Interférences par division de front d'onde : les trous d'Young

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Tu veux comprendre comment la lumière peut créer des motifs réguliers de franges claires et sombres ? Cette fiche te plonge dans l’expérience des trous d’Young, un pilier de la physique ondulatoire. Tu y découvriras comment se forment les interférences, comment calculer la différence de marche, et comment déterminer l’interfrange en fonction de la géométrie du dispositif. Mots-clés : interférences, trous d’Young, différence de marche, franges, interfrange.

= Nota : pour la lecture de la démonstration, passer le smartphone en mode paysage =

I. Dispositif à trous d'Young

1. Définition

Le dispositif à trous d'Young est un dispositif à division de front d'onde qui permet une division géométrique du faisceau.

2. Schéma du dispositif

picture-in-text

II. Déphasage et différence de marche

1. Rappel de la notion de phase

Il a été vu dans une leçon précédente que la phase de l'onde s'écrit (Φ(M)ωt)(\Phi (M) - \omega \cdot t) avec Φ(M)=2πλ0(OM)\Phi (M) = \dfrac{2 \pi}{\lambda _0} \cdot (OM), où (OM)(OM) est le chemin optique de OO à MM suivant le rayon lumineux, λ0=nλ\lambda _0 = n \cdot \lambda la longueur d'onde dans le vide et nn l'indice optique du milieu traversé par le rayon lumineux.

2. Notions de déphasage et de différence de marche

\bullet\quadIl a été vu dans une leçon précédente qu'on définit le déphasage entre les 22 ondes qui arrivent en MM par :

ΔΦ(M)=Φ2(M)Φ1(M)\Delta \Phi(M) = \Phi_2 (M) - \Phi_1 (M)

ΔΦ(M)=2πλ0(SM)22πλ0(SM)1\Leftrightarrow \Delta \Phi(M) = \dfrac{2 \pi}{\lambda_0} \cdot (SM)_2 - \dfrac{2 \pi}{\lambda_0} \cdot (SM)_1

ΔΦ(M)=2πλ0[(SM)2(SM)1]\Leftrightarrow \Delta \Phi(M) = \dfrac{2 \pi}{\lambda_0} \cdot [(SM)_2 - (SM)_1]


On pose δgeˊo(M)=(SM)2(SM)1\boxed{\delta_{\text{géo}}(M) = (SM)_2 - (SM)_1} : c'est la différence de marche géométrique entre 22 rayons qui interfèrent en MM.

Finalement, on peut écrire :

ΔΦ(M)=2πλ0δgeˊo(M)\boxed{\Delta \Phi(M) = \dfrac{2 \pi}{\lambda 0} \cdot \delta_{\text{géo}(M)}}

\bullet\quadHypothèse : dans le dispositif des trous d'Young, étant donné que la lumière ne se réfléchit pas d'un milieu moins réfringent à plus réfringent (par exemple air \rightarrow verre) ou d'un milieu transparent sur un métal, il n'y pas de déphasage supplémentaire à considérer dans l'étude : δgeˊo(M)=δ(M)\delta _\text{géo}(M) = \delta (M).

3. Application aux trous d'Young

\bullet\quadOn suppose que les trous sont équidistants de la source de lumière SS donc

(SS1)=(SS2)(SS_1) = (SS_2)

\bullet\quadOn pose :

\quad\circ\quad a=S1S2a = S_1S_2 ;

\quad\circ\quad DD la distance projetée sur xx entre les sources secondaires S1S_1, S2S_2 et l'écran.

\bullet\quadDans le cas usuel, Da,y,zD \gg a, y, z si yy et zz sont les coordonnées de MM dans le repère choisi sur le schéma ci-dessus.

\bullet\quadLa différence de marche géométrique s'écrit :

δgeˊo(M)=(SM)2(SM)1\delta_{\text{géo}}(M) = (SM)_2 - (SM)_1

δgeˊo(M)=(SS2)+(S2M)(SS1)(S1M)\Leftrightarrow \delta_{\text{géo}}(M) = (SS_2) + (S_2M) - (SS_1) - (S_1M)

δgeˊo(M)=(S2M)(S1M)\Leftrightarrow \delta_{\text{géo}}(M) = (S_2M) - (S_1M)

\bullet\quadCes chemins géométriques sont parcourus dans un milieu d'indice optique nn, on peut donc écrire :

δgeˊo(M)=n(S2MS1M)\delta_{\text{géo}}(M) = n \cdot(S_2M - S_1M)

\bullet\quadDans le repère (O , x , y , z)(O~,~\vec{x}~,~\vec{y}~,~\vec{z}) défini sur le schéma, les coordonnées des points sont :

\quad\circ\quad S1 (0 ; a2 ; 0)S_1 ~(0~;~\dfrac{a}{2}~;~0) ;

\quad\circ\quad S2 (0 ; a2 ; 0)S_2 ~(0 ~;~ - \dfrac{a}{2} ~;~ 0) ;

\quad\circ\quad M (D ; y ; z)M ~(D ~;~ y ~;~ z).

\bullet\quadD'après le cours de mathématiques sur les normes des vecteurs, on peut écrire :

\quad\circ\quad S2M=D2+(y+a2)2+z2S_2M = \sqrt{D^2 + \left(y + \dfrac{a}{2}\right)^2 + z^2} ;

\quad\circ\quad S1M=D2+(ya2)2+z2S_1M = \sqrt{D^2 + \left(y - \dfrac{a}{2}\right)^2 + z^2}.

\bullet\quadLa différence de marche géométrique peut donc s'écrire :

δgeˊo=n[D2+(y+a2)2+z2D2+(ya2)2+z2]\begin{aligned}\delta_{\text{géo}} &= n \cdot \Bigg[ \sqrt{D^2 + \left(y + \tfrac{a}{2}\right)^2 + z^2} \\&\quad - \sqrt{D^2 + \left(y - \tfrac{a}{2}\right)^2 + z^2} \Bigg]\end{aligned}

\Leftrightarrow

δgeˊo=nD[1+(y+a/2D)2+(zD)21+(ya/2D)2+(zD)2]\begin{aligned}{\small \delta_{\text{géo}} } &= n \cdot D \Bigg[ \sqrt{1 + \left(\tfrac{y+a/2}{D}\right)^2 + \left(\tfrac{z}{D}\right)^2 } \\&\quad - \sqrt{1 + \left(\tfrac{y-a/2}{D}\right)^2 + \left(\tfrac{z}{D}\right)^2 } \Bigg]\end{aligned}

\bullet\quadComme Da,y,zD \gg a, y, z, on a :

(y+a/2D)2+(zD)2X11\underbrace{\left(\dfrac{y+a/2}{D}\right)^2+\left(\dfrac{z}{D}\right)^2}_{X_1} \ll 1

et

(ya/2D)2+(zD)2X21\underbrace{\left(\dfrac{y-a/2}{D}\right)^2+\left(\dfrac{z}{D}\right)^2}_{X_2} \ll 1.

\bullet\quadOn admet que 1+X1+X2\sqrt{1+X} \approx 1+\dfrac{X}{2} pour X1|X|\ll 1 (développement limité de la fonction X1+XX\mapsto\sqrt{1+X} à l'ordre 11 en 00), on peut écrire :

δgeˊo=nD[1+X11+X2]\delta_{\text{géo}} = n \cdot D \cdot \left[\sqrt{1+X_1}-\sqrt{1+X_2}\right]

nD[(1+X12)(1+X22)]\approx n \cdot D \cdot \left[\left(1+\dfrac{X_1}{2}\right) - \left(1 + \dfrac{X_2}{2}\right)\right]

δgeˊonDX1X22\Leftrightarrow \delta_{\text{géo}} \approx n \cdot D \cdot \dfrac{X_1 - X_2}{2}

δgeˊonD2[(y+a/2D)2+(zD)2(ya/2D)2(zD)2]\Leftrightarrow \delta _{\text{géo}} \approx \small \dfrac{n \cdot D}{2} \cdot \left[\left(\dfrac{y+a/2}{D}\right)^2 + \left(\dfrac{z}{D}\right)^2-\left(\dfrac{y - a/2}{D}\right)^2-\left(\dfrac{z}{D}\right)^2\right]

δgeˊo=nD2D2[(y+a2)2(ya2)2]\Leftrightarrow \delta _{\text{géo}} = \dfrac{n \cdot D}{2 D^2} \cdot \left[\left(y + \dfrac{a}{2}\right)^2 - \left(y - \dfrac{a}{2}\right)^2\right]

\bullet\quadEn remarquant que nous avons une identité remarquable, on peut écrire :

δgeˊo=n2D[(y+a2+ya2)(y+a2y+a2)]\delta _{\text{géo}} = \small \dfrac{n}{2 D} \cdot \left[\left(y + \dfrac{a}{2} + y - \dfrac{a}{2}\right) \cdot \left(y + \dfrac{a}{2} - y + \dfrac{a}{2}\right)\right]

δgeˊo=n2D(2ya)\Leftrightarrow \delta _{\text{géo}} = \dfrac{n}{2 D} \cdot (2 y \cdot a)

δgeˊo=nayD\Leftrightarrow \boxed{\delta _{\text{géo}} = \dfrac{n \cdot a \cdot y}{D}}

\bullet\quadExpression de la différence de marche géométrique dans l'air :

Ainsi, dans l'air, comme n1n \approx 1, la différence de marche géométrique s'écrit

δgeˊo=ayD\boxed{\delta _{\text{géo}} = \dfrac{a \cdot y}{D}}

Si :

\quad\circ\quad a=S1S2a = S_1S_2 est la distance entre les deux sources secondaires ;

\quad\circ\quad DD est la distance entre S1S2S_1S_2 et l'écran ;

\quad\circ\quad yy est la hauteur de MM sur l'écran.

Cette expression est valable à chaque fois qu'on a mis en évidence 22 sources secondaires S1S_1 et S2S_2 et que les chemins optiques (S1M)(S_1M) et (S2M)(S_2M) sont effectués dans le même milieu.

III. Franges d'interférence : condition d'interférence constructive ou destructive

1. Définition

\bullet\quadUne frange d'interférence est l'ensemble des points MM tels que :

ΔΦ=constante        δgeˊo=constante     y=constante\boxed{\begin{aligned}\Delta \Phi &= \text{constante} \;\;\Leftrightarrow\;\; \delta_{\text{géo}} = \text{constante} \\ &\quad\quad\quad\quad\quad\quad ~\Leftrightarrow\;\; y = \text{constante}\end{aligned}}

\bullet\quadLes franges sur l'écran sont donc rectilignes, parallèles à zzzz' et perpendiculaires à S1S2S_1S_2.

Elles sont d'autant plus écartées que la distance eˊcran - trous\text{écran - trous} est grande.

2. Condition d'interférence constructive

\bullet\quadUne frange brillante en un point MM correspond à une amplitude de la vibration résultante maximale et égale à 2A2A. Cela est rendu possible dès lors que les ondes qui interfèrent en ce point sont en phase :

Amplitude maximale pour la vibration reˊsultante en M\small\text{Amplitude maximale pour la vibration résultante en}\ M

ΔΦ=2mπ  (mZ)\Leftrightarrow \Delta \Phi = 2 m \cdot \pi ~~ (m \in \mathbb{Z})

δgeˊo=mλ0\Leftrightarrow \boxed{\delta_\text{géo} = m \cdot \lambda _0}

\bullet\quadOn dit qu'il y a interférence constructive.

3. Condition d'interférence destructive

\bullet\quadUne frange sombre en un point MM correspond à une amplitude de la vibration résultante minimale et égale à 00. Cela est rendu possible dès lors que les ondes qui interfèrent en ce point sont en opposition de phase :

Amplitude minimale pour la vibration reˊsultante en M\small\text{Amplitude minimale pour la vibration résultante en}\ M

ΔΦ=(2m+1)π  (mZ)\Leftrightarrow \Delta \Phi = (2 m + 1) \cdot \pi ~~ (m \in \mathbb{Z})

δgeˊo=(2m+1)λ02\Leftrightarrow \boxed{\delta_\text{géo} = (2m + 1) \cdot \dfrac{\lambda _0}{2}}

\bullet\quadOn dit qu'il y a interférence destructive.

IV. Interfrange

1. Définition

\bullet\quadL'interfrange ii est la distance entre deux franges brillantes consécutives ou la distance entre deux franges sombres consécutives.

\bullet\quadCelle-ci a pour expression :

i=λDa\boxed{i = \dfrac{\lambda \cdot D}{a}} (en mm)

\quad\circ\quad a=S1S2a = S_1S_2 est la distance entre les deux sources secondaires (en mm) ;

\quad\circ\quad DD est la distance entre S1S2S_1S_2 et l'écran (en mm) ;

\quad\circ\quad λ\lambda est la longueur d'onde de la lumière monochromatique utilisée pour la source SS (en mm).

picture-in-text2. Démonstration

\bullet\quadLorsque la différence de marche dans l'air δ(M)=ayD\delta (M) = \dfrac{a \cdot y}{D} varie de λ\lambda, yy doit varier de ii par définition ;

\bullet\quadFinalement, λ=aiDi=λDa\lambda =\dfrac {a \cdot i}{D} \Leftrightarrow i = \dfrac {\lambda \cdot D}{a}.

V. Autres dispositifs d'interférences

1. Dispositifs par division de front d'onde

\bullet\quadC'est un dispositif par lequel il y a division géométrique du faisceau.

\bullet\quadExemples d'interféromètres :

\quad\circ\quad Miroirs de Fresnel ;

\quad\circ\quad Biprisme de Fresnel ;

\quad\circ\quad Demi-lentilles de Billet ;

\quad\circ\quad Miroir de Lloyd ;

\quad\circ\quad Bilentilles de Meslin.

2. Dispositifs par division d'amplitude (hors programme)

\bullet\quadC'est un dispositif par lequel il y a division énergétique du faisceau grâce à des lames semi réfléchissantes.

\bullet\quadExemple : interféromètre de Michelson.

= Merci à gbm pour avoir contribué à l'élaboration de cette fiche =