L’échec de la monarchie constitutionnelle

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La première Constitution française s’inscrit dans l’esprit de 1789 mais c’est un texte de compromis. Fragilisée par d’âpres débats et des conflits à différentes échelles, la monarchie constitutionnelle ne parvient pas à mettre en place un ordre politique stable.

I) Les tensions entre le roi, l’Assemblée et la nation

Le 14 juillet 1790, la fête de la Fédération célèbre l’unité du roi et de la nation. Louis XVI jure de maintenir et de respecter la future Constitution.

Pour autant, il est hostile aux réformes. Le 20 juin 1791, le roi et sa famille tentent de fuir pour retrouver des troupes fidèles dans la Meuse. Ils sont reconnus et arrêtés à Varennes le lendemain. De retour à Paris, le roi perd la confiance d’une grande partie de l’opinion.

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Les clubs sont des associations où les citoyens débattent des questions politiques. Ils tirent leurs noms des lieux de réunion, souvent d’anciens couvents (Jacobins, Cordeliers).

Le 17 juillet 1791, une manifestation populaire soutenue par les clubs patriotes réclame la déchéance du roi. Or, les députés soutiennent la monarchie constitutionnelle. La garde nationale est envoyée par l’Assemblée et disperse violemment les contestataires. La Constitution est votée le 3 septembre.

II) L’entrée en guerre d’un pays divisé

1) La réforme du clergé brise l’union nationale

La situation financière catastrophique conduit l’Assemblée à nationaliser les biens du clergé pour les revendre. La Constitution civile du clergé, votée le 12 juillet 1790, prévoit que les curés et évêques doivent prêter serment sur la Constitution. Ils deviennent des fonctionnaires élus par les fidèles et payés par l’État.

Cette réorganisation de l’Église est condamnée par le roi et le pape Pie VI. Le clergé se divise entre les « jureurs », qui prêtent serment, et les « réfractaires », qui s’y opposent. Nombreux dans l’Ouest et soutenus par des catholiques hostiles à ces réformes, ces derniers alimentent la contre-révolution.

2) Le débat sur l’entrée en guerre

Les princes européens craignent la contagion révolutionnaire. Les nobles émigrés les poussent également à secourir Louis XVI.

Les Girondins souhaitent entrer en guerre afin de renforcer le régime par la victoire. Le roi y est également favorable, pariant sur une ­défaite pour ­restaurer son pouvoir. Robespierre (montagnard) plaide la prudence.

Le 20 avril 1792, la France entre en guerre contre l’Autriche qui s’allie à la Prusse.

III) La chute de la royauté

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La Marseillaise tire son origine du Chant de guerre pour l’armée du Rhin, composé par Rouget de Lisle en avril 1792. En route pour Paris, les volontaires marseillais le chantent jusqu’à leur entrée dans la capitale en juillet 1792.

Les troupes étrangères pénètrent dans le Nord et l’Est de la France. La patrie est proclamée « en danger » le 11 juillet, mais le roi s’oppose à une levée en masse de soldats citoyens. Des volontaires affluent de toute la France, comme les fédérés marseillais, marchant au rythme du Chant de guerre pour ­l’armée du Rhin.

Le 10 août 1792, une insurrection parisienne prend le palais des Tuileries et force l’Assemblée législative à voter la déchéance du roi.

C’est la fin de la monarchie constitutionnelle. Ce régime n’a pas survécu à l’accélération de la Révolution, à la division des révolutionnaires en plusieurs camps et à la résistance du roi. Louis XVI et sa famille sont enfermés à la prison du Temple.

Le 21 septembre 1792, au lendemain de la victoire de Valmy, une nouvelle Assemblée élue au suffrage universel, la Convention, se réunit dans le but d’élaborer une nouvelle Constitution.

Zoom

La Constitution du 3 septembre 1791

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Le pouvoir royal est limité par l’Assemblée législative élue et par la décentralisation de l’administration. Le véto suspensif du roi lui permet seulement de différer l’application de la loi votée par l’Assemblée. Le pouvoir judiciaire est confié à des juges élus.

Le suffrage est censitaire et indirect. Les plus pauvres et les femmes sont exclus du droit de vote.