à leur soutien.

Conclusion

Les paniques bancaires rappellent à quel point la stabilité financière repose sur la confiance collective. Même les établissements les plus solides peuvent vaciller si les déposants ou les partenaires financiers doutent de leur fiabilité. Distinguer entre un manque de liquidité, que les autorités peuvent compenser, et une insolvabilité structurelle, qui exige une restructuration ou une faillite, est essentiel pour orienter les politiques de crise.

Grâce à la garantie des dépôts, à la supervision bancaire et au rôle de prêteur en dernier ressort des banques centrales, les États cherchent à renforcer la résilience du système financier. Mais la gestion d’une panique reste un exercice délicat : dans la finance, la perception du risque peut être aussi déstabilisante que le risque lui-même.