Introduction
À la fin des années 1860, la carte politique de l’Allemagne reste morcelée en une multitude d’États, mais la Prusse en a pris la direction. Sous l’impulsion de son chancelier, Otto von Bismarck, l’unité allemande progresse grâce à une série de guerres victorieuses contre le Danemark (1864) et l’Autriche (1866). Les États du sud de l’Allemagne, souverains mais liés à la Prusse par des alliances défensives depuis 1866, n’ont pas encore rejoint la Confédération de l’Allemagne du Nord. L’affrontement avec la France de Napoléon III, en 1870, donne à Bismarck l’occasion d’achever cette unification, ce qui affaiblit durablement la position française.
Les causes et le déroulement du conflit franco-prussien
La rivalité entre la France et la Prusse tient autant aux ambitions politiques qu’aux équilibres européens. La Prusse, victorieuse en 1866, domine la Confédération de l’Allemagne du Nord. La France, inquiète de ce voisin renforcé, veut conserver un rôle prépondérant sur le continent.
L’élément déclencheur est la crise de la candidature Hohenzollern : un parent du roi de Prusse est pressenti pour monter sur le trône d’Espagne vacant. La France s’y oppose, craignant un encerclement. Bismarck exploite la situation en publiant, le 13 juillet 1870, la dépêche d’Ems dans une version volontairement tronquée et réécrite pour en accentuer le ton offensant, exacerbant ainsi les tensions. Sous la pression de l’opinion, Napoléon III déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870.
La campagne militaire tourne rapidement à l’avantage prussien. Grâce à une organisation efficace, à une mobilisation rapide et au soutien des États allemands du sud, l’armée prussienne remporte plusieurs victoires : Wissembourg (4 août), Spicheren (6 août), Gravelotte (18 août). Le 2 septembre 1870, l’armée française subit une défaite décisive à Sedan, et Napoléon III est fait prisonnier.
À retenir
La guerre de 1870 est déclenchée par une manœuvre diplomatique calculée de Bismarck et se solde rapidement par une série de défaites françaises, culminant à Sedan.
La chute du Second Empire et ses conséquences politiques
La capture de Napoléon III provoque l’effondrement du Second Empire. Le 4 septembre 1870, à l’Hôtel de Ville de Paris, Léon Gambetta et d’autres républicains proclament la Troisième République. Un Gouvernement de Défense nationale se met en place pour poursuivre la guerre.
Malgré la résistance française — notamment pendant le siège de Paris et dans certaines régions comme la Loire ou l’Est — les troupes prussiennes encerclent la capitale. Après quatre mois de siège, Paris capitule le 28 janvier 1871.
L’armistice entraîne l’élection d’une Assemblée nationale qui, à la majorité monarchiste, accepte de négocier la paix. Le traité de Francfort (10 mai 1871) impose à la France la cession de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine correspondant à la Moselle actuelle et à l’arrondissement de Château-Salins, ainsi qu’une lourde indemnité de guerre. Cette défaite alimente un profond sentiment de revanche, qui nourrit l’essor du nationalisme français et influence durablement la politique extérieure de la Troisième République.
À retenir
La défaite entraîne la chute du Second Empire, la proclamation de la Troisième République et la perte de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine, alimentant un nationalisme revanchard qui marque la politique française.
La figure de Bismarck et la proclamation du Reich à Versailles
Le chancelier prussien Otto von Bismarck est l’architecte de l’unité allemande. Pragmatique et habile, il a utilisé la guerre contre la France pour rallier les États allemands du sud à la cause prussienne.
Le 18 janvier 1871, dans la galerie des Glaces du château de Versailles, les souverains allemands proclament la naissance de l’Empire allemand (Reich), désignant le roi de Prusse Guillaume Ier comme empereur (Kaiser). Ce n’est pas un couronnement au sens strict, mais une proclamation solennelle. Le choix de Versailles, au cœur de la France vaincue, est un geste symbolique fort destiné à affirmer la puissance allemande.
À retenir
Bismarck achève l’unité allemande grâce à la guerre de 1870, proclamant l’Empire allemand à Versailles comme affirmation de la victoire prussienne.
Conclusion
La guerre de 1870-1871 marque un tournant dans l’histoire européenne. Utilisée par Bismarck pour parachever l’unité allemande, elle provoque la chute du Second Empire, la perte de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine et le développement d’un nationalisme revanchard en France. La proclamation du Reich à Versailles symbolise la bascule du rapport de forces en Europe, désormais dominée par une Allemagne unifiée et puissante, tandis que la France entre dans une période de reconstruction politique et morale.
