Introduction
La guerre froide désigne la période de tensions idéologiques, politiques et militaires qui oppose les États-Unis et l’Union soviétique entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et l’effondrement du bloc soviétique en 1991. Sans confrontation armée directe entre les deux superpuissances, elle donne lieu à une série de crises, de conflits indirects et de démonstrations de puissance. Cette période structure durablement les relations internationales à travers la constitution de deux blocs antagonistes et l’émergence d’un monde bipolaire.
Les origines de la guerre froide
Une opposition idéologique radicale
Les États-Unis défendent un modèle capitaliste fondé sur l’économie de marché, le pluralisme politique et la démocratie libérale. L’Union soviétique, dirigée par le Parti communiste, promeut une société fondée sur l’égalité sociale, l’économie planifiée et le parti unique. Ces deux visions du monde s’excluent mutuellement et nourrissent une méfiance structurelle.
La Seconde Guerre mondiale : alliance fragile et rupture rapide
Les conférences de Yalta (février 1945) et de Potsdam (juillet-août 1945) entérinent la division de l’Allemagne en quatre zones d’occupation et prévoient des élections libres dans les pays libérés. Cependant, l’URSS installe progressivement des régimes communistes en Europe de l’Est, rompant l’accord initial.
Exemples : prise de contrôle communiste en Pologne, Roumanie, Bulgarie et Tchécoslovaquie entre 1945 et 1948.
Le « rideau de fer » et la formation des blocs
Le discours de Winston Churchill à Fulton en mars 1946 évoque l’abaissement d’un « rideau de fer » entre l’Est et l’Ouest. Cette image incarne la coupure de l’Europe en deux sphères d’influence : le bloc de l’Ouest autour des États-Unis, le bloc de l’Est autour de l’URSS.
Les grandes phases de la guerre froide
1947-1962 : montée des tensions et crises majeures
Les États-Unis mettent en place la doctrine Truman (1947), qui vise à contenir l’expansion du communisme. Le plan Marshall, la même année, soutient la reconstruction économique de l’Europe de l’Ouest.
Face à cela, l’URSS réplique avec la doctrine Jdanov et fonde le Kominform (1947), puis le Comecon (1949), organisation de coopération économique entre pays communistes.
Crises majeures :
Blocus de Berlin (1948-1949) : réponse soviétique au rapprochement entre les zones occidentales.
Guerre de Corée (1950-1953) : premier conflit armé indirect entre les deux blocs.
Crise de Cuba (1962) : moment paroxystique où la guerre nucléaire est évitée de justesse.
1962-1975 : coexistence pacifique et détente
Après la crise de Cuba, les deux superpuissances cherchent à stabiliser leurs relations : c’est la coexistence pacifique. Cela n’empêche pas les conflits périphériques comme la guerre du Vietnam (1955-1975).
La détente est marquée par des accords bilatéraux de limitation des armements :
SALT I (1972) entre Nixon et Brejnev.
Développement d’un dialogue Est-Ouest, mais la méfiance persiste.
1975-1985 : reprise des tensions
La guerre en Afghanistan (1979-1989) marque le retour à une logique de confrontation. Les États-Unis boycottent les Jeux olympiques de Moscou en 1980, et l’URSS ceux de Los Angeles en 1984.
Sous Ronald Reagan, la doctrine américaine se durcit. Les États-Unis relancent la course aux armements avec le programme IDS (Initiative de défense stratégique), surnommé « guerre des étoiles ».
1985-1991 : fin de la guerre froide
L’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev change la donne. Ses réformes — perestroïka (restructuration) et glasnost (transparence) — visent à moderniser le système soviétique. Elles fragilisent cependant l’autorité du régime et provoquent des mouvements d’émancipation dans les pays satellites.
En 1989, les régimes communistes d’Europe de l’Est s’effondrent les uns après les autres. Le mur de Berlin tombe le 9 novembre 1989. En 1991, l’URSS est dissoute. La guerre froide est terminée.
Les acteurs et logiques de la bipolarisation
Deux superpuissances à la tête de blocs militaires
Les États-Unis dirigent le bloc occidental, appuyé par l’OTAN (1949), tandis que l’URSS fonde le pacte de Varsovie en 1955. Ces alliances militaires encadrent la confrontation.
Le rôle des puissances intermédiaires
La Chine communiste, dirigée par Mao Zedong, s’aligne sur Moscou jusqu’à la rupture sino-soviétique (1961), avant de mener une politique plus indépendante.
Certains pays récemment décolonisés refusent de s’aligner sur un bloc. Le mouvement des non-alignés naît lors de la conférence de Belgrade (1961), prolongement de la conférence de Bandung (1955).
Exemples : Inde, Égypte, Yougoslavie, Indonésie.
Des enjeux multiples : idéologiques, militaires, économiques et culturels
La guerre froide est aussi une compétition globale :
Idéologique : propagande, censure, affrontement des modèles politiques.
Militaire : course aux armements, dissuasion nucléaire, bases militaires dans le monde.
Économique : confrontation entre le libéralisme et le socialisme réel.
Scientifique : conquête spatiale (Spoutnik en 1957, Apollo 11 en 1969).
Culturel : diffusion des valeurs, du cinéma, des médias et du sport.
À retenir : La guerre froide est une guerre totale sans affrontement direct, marquée par des conflits périphériques, une forte polarisation du monde, mais aussi des logiques d’apaisement et d’ouverture. Elle s’achève avec l’effondrement du bloc soviétique, ouvrant la voie à un nouvel ordre mondial.
Conclusion
La guerre froide a profondément structuré le monde de l’après-1945, en opposant deux modèles idéologiques et économiques inconciliables. Si elle n’a jamais donné lieu à une guerre directe entre les États-Unis et l’URSS, elle a provoqué des conflits indirects, une course aux armements sans précédent et une division durable de l’Europe. Sa fin marque le début d’un nouvel ordre international, dominé par les États-Unis, mais aussi traversé par de nouvelles incertitudes.
