Les études comme investissement en capital humain

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Dans cette leçon, tu vas comprendre pourquoi les études sont considérées comme un investissement en « capital humain ». Tu verras comment l’éducation développe les compétences, favorise l’emploi et améliore le revenu, tout en contribuant au progrès collectif. On analysera aussi les inégalités d’accès à l’éducation et l’importance de rendre cet investissement accessible à tous. Mots-clés : capital humain, éducation, investissement, emploi, inégalités, réussite.

Introduction

Dans nos sociétés, faire des études est souvent présenté comme la clé de la réussite professionnelle. Pourtant, étudier demande du temps, des efforts et parfois beaucoup d’argent. En économie, on dit que suivre des études est un investissement en capital humain.

Un investissement, au sens économique, consiste à accepter un sacrifice dans le présent (du temps, de l’argent, du travail) pour obtenir un avantage futur, comme un meilleur emploi ou un salaire plus élevé. Mais cet investissement ne profite pas seulement à l’individu : il peut aussi être bénéfique pour toute la société, en améliorant la croissance économique et la cohésion sociale.

Comment les études permettent-elles d’accumuler du capital humain, et quels effets ont-elles sur l’emploi, le revenu et la réussite personnelle ?

Qu’est-ce que le capital humain ?

Le concept de capital humain a été développé dans les années 1960 par Gary Becker (1930-2014, économiste américain, prix Nobel d’économie en 1992). Il désigne l’ensemble des connaissances, des compétences et des savoir-faire qu’une personne acquiert tout au long de sa vie et qui la rendent plus productive dans son travail. Autrement dit, étudier, se former ou acquérir de l’expérience permet d’augmenter sa valeur sur le marché du travail, au même titre qu’une entreprise investit dans de meilleures machines pour produire davantage.

On distingue deux formes de capital humain. Le capital humain individuel correspond aux compétences et aux connaissances propres à une personne. Il influence directement sa réussite professionnelle et son niveau de revenu. Le capital humain collectif, lui, représente l’ensemble des savoirs accumulés dans une société.

Quand beaucoup de citoyens sont bien formés, cela favorise la croissance, l’innovation et le développement social. Ainsi, un pays qui investit massivement dans l’éducation, comme la Finlande ou la Corée du Sud, profite d’une main-d’œuvre qualifiée, d’entreprises plus performantes et d’un niveau de vie plus élevé pour tous.

Mais investir dans ses études n’est pas sans coût : cela demande du temps, un effort personnel et des dépenses financières. En France, une année d’études supérieures coûte en moyenne 10 000 euros (logement, transport, alimentation, matériel, etc.), selon l’Observatoire de la vie étudiante. De plus, pendant les études, on renonce souvent à un salaire, ce qu’on appelle le coût d’opportunité.

À retenir

Le capital humain désigne les compétences et savoirs acquis grâce à l’éducation et à la formation. Investir dans ses études suppose un effort présent pour en tirer des avantages futurs.

Les études et l’emploi : un lien fort

Les études jouent un rôle essentiel dans l’accès à l’emploi. Plus une personne a de compétences, plus elle a de chances d’être embauchée et de garder son travail. Les études développent à la fois des compétences techniques (utiliser des outils, parler une langue étrangère, maîtriser des logiciels) et des compétences sociales (coopérer, communiquer, s’adapter).

En France, selon l’Insee, le taux de chômage des diplômés du supérieur est d’environ 5 %, contre 15 % pour les personnes sans diplôme. Ce chiffre montre que plus le niveau de formation est élevé, plus le risque de chômage est faible. Cependant, obtenir un diplôme ne garantit pas toujours un emploi immédiatement. Certains jeunes peinent à trouver un poste correspondant à leur qualification, on parle alors de déclassement (lorsqu’on occupe un emploi en dessous de son niveau de diplôme) ou de surqualification (lorsqu’on a plus de compétences que ce que demande le poste).

Pour favoriser l’accès à la formation et réduire ces difficultés, l’État met en place des politiques publiques. Le lycée professionnel permet aux élèves d’apprendre un métier concret et de s’insérer rapidement sur le marché du travail. La plateforme Parcoursup aide les lycéens à choisir leur orientation. Enfin, les bourses étudiantes soutiennent les jeunes issus de milieux modestes afin qu’ils puissent poursuivre leurs études sans obstacles financiers.

À retenir

Les études facilitent l’accès à l’emploi en développant des compétences utiles. Mais elles ne garantissent pas toujours une insertion immédiate, et tous les jeunes n’ont pas les mêmes chances d’y accéder.

Les études et le salaire : un investissement souvent rentable

Étudier, c’est aussi chercher à améliorer son niveau de vie futur. En moyenne, plus on est diplômé, plus on gagne sa vie. On parle de rentabilité de l’investissement en capital humain : les années d’études représentent un coût aujourd’hui, mais elles permettent de gagner davantage plus tard.

En France, selon l’OCDE, une personne diplômée de l’enseignement supérieur gagne en moyenne 40 % de plus qu’une personne sans diplôme. Cette différence s’explique par le fait que les travailleurs plus qualifiés sont généralement plus productifs et occupent des postes à plus forte responsabilité.

Toutefois, la rentabilité des études n’est pas la même pour tout le monde. Elle dépend du type de diplôme (un diplôme d’ingénierie ou de santé est souvent mieux rémunéré qu’un diplôme plus généraliste), du secteur d’activité (certains domaines comme le numérique ou l’énergie paient davantage), mais aussi du contexte économique. Dans certains pays d’Europe du Sud, comme l’Espagne ou la Grèce, le taux de chômage des jeunes diplômés dépasse 20 %, ce qui rend l’investissement en éducation moins rentable à court terme.

Enfin, il faut rappeler que le diplôme n’est pas toujours une garantie : il existe des risques d’échec ou de non-rentabilité. Certains économistes, comme Michael Spence (né en 1943, prix Nobel d’économie en 2001), ont montré que le diplôme agit parfois comme un signal envoyé aux employeurs : il indique la motivation et la capacité d’effort du candidat, mais ne prouve pas toujours qu’il sera plus productif.

À retenir

Les études augmentent en général les revenus futurs, mais leur rentabilité varie selon le diplôme, le secteur et la situation économique. Le diplôme reste un atout, mais il n’offre pas toujours une garantie.

Les inégalités d’accès à l’éducation : un frein à l’égalité des chances

Si les études sont bénéfiques, tous les jeunes n’ont pas les mêmes possibilités d’en profiter. L’origine sociale et le lieu de vie influencent fortement les parcours scolaires. Les enfants issus de milieux favorisés disposent souvent de plus de ressources culturelles et financières. Ils sont plus nombreux à fréquenter les filières générales, qui mènent aux études longues et aux métiers qualifiés.

À l’inverse, les enfants de milieux modestes, souvent orientés vers les filières technologiques ou professionnelles, accèdent moins fréquemment à l’enseignement supérieur. Ces filières permettent une insertion rapide, mais offrent parfois moins de débouchés à long terme.

Ces différences traduisent une inégalité d’accès au capital humain. En 2023, selon le ministère de l’Éducation nationale, 70 % des enfants de cadres obtiennent un diplôme du supérieur, contre seulement 32 % des enfants d’ouvriers. Ces écarts montrent que l’école, censée réduire les inégalités, peut aussi les reproduire. Les politiques publiques, comme les bourses ou les programmes d’égalité des chances, cherchent à corriger ces déséquilibres et à offrir à chacun la possibilité d’investir dans son éducation.

À retenir

L’accès à l’éducation reste inégal selon le milieu social et le territoire. Ces différences freinent la mobilité sociale et la constitution d’un capital humain collectif.

Les études et la réussite personnelle

Les études ne servent pas seulement à obtenir un emploi ou un revenu. Elles permettent aussi de mieux comprendre le monde, de développer son esprit critique et de gagner en autonomie.

Apprendre, c’est acquérir des savoirs mais aussi la capacité de faire des choix de vie, de s’adapter aux changements et de participer activement à la société. Ainsi, investir dans son éducation, c’est non seulement préparer son avenir professionnel, mais aussi se donner les moyens de mener une vie plus libre et plus épanouie.

À retenir

Les études permettent d’acquérir des connaissances, mais aussi une ouverture d’esprit et une autonomie qui favorisent la réussite personnelle et citoyenne.

Conclusion

Faire des études, c’est investir dans son capital humain, c’est-à-dire dans les connaissances et compétences qui améliorent la vie professionnelle et personnelle. Cet investissement implique un sacrifice présent (du temps, des efforts, de l’argent) pour obtenir des bénéfices futurs : un emploi plus stable, un meilleur revenu, une plus grande liberté de choix.

Mais les effets des études dépassent l’individu : en formant des citoyens compétents et actifs, l’éducation renforce le capital humain collectif, moteur de la croissance et de la cohésion sociale. Rendre l’éducation accessible à tous reste donc un objectif essentiel pour garantir à chaque jeune les moyens de construire son avenir et de contribuer à celui de la société.