Introduction
Les conflits armés dans le monde contemporain ont profondément évolué depuis la fin de la guerre froide. Si les affrontements entre États ont reculé, on assiste à l’essor des guerres civiles, à l’implication croissante d’acteurs non étatiques, et à l’émergence de nouvelles formes de conflictualité, notamment dans le cyberespace et l’information. Ces conflits, de plus en plus complexes et durables, remettent en question l’efficacité des mécanismes de régulation et les capacités d’action des institutions internationales.
Dans ce contexte, comprendre les formes actuelles de conflit implique de les classer, d’en analyser les causes et les acteurs, mais aussi d’évaluer les possibilités — et les limites — de résolution ou de stabilisation.
De nombreux foyers de conflit dans le monde actuel
Le monde contemporain est marqué par de nombreux foyers de conflit, ouverts ou latents, d’intensité variable, mais souvent durables et déstabilisateurs.
Parmi les cas les plus significatifs :
La guerre en Ukraine, commencée en 2022, est un conflit interétatique d’intensité élevée, aux conséquences géopolitiques mondiales.
Le conflit entre Israël et le Hamas, ravivé en 2023, illustre une confrontation asymétrique sur fond de tensions régionales anciennes.
Les guerres civiles en Afrique (Soudan, Éthiopie/Tigré, Centrafrique) sont nourries par des facteurs ethniques, religieux ou économiques.
Le conflit en Birmanie, après le coup d’État de 2021, mêle affrontement politique, luttes identitaires et insurrection armée.
La région du Sahel est touchée par l’expansion du djihadisme, l’effondrement des États et des ingérences étrangères.
À ces situations s’ajoutent les conflits gelés, c’est-à-dire des tensions non résolues, où les armes se sont tues sans règlement politique durable. Exemples : la Corée, le Kosovo, la Transnistrie, ou encore la Chypre divisée. Ces conflits, suspendus mais non clos, entretiennent une instabilité structurelle.
À retenir
Les conflits actuels se manifestent sous des formes diverses. Certains sont ouverts et violents, d’autres gelés mais persistants. Tous participent à un désordre mondial durable.
Typologie des conflits contemporains
On peut distinguer plusieurs grandes catégories de conflits selon leur fréquence, leur nature et les acteurs qu’ils mobilisent.
Les guerres civiles (majoritaires)
Elles opposent un gouvernement central à des groupes armés rebelles ou insurrectionnels. Elles sont souvent prolongées, fragmentées et difficiles à résoudre. Exemples : Syrie, Yémen, Soudan.
Les conflits asymétriques
Ils impliquent des acteurs très inégaux, comme un État face à une guérilla, un groupe terroriste ou une milice. Ces conflits se caractérisent par l’usage de tactiques irrégulières (embuscades, attentats, drones). Exemples : Israël/Hamas, France/groupes djihadistes au Sahel.
Les conflits intercommunautaires
Ils opposent des groupes ethniques, religieux ou linguistiques au sein d’un même État. Souvent enracinés dans des discriminations historiques ou des rivalités territoriales. Exemples : Birmanie (contre les Rohingyas), Éthiopie (Tigré), Centrafrique.
Les guerres interétatiques
Moins fréquentes, elles opposent directement deux États. Exemples : Russie/Ukraine, Azerbaïdjan/Arménie.
Les conflits hybrides
Ils combinent plusieurs formes de guerre : combats conventionnels, cyberattaques, désinformation, opérations clandestines, pressions économiques, ou manipulation du droit. Exemple : la Russie en Ukraine depuis 2014.
Les conflits gelés
Ce sont des conflits dont les combats actifs ont cessé sans qu’un règlement de paix durable ait été établi. Ils restent potentiellement explosifs. Exemples : Corée, Kosovo, Transnistrie.
Les cyberconflits
De plus en plus fréquents, ils prennent la forme d’attaques informatiques contre des institutions, des entreprises ou des infrastructures critiques. Exemples : piratage de SolarWinds (États-Unis, 2020), attaques iraniennes et nord-coréennes, campagnes russes de désinformation.
À retenir
Les conflits contemporains sont variés : la majorité sont des guerres civiles ou asymétriques, mais des formes hybrides ou numériques émergent. Les conflits gelés rappellent qu’une guerre peut persister sans combats visibles.
Acteurs et logiques d’enlisement
Une pluralité d’acteurs
Les États interviennent directement ou par procuration.
Les groupes armés non étatiques (milices, guérillas, groupes terroristes) jouent un rôle croissant.
Les entreprises militaires privées, comme Wagner ou Blackwater, participent à des conflits dans une zone grise du droit, brouillant les responsabilités juridiques.
Les puissances étrangères (États-Unis, Russie, Chine) influencent directement les équilibres ou bloquent des processus de paix.
Les populations civiles, souvent premières victimes, sont parfois aussi acteurs (mobilisation populaire, auto-défense, exil stratégique).
Le rôle ambivalent des grandes puissances
Les États-Unis, la Russie et la Chine jouent un rôle décisif, souvent ambivalent :
Washington soutient des alliés stratégiques et facilite certains processus de paix (exemple : accords d’Abraham), mais ses interventions (Irak, Afghanistan) ont aussi généré instabilité et ressentiment.
Moscou soutient ses alliés militaires (Syrie, Wagner en Afrique) et bloque certaines résolutions à l’ONU.
Pékin privilégie une posture de neutralité diplomatique, mais protège ses intérêts (Birmanie, Soudan) et s’affirme dans les négociations multilatérales.
À retenir
Les conflits modernes impliquent de nombreux acteurs aux intérêts divergents. Les grandes puissances influencent fortement leur issue, mais de manière souvent ambivalente.
Les tentatives de paix : entre avancées et blocages
Négociations et médiations
Des acteurs comme l’ONU, l’Union africaine, des États tiers ou des ONG tentent de négocier des cessez-le-feu ou des accords politiques. Quelques réussites sont notables :
Namibie (1989–1990) : transition pacifique supervisée par l’ONU.
Libéria (2003) : désarmement et reconstruction appuyés par une mission onusienne.
Mais dans de nombreux cas (Syrie, Soudan, Birmanie), les processus échouent face à l’absence de volonté politique ou à l’ingérence de puissances extérieures.
Les limites de l’ONU
L’Organisation des Nations unies reste un cadre central pour la gestion des conflits (casques bleus, diplomatie multilatérale), mais ses capacités sont souvent bloquées :
Par les vétos au Conseil de sécurité.
Par un manque de moyens logistiques et financiers.
Par l’incapacité à imposer des décisions sans l’appui des puissances dominantes.
Ces limites alimentent des critiques sur son efficacité, bien que ses réussites ponctuelles montrent aussi son utilité.
À retenir
La paix ne peut être imposée sans volonté politique partagée, équilibre des forces et soutien international. Les organisations multilatérales comme l’ONU sont indispensables, mais insuffisantes à elles seules.
Conclusion
Les conflits contemporains se sont transformés : ils sont plus variés, plus fragmentés, plus prolongés. Guerres civiles, conflits identitaires, affrontements asymétriques, cyberattaques et opérations hybrides redessinent la géopolitique mondiale. Ils opposent des acteurs multiples et s’inscrivent dans un contexte de rivalités entre puissances.
Si des mécanismes de paix existent, leur efficacité dépend largement des équilibres internationaux, de l’engagement réel des parties et de la capacité à reconstruire des conditions de confiance. Face à cette réalité, la résolution des conflits impose une approche globale : sécuritaire, politique, juridique, sociale et économique. La paix reste un processus complexe, fragile, mais essentiel pour repenser un ordre international plus stable.
