L'expansion du monde connu

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L'élargissement du monde (XVe-XVIIIe siècles)

A) Un contexte favorable à l’exploration (XVe-XVIe siècles)

Au XVe siècle, le monde connu par les Européens est réduit, centré sur la Méditerranée. Les contacts avec l’Afrique et l’Asie s’affirment au Moyen Âge par les croisades et par les liens commerciaux réguliers avec l’Empire musulman. Mais les relations se dégradent avec les Turcs au XVe siècle : les Européens cherchent alors un accès plus direct vers l’Asie.

Au XVe siècle, les navigateurs sont motivés par la curiosité, l’esprit d’aventure, la volonté de découvrir de nouveaux peuples à christianiser, autant que par l’espoir de s’enrichir en dépit des dangers. Au XVIe siècle, grâce à la boussole, les caravelles, navires de commerce, s’éloignent des côtes pour explorer la Méditerranée et surtout l’Atlantique.

B) De nouvelles routes maritimes (XVe-XVIe siècles)

Les Portugais contournent l’Afrique dès 1488 (Bartolomé Diaz, Vasco de Gama) : ils ouvrent ainsi une route maritime nouvelle et directe entre l’Europe et l’Asie. Christophe Colomb, génois au service de l’Espagne, découvre l’Amérique en cherchant la route des Indes par l’ouest (1492). Amerigo Vespucci (1499-1502) montre que l’Amérique est un continent. L’expédition espagnole de Magellan (1519-1522) fait le premier tour du monde.

Des Asiatiques, comme le Chinois Zheng He, explorent l’océan indien dès le début du XVe siècle, jusqu’au sud de l’Afrique et créent des espaces commerciaux sur les littoraux.

C) L’esprit des Lumières relance l’exploration au XVIIIe siècle

Les Lumières encouragent la recherche de connaissances nouvelles, accélèrent les progrès de la navigation. Les naturalistes collectent de nombreuses espèces minérales, végétales et animales nouvelles. Les Européens rivalisent dans des voyages autour du monde à but scientifique (ex. : Bougainville en 1766-1769).

Le monde est mieux connu au XVIIIe siècle : le calcul de la longitude, joint à celui de la latitude, permet de dresser des cartes exactes. Les explorateurs recherchent un continent austral et un passage vers le Pacifique au nord-ouest de l’Amérique. Des Européens s’aventurent à l’intérieur des continents (Sibérie, montagnes d’Europe et d’Amérique).

Un commerce international (XVIe-XVIIIe siècles)

A) La naissance des empires coloniaux (XVIe-XVIIIe siècles)

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Les empires coloniaux et les routes de commerce vers 1750

Mot-clé

Colonisation : occupation, administration et exploitation d’un territoire d’outre-mer conquis par un pays étranger.

À partir de la fin du XVe siècle, le Portugal et l’Espagne ouvrent des routes maritimes commerciales vers les Indes et les Amériques. Le traité de Tordesillas (1494) marque, avec l’accord du pape, le partage du nouveau monde entre le Portugal (qui obtient le Brésil) et l’Espagne (Pérou, Mexique…) : il ouvre la voie à la colonisation.

Au XVIe siècle, les conquistadors (conquérants) espagnols bâtissent un empire colonial du Mexique aux Andes tandis que les Portugais en créent un second, au Brésil et dans l’Océan indien. Les colons pillent les richesses, soumettent les indigènes et commencent à faire venir des esclaves d’Afrique pour développer l’économie de plantation.

Plus tard, les Français s’installent au Canada (Cartier remonte le Saint-Laurent en 1535), puis s’établissent aux Antilles, en Inde et en Afrique au XVIIe siècle, tandis que les Anglais s’installent sur la côte est de l’Amérique du Nord (arrivée du Mayflower au cap Cod en 1620). Les Hollandais multiplient les comptoirs stratégiques (Afrique du Sud, Indonésie).

Mot-clé

Comptoir : port de commerce situé outre-mer et défendu militairement.

Après 1740, les colonies deviennent un enjeu économique et politique entre les puissances européennes, les guerres coloniales se multiplient. L’Espagne et le Portugal occupent l’Amérique du Sud et conquièrent de vastes empires, dont la gestion finit par les ruiner au XVIIIe siècle. La France et le Royaume-Uni poursuivent leurs conflits en Amérique du Nord et en Inde. À la fin de la guerre de Sept ans (1756-1763), le traité de Paris (1763) oblige la France à céder aux Anglais le Canada et l’Inde.

B) L’organisation du commerce international (XVIe-XVIIIe siècles)

Les États donnent des monopoles à de grandes compagnies de commerce (ex. : Compagnie hollandaise des Indes orientales, 1602) : elles obtiennent le droit exclusif de commercer dans un secteur précis pour un ou plusieurs produits. Les colonies ne peuvent vendre qu’à leur métropole, ce qui est très rentable pour l’Europe, qui fixe ses conditions, mais peut provoquer des révoltes dans les colonies (ex. : révolution américaine 1776-1783).

De nouveaux itinéraires de commerce se généralisent pour assurer un approvisionnement régulier entre l’Europe et ses empires coloniaux, comme le commerce triangulaire qui fournit les colonies américaines en esclaves entre le XVIe et le XIXe siècle. Les Européens développent aussi le commerce vers l’Asie, en passant par le sud de l’Afrique. Ils en rapportent des indiennes (coton orné de motifs), de la soie, des épices.

Mots-clés

Compagnie de commerce à monopole : société de négociants qui obtient de l’État le droit exclusif de commercer avec certaines colonies, pour un ou plusieurs produits.

Métropole : État européen qui possède des colonies.

C) Le commerce triangulaire (XVIe-XIXe siècles)

La controverse de Valladolid (1550-1551) est un débat qui pose la question de la légitimité de la conquête du Nouveau Monde par les Espagnols, de la réduction en esclavage des Indiens et de la destruction de civilisations millénaires (ex. : les Aztèques, les Mayas…): les intérêts économiques l’emportent et l’interdiction de l’esclavage des Indiens par l’empereur Charles Quint et le pape aboutit à leur remplacement par les Africains, exclus du débat. Plus de 12 millions d’esclaves africains ont été ainsi transportés vers l’Amérique par les Anglais, les Français et les Portugais, du XVIe au XIXe siècle, et particulièrement entre 1670 et 1800.

Les esclaves (hommes, femmes, enfants) sont d’abord capturés lors de guerres en Afrique ou achetés par des marchands africains : considérés comme des marchandises, ils n’ont aucun droit. Les marchands européens les échangent dans les comptoirs contre des produits manufacturés (armes, alcool, tissus…). Les Européens les vendent en Amérique aux propriétaires des plantations ou des mines, puis reviennent en Europe chargés de produits exotiques. D’importants bénéfices sont réalisés à chaque étape.

La traversée de l’Atlantique est très éprouvante (esclaves enchaînés, mal nourris, brutalisés, espaces confinés…). Arrivés en Amérique, les esclaves, vendus aux enchères, travaillent durement dans les plantations, les mines ou comme domestiques. Les lois (ex. : le code noir, 1685, pour les colonies françaises) donnent presque tous les droits aux propriétaires. Les esclaves sont mal nourris, exploités, mal logés et peuvent subir des châtiments corporels. Quelques rares esclaves sont éduqués et exercent des fonctions plus élaborées (comptabilité, encadrement…).

Après 1750, les révoltes d’esclaves se multiplient. Les philosophes des Lumières s’insurgent contre l’esclavage. En France, l’esclavage est aboli en 1848 par la IIe République.

Mots-clés

Esclave : individu considéré comme une marchandise et donc privé de droits.

Plantation : grande exploitation agricole dans les colonies, propriété d’un planteur.

Traite atlantique : commerce des esclaves dans l’océan atlantique.

L'Europe face aux nouveaux mondes (XVIe-XVIIIe siècles)

A) Vers une culture plus mondialisée ?

Les productions de l’Europe, de l’Amérique et de l’Asie circulent dès le XVIe siècle. L’Europe découvre le tabac, la tomate, le sucre, le maïs venus d’Amérique, tandis que les Européens introduisent des produits comme le riz et le sucre. Les échanges ne cessent de croître, à mesure que les habitudes alimentaires des Européens se transforment. Le XVIIIe siècle met en valeur la soie, les épices, le tabac, le cacao, la pomme de terre…

La découverte de nouvelles cultures et les récits de mœurs suscitent l’intérêt pour les sociétés exotiques et encouragent les voyages. Certains savants étudient les langues et coutumes des indigènes, s’interrogent sur la nature de « l’Autre » et de ses modes de vie. Montaigne dénonce l’esclavage au XVIe siècle ; Bougainville développe au XVIIIe siècle le mythe de « l’île heureuse » et du « bon sauvage » en décrivant une Polynésie paradisiaque.

B) La prospérité de la façade atlantique de l’Europe

Les circulations de personnes (administrateurs, militaires, marchands…), de produits et d’idées contribuent à l’essor des ports de l’Atlantique. Ces villes s’enrichissent des taxes qu’elles prélèvent sur les marchandises qui entrent et sortent ; certaines développent des compagnies d’assurance et des banques, qui incitent la bourgeoisie à investir dans le grand commerce. Beaucoup s’embellissent (rues pavées, bâtiments en pierre…) et s’agrandissent (extension des quais et des entrepôts, quartiers ouvriers…). Une impulsion économique gagne rapidement les arrière-pays vers lesquels se diffusent les nouveaux produits.

La bourgeoisie marchande est de plus en plus nombreuse et riche : elle investit dans la construction et l’entretien des navires, s’implique dans les compagnies de commerce, administre les villes portuaires et montre sa réussite en construisant des hôtels particuliers.