La guerre froide et ses enjeux

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Légende de la leçon

Vert : définitions

I. La naissance de la guerre froide

En 1946, Churchill annonce qu’un « rideau de fer » coupe désormais l’Europe en deux parties rivales : l’Ouest sous influence américaine et l’Est sous le contrôle de l’URSS. Un nouveau genre de conflit oppose ces deux camps adverses : c’est la bipolarisation. Les deux supergrands (États-Unis et URSS) s’opposent idéologiquement et économiquement mais ne s’affrontent pas directement sur le plan militaire. Chacun des deux construit un bloc (un groupe d’États alliés).

La guerre froide débute véritablement lorsque le président américain Truman élabore en mars 1947 sa doctrine du containment (endiguement) qui vise à limiter la propagation du communisme dans le monde. L’URSS réplique par la doctrine Jdanov qui accuse les États-Unis d’impérialisme. Deux modèles politiques, économiques et sociaux s’affrontent désormais. L’URSS et les États-Unis déploient un interventionnisme qui les rend rivaux à l’échelle mondiale.

À savoir

Un nouveau type de conflit idéologique et économique débute. Il ne consiste pas en un affrontement militaire direct mais en une lutte indirecte entre les deux camps en présence.

II. Le déroulement de la guerre froide

Les États-Unis et l’URSS emploient une stratégie d’influence qui sert les intérêts de leur bloc respectif. Les États-Unis lancent le plan Marshall (1947-1951) pour aider les pays d’Europe occidentale à se reconstruire tout en privilégiant les entreprises américaines. En 1949, ils élaborent l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) qui constitue une alliance militaire et entament leur pactomanie. La même année, l’URSS crée le CAEM (Conseil d’aide économique mutuelle) chargé d’appliquer le modèle économique soviétique dans les pays satellites. En 1955, le Pacte de Varsovie rassemble stratégiquement les pays communistes d’Europe de l’Est autour de l’URSS.

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Chronologie de la construction des blocs soviétique et américain

Les relations Ouest-Est passent par des phases de tensions et de rapprochements. Plusieurs crises perturbent les relations américano-soviétiques. En 1948-1949 et en 1961, les deux superpuissances s’opposent au sujet de l’Allemagne et de Berlin en particulier. L’URSS souhaite faire partir les Occidentaux de Berlin Ouest et soutient en 1961 la construction du mur de Berlin par les autorités est-allemandes.

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L’évolution de l’Allemagne de 1947 à 1949

En 1962, l’URSS cherche à disposer ses missiles atomiques à Cuba. Le président américain Kennedy menace Moscou de représailles nucléaires. L’URSS recule.

Les deux supergrands se lancent dans une compétition technologique (domaine spatial) et dans la course aux armements. Ils s’affrontent indirectement dans des conflits « périphériques » liés à l’expansion du communisme et à la volonté américaine d’y remédier (politique du « roll back » ou refoulement). Les États-Unis s’engagent dans la guerre de Corée (1950-1953) et dans celle du Vietnam (1963-1973). Ils soutiennent la résistance afghane lors de l’invasion du pays par l’URSS en 1979.

La bipartition du monde fait constamment peser le danger d’une guerre atomique, notamment lors de la crise des euromissiles, en Europe, entre 1977 et 1987. Cependant, la détention d’un arsenal nucléaire par les deux adversaires les oblige à la prudence, c’est l’équilibre de la terreur. Au nom de leur sécurité, de la défense de leurs valeurs jugées universelles et de leurs intérêts stratégiques, les deux superpuissances plongent le monde dans la bipartition pendant une quarantaine d’années.

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Chronologie de la guerre froide

À savoir

La Détente est une période marquant l’amélioration des relations américano-soviétiques de 1962 à 1979.

Définitions

Pactomanie. Littéralement, la pactomanie est la manie de faire des pactes. Ce terme désigne l’obsession des États-Unis à conclure des alliances stratégiques avec un maximum d’États dans différentes régions du monde.

Course aux armements. Désigne la dynamique qui pousse deux États à créer des forces armées les plus puissantes et à obtenir des armements les plus performants.

Crise des euromissiles (1977-1987). Épisode de tensions entre l’URSS, qui déploie en Europe de l’Est ses missiles nucléaires, et les États-Unis qui répliquent de la même manière à l’Ouest.

Équilibre de la terreur. Expression qui désigne la menace nucléaire mais aussi l’impossibilité pour les deux supergrands de s’affronter compte tenu du risque à se détruire mutuellement.

III. L’effondrement du bloc soviétique

À partir de 1985, le nouveau dirigeant soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, entreprend une double réforme de l’URSS. La Glasnost (transparence) et la Perestroïka (restructuration) réforment profondément le pays et aboutissent à un rapprochement avec les États-Unis. Gorbatchev cherche à réduire les dépenses militaires qui pénalisent très lourdement l’économie soviétique. Il conclut avec le président Reagan une série d’accords de désarmement et met un terme à la crise des euromissiles. Il n’empêche pas la chute des dictatures communistes d’Europe de l’Est en 1989 et retire l’Armée rouge d’Afghanistan.

En URSS, Gorbatchev fait face à la montée des nationalismes. Une grande partie de l’opinion publique cherche à obtenir l’indépendance des républiques qui composent l’URSS. Pour mettre fin aux réformes gorbatchéviennes, les communistes conservateurs tentent un coup d’État contre Gorbatchev en août 1991. Ce coup de force échoue mais fragilise le pouvoir du dirigeant de l’URSS. Grâce aux efforts de Boris Eltsine, président élu de la République de Russie, l’URSS est remplacée en décembre 1991 par la CEI (Communauté des États indépendants). Gorbatchev démissionne de son poste. L’URSS n’existe plus.

La disparition de l’URSS met fin à la guerre froide. Les États-Unis la remportent donc. La disparition de la bipolarisation leur laisse le champ libre. La disparition du communisme multiplie les tensions et les risques de conflit. Le monde de l’après-guerre froide n’est pas synonyme de paix et de stabilité.