La France : une puissance maritime ?

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La France dispose de l’une des plus grandes ZEE au monde, un atout stratégique essentiel. Dans cette leçon, tu verras comment ces espaces maritimes offrent des ressources précieuses, tout en soulevant des défis en termes de surveillance, de gouvernance et de valorisation économique. Mots-clés : ZEE française. puissance maritime. ressources halieutiques. énergies marines renouvelables. gouvernance des océans. souveraineté maritime.

Introduction

Avec une Zone Économique Exclusive (ZEE) estimée entre 10,7 et 11 millions de kilomètres carrés selon les sources, répartie entre la métropole et les territoires ultramarins, la France dispose de la deuxième plus vaste ZEE au monde, derrière les États-Unis. Ces espaces maritimes lui confèrent des droits souverains pour l’exploration et l’exploitation des ressources, sans constituer une pleine souveraineté (la liberté de navigation et de survol y est garantie). Dans un contexte de mondialisation marqué par la compétition pour les ressources, la transition énergétique et les enjeux environnementaux, la ZEE française représente un atout stratégique majeur, mais soulève aussi d’importants défis. Cette leçon examine les atouts et les limites de cette puissance maritime.

Atouts de la ZEE française

Richesse en ressources naturelles

La ZEE française est riche en ressources halieutiques, énergétiques et minérales. Les eaux des territoires ultramarins — comme la Polynésie française, la Nouvelle-Calédonie, ou les Antilles — abritent une biodiversité exceptionnelle, essentielle à la pêche, qui représente une ressource vitale pour les économies locales. En 2021, la pêche maritime a généré environ 2 milliards d’euros.

La ZEE présente également un fort potentiel en énergies marines renouvelables (EMR) : éolien offshore, énergie thermique des mers, hydrolien. Des projets sont en cours en Bretagne, à La Réunion ou en Guyane.

Elle est enfin riche en ressources minérales des grands fonds, notamment autour de la Polynésie française, où ont été repérés des nodules polymétalliques (nickel, cobalt, manganèse). Ces métaux sont essentiels à la transition énergétique mondiale. Toutefois, leur exploitation reste suspendue aux débats scientifiques et juridiques sur les impacts environnementaux profonds.

Position stratégique et rayonnement géopolitique

La dispersion des territoires ultramarins sur l’Atlantique, le Pacifique et l’océan Indien confère à la France une présence navale planétaire. Des bases comme Nouméa, La Réunion, Fort-de-France ou Papeete permettent de participer à la sécurité maritime internationale, à la surveillance des routes commerciales et aux opérations humanitaires.

La France joue aussi un rôle actif dans la gouvernance des océans, au sein de l’Organisation maritime internationale (OMI) ou dans les négociations onusiennes, notamment pour la protection de la haute mer (traité adopté en 2023).

Limites et défis de la puissance maritime française

Surveillance, gouvernance et litiges territoriaux

L’étendue et la dispersion de la ZEE française posent de lourds défis de surveillance. La pêche illégale, le trafic maritime, ou les atteintes à la biodiversité nécessitent des moyens renforcés. La France s’appuie sur des outils comme systèmes satellitaires, drones, patrouilleurs et des partenariats régionaux.

Certaines zones de la ZEE française font également l’objet de litiges ou de contestations. C’est le cas autour de Clipperton, où la souveraineté française est parfois remise en cause, ou dans certaines zones proches des Antilles, où des différends de délimitation maritime subsistent avec des États voisins comme Sainte-Lucie ou le Venezuela. Ces tensions, bien que limitées, rappellent que la ZEE est aussi un espace diplomatique sensible.

Valorisation économique limitée et déséquilibres territoriaux

Malgré ses atouts, la ZEE française reste partiellement valorisée. Les territoires ultramarins, au cœur de cette projection maritime, connaissent des difficultés socio-économiques persistantes (chômage, isolement, dépendance budgétaire).

Les énergies marines renouvelables, bien que prometteuses, se heurtent à des coûts élevés, des défis techniques et à des controverses locales sur les impacts environnementaux. Quant à l’exploitation des grands fonds, elle est freinée par l’incertitude juridique et la mobilisation croissante des ONG pour leur préservation.

Conclusion

La ZEE française, parmi les plus vastes au monde, constitue un atout stratégique, économique et géopolitique majeur. Elle permet à la France de disposer d’une présence maritime globale, de participer à la sécurité des flux et d’accéder à des ressources stratégiques, notamment dans les domaines halieutique, énergétique et minier. Toutefois, cette puissance maritime est incomplètement exploitée et confrontée à de multiples défis : surveillance, durabilité, gouvernance, développement local, et arbitrage entre exploitation et conservation.

Dans un contexte de pressions accrues sur les espaces maritimes, la capacité de la France à renforcer sa gouvernance, à résoudre les litiges, et à valoriser durablement ses territoires ultramarins sera déterminante pour consolider son rôle de puissance maritime dans la mondialisation du XXIe siècle.