Incertitudes et réponses au changement climatique

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Dans cette leçon, tu vas comprendre comment les sociétés peuvent répondre au changement climatique à travers deux stratégies : atténuation et adaptation. Tu verras aussi pourquoi agir malgré les incertitudes est crucial pour limiter les risques à venir. Mots-clés : changement climatique, atténuation, adaptation, GIEC, incertitudes climatiques, justice climatique.

Introduction

Le réchauffement climatique est désormais un fait scientifiquement établi. Toutefois, prévoir ses évolutions précises et évaluer ses conséquences futures reste un exercice complexe. La science du climat s’appuie sur des modèles, des observations et des scénarios pour anticiper les trajectoires possibles du système Terre. Ces outils comportent des incertitudes, qu’il convient de comprendre sans les confondre avec du doute ou de l’approximation.

Dans le même temps, face à la gravité des impacts déjà observés et à venir, les sociétés doivent organiser leur réponse. Cela suppose à la fois des mesures d’atténuation, pour limiter l’intensité du changement climatique, et des mesures d’adaptation, pour réduire la vulnérabilité des populations et des milieux naturels. Cette double stratégie structure les recommandations du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans ses rapports successifs.

Les sources d’incertitude dans les projections climatiques

Les projections climatiques reposent sur des modèles numériques complexes qui simulent l’évolution du climat selon divers scénarios. Ces projections comportent plusieurs niveaux d’incertitude :

  • Incertitudes sur les émissions futures : on ne peut pas anticiper avec précision les choix économiques, politiques et technologiques des décennies à venir. Les scénarios utilisés par le GIEC, tels que SSP2–4.5 ou SSP5–8.5, associent une trajectoire socio-économique (par exemple, SSP5, scénario de développement rapide fondé sur les énergies fossiles) à un niveau de forçage radiatif estimé pour 2100 (par exemple, +8,5 W/m²). Il est important de noter que le scénario SSP5–8.5 est aujourd’hui jugé moins probable selon le dernier rapport du GIEC (AR6), et ne doit pas être interprété comme une trajectoire de référence.

  • Incertitudes scientifiques : certains processus du système climatique, comme les rétroactions nuageuses ou la dynamique des calottes glaciaires, restent partiellement compris ou modélisés avec simplification.

  • Incertitudes internes au système : le climat possède une variabilité naturelle qui rend certains détails locaux ou régionaux difficiles à prévoir à moyen terme, même en l’absence de changement global.

Malgré ces incertitudes, les tendances globales sont jugées robustes : augmentation de la température moyenne, élévation du niveau des mers, acidification des océans, et intensification de certains événements extrêmes.

À retenir

  • Les scénarios SSP–RCP combinent des trajectoires socio-économiques et des niveaux de forçage radiatif.

  • Le scénario SSP5–8.5 représente une situation extrême, désormais considérée comme peu probable.

  • Les incertitudes concernent les détails régionaux ou temporels, mais les grandes tendances globales sont bien établies.

Atténuer le changement climatique

L’atténuation consiste à réduire les facteurs à l’origine du changement climatique, principalement les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine. Elle repose sur plusieurs leviers :

  • Réduction des émissions directes : transition vers les énergies renouvelables, amélioration de l’efficacité énergétique, électrification des usages, sobriété dans les modes de production et de consommation.

  • Réduction des émissions industrielles : notamment celles associées à des secteurs fortement émetteurs comme la production de ciment, la sidérurgie ou la pétrochimie.

  • Séquestration du carbone : par les forêts, les sols ou les océans (solutions naturelles), ou par des technologies de capture et de stockage du carbone, encore peu développées à grande échelle.

  • Réduction des émissions indirectes : liées notamment à la déforestation, à l’élevage, ou à certaines pratiques agricoles intensives.

Les objectifs internationaux actuels visent à limiter le réchauffement à +2 °C, voire +1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Il s’agit de seuils politiques définis par l’Accord de Paris, choisis pour limiter les risques majeurs, bien qu’ils ne correspondent pas à des points de bascule physiques précis.

À retenir

  • L’atténuation vise à limiter l’ampleur du réchauffement en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.

  • Elle repose sur la transformation des systèmes énergétiques, industriels, agricoles et forestiers.

  • Les seuils de +1,5 °C et +2 °C sont des repères politiques pour orienter l’action climatique mondiale.

S’adapter à un climat qui change

Même avec une atténuation ambitieuse, une partie du réchauffement est désormais inévitable. Il est donc nécessaire de s’adapter aux effets déjà perceptibles du changement climatique. L’adaptation vise à réduire la vulnérabilité des sociétés humaines et des écosystèmes.

Les stratégies d’adaptation peuvent être :

  • Techniques : systèmes d’alerte, aménagements littoraux, infrastructures résistantes aux inondations, etc. La climatisation, par exemple, peut contribuer à réduire la mortalité lors des canicules, mais elle représente une solution de court terme, dont l’efficacité dépend fortement de la source d’énergie utilisée (renouvelable ou fossile) et qui peut accroître les émissions si elle repose sur des combustibles fossiles.

  • Organisationnelles : révision des politiques d’urbanisme, de gestion de l’eau, d’aménagement agricole, ou encore de politiques sanitaires adaptées aux nouvelles conditions climatiques.

  • Écosystémiques : restauration des zones humides, des mangroves, des forêts ; maintien de corridors écologiques.

  • Institutionnelles et sociales : accès équitable à l’information et aux ressources, mécanismes d’assurance, coopération entre échelles locales et nationales.

À retenir

  • L’adaptation vise à réduire les vulnérabilités face aux effets déjà présents ou inévitables du réchauffement.

  • Elle mobilise des solutions techniques, écologiques, sociales et institutionnelles.

  • Certaines solutions, comme la climatisation, posent des dilemmes si elles reposent sur des énergies carbonées.

Articuler atténuation, adaptation et justice climatique

L’atténuation et l’adaptation sont complémentaires, mais ne sont pas toujours convergentes. Certaines mesures peuvent :

  • se renforcer mutuellement : restaurer une mangrove protège les côtes (adaptation) et stocke du carbone (atténuation) ;

  • entrer en conflit : généraliser la climatisation améliore le confort (adaptation), mais peut accroître les émissions (contre-atténuation) selon le mix énergétique.

Les réponses au changement climatique soulèvent également des enjeux de justice climatique. Les pays et les populations les plus vulnérables sont souvent ceux qui ont le moins contribué au réchauffement global. Cela pose des questions d’équité, de solidarité internationale et de financement de l’adaptation.

Enfin, certaines mesures peuvent rencontrer des limites physiques, sociales ou politiques : disponibilité des ressources, conflits d’usage, contraintes économiques, ou encore résistance sociale aux changements.

À retenir

  • Atténuation et adaptation doivent être pensées ensemble, dans une logique cohérente et intégrée.

  • La justice climatique implique une répartition équitable des efforts et un soutien aux populations les plus exposées.

  • Réussir la transition climatique suppose une coordination mondiale et des arbitrages éclairés.

Conclusion

Face au changement climatique, les incertitudes ne sont pas des obstacles à l’action, mais des éléments à intégrer dans une démarche de gestion des risques. Les réponses au défi climatique reposent sur deux piliers indissociables : réduire les facteurs du réchauffement (atténuation) et limiter ses effets sur les sociétés et les milieux (adaptation).

Les grandes lignes du changement climatique à venir sont désormais connues, comme le confirment les évaluations successives du GIEC. L’ampleur du réchauffement, sa durée, et ses conséquences dépendront des décisions prises aujourd’hui à toutes les échelles : individuelle, locale, nationale et mondiale. Agir rapidement et équitablement est la condition pour limiter les risques climatiques et construire un avenir plus résilient.