L’urbanisation, facteur de recomposition spatiale

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En 2019, 60 % des Chinois sont urbains. L’urbanisation actuelle est un phénomène massif et rapide qui bouleverse la société chinoise, traditionnellement rurale. Le pays compte des villes dynamiques qui rivalisent avec les plus grandes métropoles mondiales.

I Une transition urbaine rapide

Sous-urbanisée jusqu’à la fin des années 1970 (environ 18 %), la Chine connaît une très forte croissance urbaine avec l’ouverture du pays. En effet, les villes ont été les principaux moteurs de l’essor économique, bénéficiant d’impôts faibles et d’un statut spécial (ZES).

Le nombre d’urbains est passé, ainsi, de 65 à 813 millions entre 1980 et 2019. Aujourd’hui, on compte presque 60 % d’urbains. Le taux d’urbanisation au rythme actuel devrait atteindre 75 % d’ici les années 2030.

Repère
Mot clé

Le hukou est un permis de résidence délivré par les autorités pour contrôler les  migrations intérieures. Le système a été assoupli au début des années 2010.

Cette croissance urbaine est alimentée très largement par de considérables flux migratoires internes, des campagnes vers les villes et, toujours, des régions intérieures au littoral. Malgré le système du hukou, des centaines de millions de Chinois ont fui la misère des campagnes pour vivre le « rêve chinois ».

II Une modification de l’armature urbaine liée à la recomposition spatiale

Longtemps dominé par le poids des trois grandes métropoles littorales (Pékin ou Beijing ; Shanghai ; Hong Kong), le réseau urbain chinois se complexifie depuis quelques années avec l’affirmation de villes intérieures comme Chongqing ou Shenyang.

Les trois principales régions urbaines et industrielles se situent toujours sur le littoral et rassemblent de nombreuses agglomérations et leurs villes-satellites. Il s’agit du delta du Yangzi dominé par Shanghai, du delta de la rivière des Perles (Shenzhen, Guangzhou et Hong Kong) et de la région « jing-jin-ji » (Pékin et sa région).

Trois autres régions s’affirment comme de nouveaux pôles de croissance indispensables au développement économique : l’ancienne région industrielle en cours de revitalisation autour de Shenyang dans le Liaoning, la région autour de Wuhan et celle qui entoure Chongqing.

III Une transformation des espaces urbains

Dans les années 1990, les autorités chinoises se sont lancées dans de nouveaux projets d’aménagements pour restructurer les centres-villes : modernisation des transports, développement de quartiers d’affaires et de centres commerciaux.

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Principales aires urbaines chinoises : Shanghai (24,2 millions d’habitants), Beijing/Pékin (21,7), Chongqing (15,2), Chengdu (14,4), Guangzhou/Canton (12,7).

Les périphéries ne cessent de s’étendre avec l’apparition de vastes logements collectifs, voire de quartiers pavillonnaires, et de zones industrielles. On peut parler d’une spécialisation fonctionnelle des espaces urbains (ou « zonage »).

Par conséquent, le bâti, traditionnellement horizontal, connaît une verticalisation généralisée. La spéculation immobilière a joué un grand rôle dans la destruction de quartiers historiques (notamment à Pékin).

Les villes chinoises doivent aussi affronter les défis des grandes villes mondiales. La métropolisation a entraîné l’apparition d’une forte ségrégation sociospatiale et de résistances locales à la modernisation. Autre enjeu majeur, la pollution touche la plupart des grandes villes qui se lancent dans des projets durables pour y remédier, comme les « écocités » (Tianjin) ou la ville-forêt de Liuzhou.

Zoom

Shanghai, une urbanisation maîtrisée ?

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Shanghai est la vitrine de la modernité chinoise. Selon Thierry Sanjuan, elle se présente comme « une alternative à Hong Kong et Singapour ».