Introduction
Quand une entreprise fabrique un bien ou propose un service, elle crée de la richesse. Mais comment mesurer cette richesse, à la fois pour une entreprise et pour l’ensemble d’un pays ? Les économistes utilisent pour cela des agrégats économiques comme la valeur ajoutée et le Produit intérieur brut (PIB). Ces indicateurs permettent d’évaluer la production, de comparer les performances économiques et de suivre la croissance dans le temps. Pourtant, ils ne disent pas tout : certaines richesses, comme les services publics ou la qualité de vie, échappent à la seule mesure monétaire.
La valeur ajoutée : mesurer la richesse créée par les entreprises et les administrations publiques
Chaque entreprise participe à la création de richesse en transformant des biens ou des services achetés auprès d’autres producteurs. Pour mesurer sa contribution réelle, on calcule la valeur ajoutée, c’est-à-dire la différence entre la valeur de la production finale (le prix de vente) et la valeur des consommations intermédiaires (matières premières, énergie, composants).
Exemple : un artisan achète pour 500 € de bois et revend ses meubles 1 200 €. Sa valeur ajoutée est de 700 € : c’est cette somme qui mesure la richesse qu’il a réellement créée.
La valeur ajoutée sert à rémunérer les différents acteurs économiques : les salariés (salaires), les propriétaires du capital (intérêts et dividendes), l’État (impôts), et les entreprises elles-mêmes (bénéfices réinvestis). Elle lie donc directement la production à la répartition de la richesse au sein de l’économie.
Pour les administrations publiques, qui ne vendent pas leurs services sur un marché, la valeur ajoutée ne peut pas être calculée à partir d’un prix de vente. Elle est donc estimée par la somme de leurs coûts de production, c’est-à-dire principalement les rémunérations des agents publics, mais aussi la consommation intermédiaire (comme l’achat de fournitures) et l’amortissement du capital public (entretien des bâtiments, renouvellement du matériel).
Ainsi, qu’elle soit marchande ou non marchande, la valeur ajoutée permet de mesurer la contribution réelle de chaque agent à la création de richesse.
À retenir
La valeur ajoutée correspond à la richesse effectivement créée par un producteur. Elle se calcule en retranchant les consommations intermédiaires à la production. Pour les administrations publiques, elle est évaluée à partir des coûts de production.
Le Produit intérieur brut : évaluer la richesse d’un pays
Pour connaître la richesse créée à l’échelle d’un territoire, les économistes additionnent la valeur ajoutée de tous les producteurs : c’est le Produit intérieur brut (PIB).
Le PIB aux prix du marché correspond à la somme des valeurs ajoutées réalisées sur le territoire national augmentée des impôts sur les produits (comme la TVA) et diminuée des subventions versées par l’État. Cette précision permet de le distinguer du PIB au coût des facteurs, qui ne tient pas compte de ces ajustements fiscaux.
Le PIB est calculé par l’INSEE dans le cadre de la comptabilité nationale. Il sert à mesurer le niveau d’activité d’un pays, mais aussi son dynamisme économique. Le PIB par habitant indique le niveau moyen de richesse produite par personne, tandis que le taux de croissance du PIB montre l’évolution de cette production dans le temps.
En France, le PIB a progressé d’environ 1 % en 2024 (source : INSEE), ce qui témoigne d’une croissance modérée après plusieurs années de forte volatilité liée aux crises successives.
Le PIB est donc un outil central pour évaluer et comparer les économies. Mais il a ses limites : il ne mesure ni la qualité de vie, ni les inégalités sociales, ni l’impact environnemental des activités productives.
À retenir
Le PIB aux prix du marché est la somme des valeurs ajoutées augmentée des impôts sur les produits et diminuée des subventions. Il mesure la richesse totale créée sur un territoire et sert à suivre la croissance économique.
Au-delà du PIB : d’autres indicateurs pour évaluer le développement
Le PIB indique la quantité de richesse produite, mais pas sa qualité. Pour mieux apprécier le niveau de développement d’un pays, les économistes recourent à d’autres indicateurs.
Le plus connu est l’Indice de développement humain (IDH), conçu par l’ONU. Il combine trois dimensions :
le revenu national brut par habitant (RNB/habitant), qui mesure la richesse moyenne disponible pour les habitants d’un pays ;
le niveau d’éducation, estimé à partir de la durée moyenne de scolarisation et de la durée attendue d’études ;
et l’espérance de vie, qui traduit l’état de santé général de la population.
Ainsi, un pays peut avoir un PIB élevé mais un IDH faible si la richesse est mal répartie ou si les services publics restent insuffisants. L’IDH complète donc utilement le PIB en intégrant des dimensions humaines et sociales du développement.
D’autres indicateurs existent, comme l’indice de pauvreté multidimensionnelle, les indicateurs de soutenabilité environnementale ou le bonheur national brut, qui cherchent à mieux mesurer le bien-être global des populations.
À retenir
L’IDH combine le revenu national brut par habitant, l’éducation et la santé pour mesurer le niveau de développement. Il offre une vision plus complète du bien-être qu’un simple indicateur économique.
Conclusion
La mesure de la production repose sur deux grands outils : la valeur ajoutée, qui évalue la richesse créée par chaque agent, et le PIB, qui agrège ces contributions à l’échelle nationale. Ces indicateurs permettent de suivre la croissance et d’analyser la répartition de la richesse entre les acteurs économiques. Leur interprétation exige cependant prudence : ils mesurent la quantité de production, mais non sa répartition, ni son impact social ou écologique. C’est pourquoi des indicateurs comme l’IDH complètent aujourd’hui l’analyse du développement, en rappelant que la richesse d’une nation ne se réduit pas à sa seule performance économique.
