Cette fiche présentera les aspects énergétiques du mouvement, à savoir :
L'énergie mécanique et sa conservation dans certaines conditions ;
Les forces dissipatives et le théorème de l'énergie mécanique.
: dans ces fiches, les systèmes sont assimilés à des points matériels de masse constante.
I. Énergie mécanique et systèmes conservatifs
1. Introduction
Nous allons voir dans ce paragraphe tout l'intérêt des forces conservatives et de la notion d'énergie mécanique.
Considérons un point matériel, de masse , qui est soumis :
A une force conservative dérivant de l'énergie potentielle ;
Et éventuellement à d'autres forces dont le travail est nul (par exemple la réaction normale du sol ) ;
Appliquons-lui le théorème de l'énergie cinétique entre deux points et de sa trajectoire :
ce que nous pouvons réécrire :
Nous constatons que la somme de l'énergie cinétique et de l'énergie potentielle est la même en et en , et donc en tout point de la trajectoire (puisque le calcul vaut pour n'importe quels points et ).
Ceci nous amène à introduire une nouvelle notion : l'énergie mécanique.
2. L'énergie mécanique
Définition :
L'énergie mécanique d'un point matériel en désigne la somme de son énergie cinétique et de son énergie potentielle en :
Remarque : l'expression de l'énergie potentielle dépend de la ou des interactions en jeu : la pesanteur, l'interaction électrostatique, etc.
3. Conservation de l'énergie mécanique
Propriété :
L'énergie mécanique d'un point matériel soumis uniquement à une ou plusieurs forces conservatives est constante.
On dit que l'énergie mécanique du système se conserve ou encore que le système est conservatif.
Ce résultat reste valable si le point matériel subit aussi une ou plusieurs forces dont le travail est nul quel que soit le déplacement.
4. Exemples de systèmes conservatifs
En général,
Si les frottements sont négligés (ou absents comme dans l'espace !)
Et si le système est abandonné à lui-même dans un champ de pesanteur (ou autre), c'est-à-dire que le système n'est ni poussé, ni tracté, ni propulsé (par un moteur par exemple), alors le système est conservatif.
Exemples :
Un système en chute libre (= soumis seulement à son poids), car le poids est conservatif ;
Un système soumis uniquement à son poids et à la réaction normale du support (donc pas de frottement !), comme un objet qui dévale une pente ;
Le pendule simple (sans frottement), car la tension du fil est normale à la trajectoire et donc ne travaille pas ;
Une particule chargée en mouvement dans un champ électrostatique ;
Le Soleil et son cortège de planètes (avec une très bonne approximation).
Dans un exercice, il faudra justifier que le système est conservatif en faisant le bilan des forces et en vérifiant que celles-ci sont conservatives (ou qu'elles ne travaillent pas).
5. Propriétés des systèmes conservatifs
L'énergie mécanique d'un système conservatif est constante, elle caractérise le mouvement du système et se déduit souvent des conditions initiales du mouvement (vitesse et position initiales).
L'énergie mécanique ne dépend que de la masse, de la vitesse et de la position : elle fournit donc une relation simple entre vitesse et position du point matériel, valable en tout point de la trajectoire.
Les forces conservatives peuvent uniquement transformer l'énergie potentielle en énergie cinétique et vice versa : elles ne modifient pas l'énergie totale du système. En effet, nous avons la relation :
Si un système est conservatif, l' et l' varient donc en sens inverse l'un de l'autre.
Ainsi au ski ou à vélo (sans pédalage !), si on remonte une pente, la vitesse diminue et inversement en descente la vitesse augmente, essentiellement du fait que la pesanteur provoque des transformations mutuelles d' et d' lorsque l'altitude du système varie.
Exemple de la chute libre d'un corps :
A venir dans une fiche d'exercices
II. Forces non conservatives et théorème de l'énergie mécanique
Nous venons de voir que les forces conservatives permettaient de caractériser certains systèmes par leur énergie mécanique constante.
Il reste à traiter le cas où un système subit des forces qui ne sont pas conservatives, grâce à un théorème important qui fait le lien entre forces non conservatives et variation de l'énergie mécanique d'un système.
1. Forces non conservatives / forces dissipatives
Le travail des forces non conservatives entre deux points et dépend du chemin suivi par le système de à . Il y a alors conversion du travail mécanique en une autre forme d'énergie.
Font partie des forces non conservatives :
Les forces de frottement (solide ou fluide) : le travail est converti en chaleur ;
Les forces de viscosité : le travail est converti en turbulences dans le fluide extérieur puis en chaleur ;
Les forces de déformation lors d'un choc ;
Les forces de poussée, de traction, de propulsion ;
La tension d'un fil ou d'une corde ;
Les actions de liaison (réaction du support).
Les forces dissipatives sont des forces non conservatives dont le travail est résistant (donc négatif) : nous allons voir qu'elles font diminuer l'énergie mécanique du système. Les forces de frottement sont toujours dissipatives.
2. Théorème de l'énergie mécanique
La variation d'énergie mécanique d'un point matériel entre les points et , est égale à la somme des travaux des forces non conservatives appliquées au mobile sur le trajet :
avec :
: variation d'énergie mécanique (en ) ;
: variation d'énergie cinétique (en ) ;
: variation d'énergie potentielle (en ) ;
: somme des travaux des forces non conservatives.
Ce théorème n'est toutefois valable que si le référentiel d'étude est galiléen.
: dans le terme de droite n'apparaît que la somme des travaux des forces NON conservatives. Il ne faut surtout pas ajouter le travail des forces conservatives (comme le poids) car ce travail est déjà pris en compte dans la variation d'énergie potentielle.
Ce théorème découle directement du théorème de l'énergie cinétique.
Considérons un point matériel, de masse , qui est soumis :
à une ou plusieurs forces conservatives
et à d'autres forces non conservatives
Appliquons-lui le théorème de l'énergie cinétique entre deux points et de sa trajectoire :
car, par définition de l'énergie potentielle :
Nous en déduisons le résultat :
3. Application : mouvement d'une luge avec / sans frottement
A venir dans une fiche d'exercices
III. Le principe de conservation de l'énergie selon Richard Feynman
Extrait du cours de physique de Feynman (prix Nobel de physique), mécanique tome 1 :
« Imaginons un enfant, par exemple "Denis la terreur" qui possède des cubes absolument indestructibles, et qui ne peuvent pas être divisés en morceaux. Tous les cubes sont identiques. Supposons qu'il y ait 28 cubes. Sa mère le met dans sa chambre au début de la journée avec ses 28 cubes. À la fin de la journée, étant curieuse, elle compte les cubes avec attention et découvre une loi phénoménale - quoi qu'il fasse avec ses cubes, il en reste toujours 28 ! Ceci se répète plusieurs jours durant, jusqu'au jour où il n'y a que 27 cubes, mais un peu de recherche montre qu'il y en a un sous le tapis - elle doit regarder partout pour s'assurer que le nombre de cubes n'a pas changé. Un jour, cependant, le nombre semble changer : il n'y a que 26 cubes. Une recherche attentive montre que la fenêtre était ouverte, et en regardant dehors, elle retrouve les deux autres cubes. Un autre jour, un compte précis indiqua qu'il y en avait 30 ! Ceci la troubla au plus haut point, jusqu'au moment où elle réalisa que Bruce était passé, amenant ses cubes avec lui, et qu'il en avait laissé quelques-uns à la maison de Denis [...]
En conclusion, dans son cas, elle trouve une quantité qui doit être calculée, et qui reste toujours la même ».
= Merci à krinn / Skops pour avoir contribué à l'élaboration de cette fiche =
