Introduction
À partir de 1792, la France révolutionnaire entre en guerre contre les monarchies européennes. Ce conflit est à la fois militaire et idéologique : les armées françaises portent en Europe les principes de liberté, d’égalité devant la loi et de souveraineté nationale. Après 1799, cette diffusion se poursuit sous le Consulat et l’Empire napoléonien, qui cherchent à consolider et étendre ces réformes. Cependant, cette propagation se heurte à de fortes résistances, et la domination française provoque aussi l’essor de sentiments nationaux hostiles. L’œuvre législative, notamment le Code civil de 1804, laisse malgré tout une empreinte durable dans de nombreux pays.
La propagation des idéaux révolutionnaires dans les territoires conquis et alliés
Dès les guerres révolutionnaires, la France proclame vouloir « libérer les peuples » du joug des monarchies absolues. Dans les territoires conquis (Belgique, Pays-Bas, rive gauche du Rhin, Italie du Nord…), les armées françaises abolissent les privilèges féodaux, instaurent l’égalité devant la loi et mettent en place des administrations inspirées du modèle français.
Les Républiques sœurs (Batave, Cisalpine, Ligurienne, Romaine…), créées à partir de 1795, adoptent des constitutions proches de celles de la France. Ces réformes incluent la suppression des droits seigneuriaux, une réforme fiscale et la tolérance religieuse, avec la fin des privilèges du clergé. Cependant, il ne s’agit pas d’une séparation complète de l’Église et de l’État au sens moderne, mais plutôt d’une mise sous contrôle du religieux par les autorités civiles. Certains États deviennent des alliés militaires de la France, comme l’Espagne après le traité de San Ildefonso en 1796, mais cette alliance est imposée par le contexte diplomatique et la pression militaire française plutôt que choisie librement.
À retenir
Les conquêtes et alliances imposées permettent la diffusion des principes révolutionnaires, notamment l’abolition des privilèges, l’égalité devant la loi et une plus grande tolérance religieuse.
Les résistances des monarchies et empires européens
Face à cette expansion, les monarchies européennes forment des coalitions successives pour contenir la France. L’Autriche, la Prusse, la Russie et le Royaume-Uni considèrent la Révolution comme une menace pour l’ordre monarchique.
Dans plusieurs territoires conquis, la présence militaire française est vécue comme une occupation. Les réquisitions, la fiscalité imposée et l’enrôlement forcé provoquent des soulèvements, comme la révolte des paysans en Belgique en 1798 (guerre des paysans) ou l’insurrection espagnole de 1808 contre Napoléon. Ces résistances montrent que la diffusion des idéaux s’accompagne souvent d’un rejet de la domination française.
À retenir
Les monarchies européennes combattent la diffusion des idéaux révolutionnaires, et dans les territoires conquis, la domination française suscite des révoltes.
L’émergence de sentiments nationaux
La présence française et les réformes imposées contribuent, parfois involontairement, à l’essor de sentiments nationaux. Les principes de liberté et d’égalité sont parfois réappropriés par les populations dans une perspective d’indépendance.
En Italie, des mouvements patriotiques émergent, appelant à l’unité de la péninsule. En Allemagne, la réorganisation territoriale et les réformes administratives favorisent une réflexion sur l’identité culturelle allemande. Toutefois, à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, ces mouvements restent largement limités à des élites intellectuelles et politiques et ne mobilisent pas encore l’ensemble des populations. En Espagne, l’occupation napoléonienne suscite une guérilla populaire qui devient un symbole de résistance nationale.
À retenir
La domination française, tout en diffusant des idées nouvelles, stimule la naissance de mouvements nationaux, bien que ceux-ci soient encore circonscrits à des milieux restreints.
L’impact du Code civil de 1804 et son rayonnement européen
Promulgué par Napoléon Bonaparte en 1804, le Code civil unifie le droit en France et affirme des principes hérités de la Révolution : égalité devant la loi, liberté de propriété, caractère civil de l’état civil (mariages, naissances et décès enregistrés par l’État et non par l’Église), fin des privilèges de naissance.
Dans les territoires annexés ou sous influence française, il est adopté ou sert de modèle, notamment en Belgique, dans certaines régions d’Italie, d’Allemagne et de Pologne. Même après la chute de l’Empire, nombre de ces dispositions restent en vigueur, modernisant durablement le droit dans plusieurs pays.
À retenir
Le Code civil diffuse en Europe les principes d’égalité et de liberté civile, et son influence perdure au-delà de l’époque napoléonienne.
Conclusion
De 1792 à 1815, la France diffuse en Europe les idéaux de la Révolution, d’abord par les guerres révolutionnaires, puis sous le Consulat et l’Empire. Si ces principes transforment certaines sociétés, ils rencontrent de fortes résistances, parfois armées. L’expansion napoléonienne, en imposant des réformes comme le Code civil, contribue aussi à éveiller des mouvements nationaux, encore limités mais porteurs des bouleversements politiques du XIXe siècle.
