Individualisation et évolution des formes de la solidarité

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Avec la société industrielle qui émerge au XIX e siècle, l’individu devient progressivement plus autonome (individualisation) et ses liens avec les autres se transforment (d’une solidarité mécanique à une solidarité organique).

I Le processus d’individualisation

1 Des individus plus autonomes

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Individualisation et individualisme désignent, pour les sociologues, une caractéristique majeure des sociétés occidentales modernes marquées par le primat de l’individu, qui devient l’unité de référence pour la société et pour lui-même.

L’individualisation est un processus historique long qui conduit l’individu à s’émanciper progressivement de diverses tutelles (église, communauté, famille) et des modèles de comportement qu’elles imposent.

Cette transformation rend possible le choix de son avenir professionnel, de ses croyances et de ses opinions. De la même façon, les individus ne se voient plus imposer le mariage ou le choix de leur conjoint.

L’autonomisation des individus ne les affranchit pas de toutes normes juridiques et sociales, mais celles-ci s’imposent moins du dehors sur les individus et reposent davantage sur l’autocontrainte, c’est-à-dire des normes intériorisées.

2 Des liens à la fois plus forts et plus fragiles

L’individualisation conduit à tisser des liens davantage choisis, donc plus forts, mais aussi plus nombreux, les individus multipliant leurs appartenances à des groupes divers. Ces liens apparaissent néanmoins plus fragiles car les individus peuvent les rompre plus facilement.

Au sein de la famille, par exemple, les relations se sont profondément transformées : l’union conjugale ne se conçoit plus pour la vie entière et les relations entre les membres de la famille garantissent l’autonomie de chacun.

II L’évolution des formes de solidarité

1 La solidarité mécanique

La solidarité des sociétés traditionnelles est une solidarité mécanique (ou par similitude) : les individus sont peu différenciés, partagent les mêmes croyances et adhèrent aux mêmes valeurs. La tradition joue un rôle prépondérant et s’impose à tous. Tous les aspects de la vie sont réglementés par des prescriptions organisant la façon de manger, de s’habiller, les rites religieux, le choix des conjoints…

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Pour Émile Durkheim, la conscience collective désigne l’ensemble des croyances et des sentiments communs partagés par les membres d’un groupe, d’une société.

La cohérence de la société naît de la similitude de ses membres et de la parfaite adéquation entre les consciences individuelles et la conscience collective.

Ce type de solidarité persiste au sein des groupes primaires (familles, groupes de pairs) dans lesquels les individus nouent des liens entre personnes semblables.

2 La solidarité organique

Selon Durkheim, les sociétés modernes sont caractérisées par un processus de différenciation des individus qui crée une nouvelle forme de solidarité fondée sur la complémentarité. Il qualifie cette solidarité d’organique, par analogie avec les organes de l’être vivant remplissant chacun une fonction propre mais indispensable les uns aux autres.

Cette différenciation est due à la division du travail qui se développe au sein des sociétés industrielles. En spécialisant les individus, la division du travail les rend tout à la fois autonomes et interdépendants.

Dans les sociétés où domine la solidarité organique, la conscience collective laisse un espace aux consciences individuelles et une autonomie dans l’interprétation des normes à suivre. La solidarité organique ne fait cependant pas complètement disparaître la solidarité mécanique.