Introduction
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis et l’Union soviétique apparaissent comme les deux grandes puissances victorieuses. Pourtant, dès 1945, les premiers désaccords surgissent, notamment lors des conférences de Yalta et de Potsdam, où les vainqueurs ne parviennent pas à s’entendre sur l’avenir de l’Europe. Entre 1945 et 1947, ces tensions se renforcent progressivement et s’affirment durablement à partir de 1947. C’est à cette période que le monde entre dans ce que l’on appellera la guerre froide.
Cette opposition, qui dure jusqu’en 1991, repose sur des logiques politiques, économiques et idéologiques opposées, mais aussi sur des choix concrets qui affectent la vie des populations : liberté d’expression ou censure, pluralisme ou parti unique, économie de marché ou planification centrale. Comprendre la guerre froide, c’est donc analyser un conflit mondial sans combat direct, mais avec des conséquences majeures.
Deux blocs opposés : États-Unis contre URSS
Nous allons comprendre comment les désaccords nés de l’après-guerre ont mené à la formation de deux blocs opposés.
En 1947, les États-Unis annoncent, avec la doctrine Truman, qu’ils s’opposeront à toute expansion du communisme. En réponse, l’URSS affirme, avec la doctrine Jdanov, que les peuples doivent choisir entre « camp impérialiste » (les États-Unis) et « camp démocratique » (l’URSS). Ces discours idéologiques fixent une ligne de division mondiale.
Les États-Unis défendent un modèle fondé sur la démocratie parlementaire, les libertés individuelles et une économie libérale ouverte à la concurrence. L’URSS, au contraire, impose un parti unique, un contrôle strict de la société et une économie planifiée dirigée par l’État. Dans chaque bloc, la presse, l’éducation et la culture sont mobilisées pour diffuser ces visions du monde : la propagande joue un rôle central.
La division devient militaire. En 1949, les États-Unis créent l’OTAN, alliance défensive entre les pays d’Europe occidentale et l’Amérique du Nord. L’URSS réplique en 1955 avec le Pacte de Varsovie, regroupant les pays communistes d’Europe de l’Est.
L’Allemagne devient un symbole de cette rupture. Après la guerre, elle est divisée en deux États : la RFA (à l’Ouest) et la RDA (à l’Est). La ville de Berlin, bien que située en RDA, est elle aussi divisée en deux zones : Berlin-Ouest, contrôlée par les puissances occidentales, et Berlin-Est, sous contrôle soviétique. En 1961, la RDA, avec l’accord de l’URSS, construit le mur de Berlin pour stopper l’exode de ses habitants vers l’Ouest. Ce mur devient le symbole le plus visible de la guerre froide.
À retenir
À partir de 1947, les États-Unis et l’URSS organisent deux blocs opposés par leur vision du monde. Cette opposition se manifeste dans les institutions, les modes de vie et l’encadrement des sociétés. Berlin, ville divisée en pleine zone soviétique, devient un terrain central de cette confrontation.
Une guerre sans affrontement direct, marquée par crises et détente
Voyons maintenant comment cette opposition s’exprime à travers des crises, mais aussi des périodes d’apaisement.
La guerre froide repose sur la dissuasion nucléaire. Les États-Unis (1945), puis l’URSS (1949) détiennent l’arme atomique. Cette situation crée un équilibre de la terreur, où aucun des deux ne peut attaquer l’autre sans risquer sa propre destruction.
Plusieurs crises majeures marquent la période :
1948-1949 : le blocus de Berlin. L’URSS tente d’isoler Berlin-Ouest, enclavée dans la zone soviétique, pour forcer les Alliés à quitter la ville. Les Occidentaux organisent un pont aérien pour ravitailler les habitants.
1950-1953 : la guerre de Corée oppose le Nord communiste (soutenu par la Chine et l’URSS) au Sud capitaliste (soutenu par les États-Unis). Elle se termine par un retour aux frontières d’origine.
1962 : la crise des missiles de Cuba éclate quand le gouvernement cubain de Fidel Castro autorise l’installation de missiles soviétiques sur son territoire. Les États-Unis réagissent par un blocus. Après plusieurs jours de tension extrême, un accord est trouvé : l’URSS retire ses missiles.
Mais cette période connaît aussi des moments de détente. De 1963 à 1979, les deux blocs cherchent à éviter les crises ouvertes. Des accords de désarmement nucléaire sont signés (SALT I en 1972), les communications s’améliorent, et les deux camps coopèrent davantage sur certains sujets. Toutefois, cette détente reste fragile et n’empêche pas la méfiance mutuelle.
À retenir
La guerre froide est faite d’alternances entre crises graves (Berlin, Cuba, Corée) et périodes de détente (années 1960-1970). L’équilibre nucléaire empêche la guerre directe, mais n’élimine pas les tensions profondes.
La fin de la guerre froide : l’effondrement du bloc soviétique
Voyons maintenant comment la guerre froide prend fin au tournant des années 1990.
Dans les années 1980, l’URSS fait face à une crise économique et sociale profonde. L’économie planifiée est en échec, les libertés sont absentes, et les demandes de changement se multiplient, tant en URSS que dans les pays de l’Est.
En 1985, Mikhaïl Gorbatchev lance des réformes : la perestroïka (réorganisation économique) et la glasnost (transparence). Il cherche aussi à réduire la course aux armements et à renouer le dialogue avec les États-Unis.
Ces réformes fragilisent le système. En 1989, les pays d’Europe de l’Est se soulèvent : les régimes communistes tombent un à un. En novembre 1989, le mur de Berlin est ouvert. C’est un événement symbolique majeur : l’image de la séparation entre les deux blocs s’effondre. En 1991, l’URSS est dissoute.
Les États-Unis restent alors la seule superpuissance mondiale, marquant la fin d’un monde bipolaire.
À retenir
La guerre froide se termine avec les réformes de Gorbatchev, la chute des régimes communistes en Europe de l’Est et la disparition de l’URSS. Le mur de Berlin devient le symbole de cette fin.
Conclusion
Entre 1945 et 1991, la guerre froide structure le monde autour de deux blocs rivaux. Ce conflit, sans affrontement direct entre les grandes puissances, a marqué l’histoire par des crises spectaculaires, une compétition technologique intense et une division géopolitique durable. Sa fin, avec l’effondrement du bloc soviétique, a laissé place à un monde dominé par les États-Unis, mais aussi à de nouvelles incertitudes.
