Introduction
Depuis toujours, les humains cherchent à se repérer dans l’espace. Autrefois, les navigateurs observaient les étoiles et utilisaient des boussoles pour trouver leur chemin, tandis que les explorateurs dessinaient leurs trajets sur des cartes papier. Aujourd’hui, quelques secondes suffisent à un smartphone pour indiquer notre position exacte sur Terre.
Ce progrès repose sur des technologies de géolocalisation associant satellites, réseaux numériques et programmes informatiques capables de calculer la position d’un objet en temps réel. Ces systèmes, devenus indispensables dans les transports, les loisirs ou la recherche, sont le résultat d’une longue évolution scientifique et technique.
De la carte papier à la géolocalisation numérique
Jusqu’aux années 1970, les cartes étaient dessinées à la main à partir d’observations et de relevés topographiques. Leur précision dépendait des outils utilisés et de l’habileté du cartographe. Avec l’arrivée de l’informatique, ces cartes ont été numérisées : elles sont devenues des fichiers numériques pouvant être modifiés, enrichis et combinés à d’autres données.
Cette numérisation a ouvert la voie à la cartographie numérique et à la géolocalisation, c’est-à-dire la possibilité de déterminer la position d’un objet ou d’une personne sur la surface terrestre grâce à des signaux transmis par des satellites.
À retenir
La géolocalisation est née de la rencontre entre l’informatique et la cartographie : elle permet de connaître sa position à tout moment grâce aux signaux émis par des satellites.
Le GPS : une invention militaire devenue mondiale
Le GPS (Global Positioning System, « système mondial de positionnement ») a été créé par l’armée américaine à partir de 1978, en pleine guerre froide, pour améliorer la navigation des avions et des sous-marins.
Le GPS repose sur un groupe d’une trentaine de satellites en orbite autour de la Terre. Chacun d’eux émet en continu un signal radio contenant sa position et l’heure exacte de l’émission. Le récepteur GPS de ton téléphone ou de ta voiture capte plusieurs de ces signaux et calcule la distance qui le sépare de chaque satellite.
Contrairement à la triangulation, qui s’appuie sur la mesure d’angles, le GPS utilise une méthode appelée trilatération. Celle-ci consiste à déterminer la position d’un point en calculant ses distances à plusieurs satellites. En croisant les signaux de trois satellites ou plus, l’appareil peut déterminer ta position précise sur Terre.
Ces coordonnées, exprimées en latitude (nord-sud) et longitude (est-ouest), permettent de situer tout lieu sur la planète. Par exemple, la Tour Eiffel se trouve à environ 48,8584° N, 2,2945° E.
Pour que tous les appareils GPS puissent communiquer entre eux, un langage commun a été défini : le protocole NMEA 0183 (National Marine Electronics Association). Ce protocole normalise la manière dont les récepteurs GPS transmettent les données de position à d’autres équipements — par exemple un ordinateur de bord, un drone ou une montre connectée. Il garantit ainsi une communication universelle entre les appareils de géolocalisation.
À retenir
Le GPS, développé par l’armée américaine en 1978, repose sur la trilatération entre plusieurs satellites. Le protocole NMEA 0183 permet aux appareils de transmettre leurs coordonnées dans un format commun.
Les autres systèmes mondiaux de localisation
Le succès du GPS a inspiré d’autres pays à développer leurs propres systèmes pour assurer leur indépendance technologique et améliorer la précision de la géolocalisation.
Le GLONASS (Globalnaya Navigatsionnaya Sputnikovaya Sistema, « système mondial de navigation par satellite ») est le système russe, créé dans les années 1990. Il repose sur une vingtaine de satellites et fonctionne sur un principe similaire à celui du GPS, mais avec une couverture complémentaire dans les régions polaires, où le GPS est parfois moins précis.
L’Europe a lancé son propre programme, Galileo, au début des années 2000. Conçu à des fins civiles, il est géré par l’Union européenne et est devenu opérationnel en 2016. Galileo offre une précision d’environ un mètre, et même quelques centimètres pour certaines utilisations professionnelles. Il symbolise la volonté européenne de disposer d’un système indépendant, fiable et ouvert à tous les usages, du smartphone aux missions de secours.
La Chine a développé BeiDou (« la Grande Ourse »), un système d’abord régional devenu mondial en 2020, tandis que l’Inde exploite NavIC (Navigation with Indian Constellation), couvrant principalement l’Asie du Sud. Ces systèmes fonctionnent de manière similaire, mais chacun possède ses propres satellites et ses zones de couverture privilégiées.
Aujourd’hui, la plupart des smartphones utilisent plusieurs systèmes à la fois (GPS, Galileo, GLONASS, BeiDou) pour obtenir une position plus rapide et plus précise, quelle que soit la région du monde.
À retenir
Plusieurs systèmes de localisation coexistent : GPS (États-Unis), GLONASS (Russie), Galileo (Europe), BeiDou (Chine) et NavIC (Inde). Ensemble, ils assurent une géolocalisation mondiale, précise et stable.
Le principe général de la géolocalisation
La géolocalisation repose sur la mesure du temps mis par les signaux radio pour parcourir la distance entre les satellites et le récepteur. Comme ces ondes se déplacent à la vitesse de la lumière, les appareils peuvent calculer leur position en une fraction de seconde.
Pour obtenir une localisation fiable, le récepteur doit capter les signaux d’au moins trois satellites pour sa position au sol (latitude et longitude) et d’un quatrième satellite pour déterminer son altitude. Ces calculs sont automatisés et mis à jour en permanence.
Mais la localisation ne passe pas uniquement par les satellites. Les smartphones combinent plusieurs technologies pour affiner leur position :
les antennes GSM (Global System for Mobile communications, « système mondial de communication mobile »), qui estiment la position selon la puissance du signal téléphonique ;
les réseaux Wi-Fi, qui identifient les points d’accès à proximité ;
le Bluetooth, utilisé dans certains lieux fermés grâce à des balises appelées beacons (balises de proximité).
Ces technologies se complètent pour offrir une géolocalisation hybride, capable de fonctionner même à l’intérieur des bâtiments ou dans les zones où le signal satellite est faible.
À retenir
La géolocalisation repose sur la trilatération des signaux satellites, complétée par le Wi-Fi, le Bluetooth et les antennes GSM pour plus de précision.
Les usages numériques de la géolocalisation
La géolocalisation est au cœur d’innombrables usages quotidiens.
Les applications de navigation comme Google Maps, Apple Plans ou Waze utilisent ces données pour proposer des itinéraires, signaler le trafic et guider les conducteurs. Les applications sportives telles que Strava, Nike Run Club ou Komoot enregistrent les parcours des utilisateurs pour mesurer leurs performances. Des applications comme Life360 permettent de suivre la position d’amis ou de membres de la famille.
Dans les transports, les services de livraison (Uber Eats, Deliveroo) et les plateformes de mobilité (Uber, Bolt) reposent sur la géolocalisation pour suivre les véhicules et optimiser les trajets. Les scientifiques utilisent aussi ces systèmes pour étudier la migration des animaux, suivre les mouvements des glaciers ou mesurer l’évolution du niveau des mers.
À retenir
La géolocalisation est utilisée dans la navigation, le sport, les transports, la recherche et les applications de la vie quotidienne.
Une société géolocalisée : enjeux et responsabilités
La généralisation de la géolocalisation a profondément transformé nos habitudes. Chaque déplacement, recherche d’adresse ou photo prise avec un smartphone laisse une trace numérique, enregistrée dans des bases de données. Ces informations permettent d’améliorer les services, mais elles révèlent aussi beaucoup sur nos habitudes de vie : lieux fréquentés, horaires, itinéraires, etc.
Ces données sont considérées comme des données personnelles sensibles. En Europe, le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) protège les utilisateurs : il impose aux entreprises de demander un consentement explicite avant de collecter ou d’utiliser les informations de localisation. Il garantit aussi le droit d’accès, de correction et de suppression de ces données.
Cette “société de la géolocalisation” interroge notre rapport à la vie privée. Elle nous rappelle qu’être connecté signifie aussi être traçable. Apprendre à gérer ses paramètres de localisation et à protéger ses données fait donc partie intégrante de la citoyenneté numérique.
À retenir
La géolocalisation crée des traces numériques. Le RGPD garantit à chacun le contrôle de ses données pour préserver la vie privée dans un monde connecté.
Conclusion
Des cartes papier aux systèmes de satellites, l’histoire de la géolocalisation montre comment la science et le numérique ont bouleversé notre rapport à l’espace. Le GPS américain (1978), le GLONASS russe, le Galileo européen (2016) et les systèmes asiatiques comme BeiDou et NavIC forment aujourd’hui une infrastructure mondiale capable de localiser un point sur Terre avec une précision de quelques mètres.
Grâce à la trilatération et à des protocoles communs comme le NMEA 0183, les appareils communiquent entre eux et échangent des coordonnées en temps réel. Mais cette prouesse technologique s’accompagne d’une responsabilité citoyenne : protéger nos données, comprendre les usages des applications et garder le contrôle sur notre présence numérique.
La géolocalisation, outil de progrès et de découverte, n’est pas seulement un moyen de savoir où nous sommes, mais aussi une invitation à réfléchir à comment nous voulons être visibles dans le monde connecté d’aujourd’hui.
