La lutte contre le chômage

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Dans cette leçon, tu découvres les différentes politiques économiques mises en œuvre pour réduire le chômage. Tu verras comment les États peuvent agir sur la demande globale, le coût du travail, la formation et la flexibilité du marché de l’emploi, tout en cherchant à concilier efficacité économique et justice sociale. Mots-clés : politiques de l’emploi, chômage, relance keynésienne, coût du travail, formation professionnelle, flexibilité.

Introduction

Le chômage constitue l’un des défis majeurs des économies contemporaines. Qu’il soit conjoncturel, c’est-à-dire lié à un ralentissement temporaire de l’activité, ou structurel, issu de déséquilibres plus profonds et durables, il appelle des politiques publiques diversifiées. Les pouvoirs publics peuvent agir de plusieurs manières : en stimulant la demande globale, en réduisant le coût du travail, en renforçant les compétences des actifs ou encore en adaptant les règles du marché du travail.

Ces stratégies, parfois complémentaires, s’accompagnent de débats récurrents sur leur efficacité, leurs effets secondaires – tels que le coût budgétaire ou la précarisation – et leur compatibilité avec le cadre institutionnel européen. Cette leçon présente les principales politiques mises en œuvre pour réduire le chômage, en soulignant leurs limites et les controverses qu’elles suscitent.

Soutenir la demande globale pour favoriser l’emploi

Dans la tradition keynésienne, le chômage conjoncturel résulte d’une insuffisance de la demande globale. En période de crise, les ménages consomment moins, les entreprises investissent moins, et cette contraction entraîne une baisse de la production et de l’emploi.

Pour y remédier, les États peuvent recourir à deux instruments principaux : la politique budgétaire et la politique monétaire. La politique budgétaire consiste à augmenter les dépenses publiques – par exemple en lançant des programmes d’investissement – ou à réduire les impôts afin de stimuler la consommation. La politique monétaire, quant à elle, vise à abaisser les taux d’intérêt, ce qui facilite le crédit, encourage l’investissement et soutient la reprise de l’activité.

Ces mesures reposent sur le multiplicateur keynésien, selon lequel une dépense initiale – publique ou privée – crée un revenu supplémentaire pour d’autres agents économiques, qui le dépensent à leur tour, générant ainsi un effet en chaîne sur la production et l’emploi. L’efficacité de ce mécanisme dépend de la propension marginale à consommer : plus les ménages dépensent une part importante de leur revenu, plus la relance est forte.

En 2020, face à la crise sanitaire, l’État français a lancé un plan de relance de 100 milliards d’euros pour soutenir la demande et préserver l’emploi. Toutefois, ce type d’intervention soulève une question centrale : celle du creusement du déficit public. Dans la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) détient la compétence en matière de politique monétaire. L’État français ne peut donc pas ajuster seul les taux d’intérêt pour stimuler la demande intérieure.

À retenir

Le soutien à la demande globale constitue un levier efficace pour lutter contre le chômage conjoncturel, mais son impact dépend du contexte économique et de la soutenabilité des finances publiques.

Réduire le coût du travail pour inciter à l’embauche

Selon la perspective néoclassique, le chômage peut provenir d’un coût du travail trop élevé, en particulier pour les emplois peu qualifiés. Réduire ce coût permettrait d’améliorer la rentabilité de l’embauche pour les entreprises et d’encourager la création d’emplois. Les pouvoirs publics disposent de plusieurs instruments pour agir dans ce sens.

Les allègements de cotisations sociales, tels que le dispositif Fillon, réduisent le coût du travail sur les bas salaires afin de soutenir l’emploi peu qualifié. Les subventions à l’embauche, comme celles du plan « 1 jeune, 1 solution » lancé en 2021, offrent jusqu’à 4 000 euros d’aide pour l’embauche d’un jeune. Enfin, des exonérations fiscales ciblées peuvent compléter ces dispositifs pour encourager le recrutement de certaines catégories de travailleurs, comme les chômeurs de longue durée.

Toutefois, ces politiques ne sont pas exemptes de limites. Elles peuvent engendrer un effet d’aubaine, lorsque l’aide financière ne modifie pas réellement la décision d’embauche mais finance une embauche qui aurait eu lieu de toute façon. De plus, elles représentent souvent un coût budgétaire important pour l’État.

À retenir

La réduction du coût du travail peut stimuler l’emploi, surtout pour les travailleurs peu qualifiés, mais son efficacité est variable et son coût pour les finances publiques reste élevé.

Former pour améliorer l’adéquation entre offre et demande

Le chômage peut aussi découler d’un mauvais appariement entre les compétences disponibles sur le marché du travail et les besoins des entreprises.

Les politiques de formation visent à corriger cette inadéquation, en renforçant la capacité des travailleurs à s’adapter aux évolutions économiques et technologiques. Elles se déclinent en trois volets : la formation initiale, orientée vers les secteurs porteurs grâce à une meilleure coordination entre le système éducatif et les besoins économiques ; la formation continue, qui permet aux actifs de se reconvertir ou de monter en compétences tout au long de leur carrière ; et enfin l’apprentissage, qui associe formation théorique et expérience professionnelle, facilitant l’insertion des jeunes sur le marché du travail. Le compte personnel de formation (CPF), accessible à chaque actif, illustre cette logique de formation tout au long de la vie.

En 2022, près de deux millions de formations ont été financées grâce à ce dispositif. Ces politiques sont coordonnées par France Travail, qui accompagne les demandeurs d’emploi dans leur orientation, leur formation et leur insertion. Leur efficacité dépend cependant de la qualité de l’adéquation entre les formations suivies et les besoins réels du marché du travail.

À retenir

La formation renforce l’employabilité et favorise l’adaptation des travailleurs, mais son efficacité repose sur la pertinence de l’offre de formation par rapport aux besoins économiques.

Adapter le marché du travail : flexibilisation et sécurisation

Un marché du travail trop rigide peut freiner les embauches, car les entreprises hésitent à recruter si elles craignent de ne pas pouvoir s’adapter rapidement à la conjoncture.

Les politiques de flexibilisation cherchent donc à assouplir les règles de fonctionnement du marché tout en maintenant un niveau minimal de protection pour les travailleurs. Elles consistent notamment à simplifier les procédures de licenciement, par exemple en plafonnant les indemnités prud’homales, et à diversifier les formes d’emploi (temps partiel, CDD, intérim) pour permettre aux entreprises d’ajuster plus facilement leurs effectifs. Les contrats aidés, financés partiellement par l’État, visent à encourager l’embauche des publics les plus éloignés de l’emploi, tandis que les accords de performance collective, introduits par les ordonnances Travail de 2017, autorisent les entreprises à adapter les horaires ou les salaires en fonction de leur situation économique, après concertation avec les salariés.

Si ces dispositifs peuvent accroître la réactivité du marché du travail, ils suscitent aussi des critiques. Certains y voient une source de précarisation accrue ou une dégradation des conditions de travail, notamment pour les travailleurs les moins qualifiés.

À retenir

La flexibilisation du marché du travail facilite les ajustements des entreprises face à la conjoncture, mais elle doit être accompagnée de garanties pour préserver la stabilité et la sécurité des salariés.

Conclusion

La lutte contre le chômage repose sur une combinaison de politiques économiques aux objectifs complémentaires : soutenir la demande globale, réduire le coût du travail, renforcer la formation et adapter la réglementation du marché du travail. Chacune répond à des causes spécifiques – conjoncturelles ou structurelles – du chômage.

Cependant, leur mise en œuvre suscite des débats : certaines mesures peuvent être coûteuses, d’autres risquent d’encourager la précarité ou de manquer d’efficacité selon le contexte. La coordination entre les institutions européennes (notamment la BCE) et les acteurs nationaux comme France Travail ou le système d’assurance chômage est donc essentielle pour assurer la cohérence et l’efficacité de ces politiques.

Une stratégie durable de lutte contre le chômage exige ainsi un équilibre entre flexibilité et sécurité, entre efficacité économique et cohésion sociale, adapté aux réalités du marché du travail français et européen.