Effets des politiques monétaire et budgétaire

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Cette leçon t’explique comment les politiques budgétaire et monétaire permettent de stabiliser l’économie à court terme. Tu y découvriras comment les États et la Banque centrale européenne interviennent pour soutenir la demande, relancer la croissance ou contenir l’inflation, ainsi que les contraintes institutionnelles propres à la zone euro. Mots-clés : politique budgétaire, politique monétaire, BCE, cycle économique, multiplicateur keynésien, zone euro.

Introduction

Les politiques économiques conjoncturelles visent à agir à court terme sur l’activité économique afin d’en atténuer les déséquilibres. Elles reposent sur deux grands instruments : la politique budgétaire, menée par les États, et la politique monétaire, confiée dans la zone euro à la Banque centrale européenne (BCE).

Ces politiques s’inscrivent dans le cadre du cycle économique, caractérisé par l’alternance de périodes d’expansion (surchauffe) et de récession (ralentissement de l’activité). Dans la zone euro, leur mise en œuvre est rendue plus complexe par la répartition des compétences : la monnaie est commune, mais les budgets restent nationaux, ce qui crée des contraintes particulières lors des crises.

Les effets de la politique budgétaire sur l’activité

La politique budgétaire conjoncturelle agit sur la demande globale à travers les dépenses publiques et la fiscalité. En période de récession, l’État peut soutenir l’économie en augmentant ses dépenses publiques (investissement, prestations sociales) ou en réduisant les impôts. Cette action s’appuie sur le multiplicateur keynésien, selon lequel une dépense initiale génère une série de revenus et de consommations successives.

Par exemple, une dépense publique de 100 € entraîne 80 € de consommation supplémentaire (si la propension marginale à consommer est de 0,8), puis 64 €, etc., amplifiant ainsi l’effet initial. Cette propension marginale à consommer correspond à la part d’un revenu supplémentaire consacrée à la consommation.

Les stabilisateurs automatiques complètent cette action : ils jouent un rôle contracyclique sans décision politique nouvelle. En période de crise, les allocations chômage augmentent automatiquement, tandis que les recettes fiscales diminuent, soutenant ainsi le revenu disponible des ménages. Lors de la crise du Covid-19, les États européens ont massivement soutenu la demande par des dépenses d’urgence (activité partielle, subventions), limitant ainsi l’ampleur de la récession.

Cependant, ces politiques ont leurs limites. Elles peuvent accroître l’endettement public, susciter des réactions d’épargne qui réduisent l’efficacité du multiplicateur, et sont encadrées par les règles européennes du pacte de stabilité (3 % de déficit, 60 % de dette). Depuis 2020, ces règles ont été suspendues pendant la pandémie, puis réformées en 2023 pour plus de flexibilité, sans être abolies.

À retenir

La politique budgétaire stimule la demande et l’activité en période de crise, grâce à des mesures discrétionnaires ou automatiques, mais elle reste limitée par les contraintes budgétaires européennes.

Les effets de la politique monétaire sur la consommation et l’investissement

La politique monétaire, menée par la BCE, influence la consommation et l’investissement dans l’ensemble de la zone euro. Son principal outil est le taux directeur, c’est-à-dire le taux auquel la BCE prête aux banques commerciales. Ce taux détermine le coût du crédit pour les ménages et les entreprises.

Lorsque la BCE baisse ses taux directeurs, le crédit devient moins cher, ce qui facilite les emprunts pour financer l’achat d’un logement, la consommation ou les projets d’investissement. Les entreprises trouvent plus avantageux d’investir dans de nouveaux équipements, et la demande globale augmente.

En revanche, lorsque les taux sont déjà très bas, la BCE peut recourir à des mesures non conventionnelles, comme l’assouplissement quantitatif (quantitative easing). Cette politique consiste à racheter des titres financiers (obligations, dettes publiques ou privées) pour injecter des liquidités dans le système bancaire. Entre 2015 et 2021, la BCE a ainsi maintenu des taux proches de zéro et lancé plusieurs programmes d’achats d’actifs pour relancer l’économie.

Mais ces politiques rencontrent aussi des limites : les ménages ou les entreprises peuvent refuser de s’endetter malgré des taux faibles, les banques peuvent restreindre le crédit, et les taux bas prolongés peuvent alimenter des bulles financières.

À retenir

En abaissant les taux ou en injectant des liquidités, la BCE stimule la consommation et l’investissement, mais l’efficacité de ces mesures dépend du comportement des agents économiques et du contexte financier.

Les contraintes propres à la zone euro

La structure institutionnelle de la zone euro engendre une situation particulière : la politique monétaire est centralisée et unique, tandis que la politique budgétaire reste nationale. Cette asymétrie limite la capacité des États à réagir individuellement face à des chocs asymétriques, c’est-à-dire des crises touchant certains pays plus que d’autres.

Un choc asymétrique peut par exemple être une crise bancaire en Italie, qui n’affecte pas directement l’Allemagne. Dans ce cas, une politique monétaire uniforme est inadaptée : la BCE ne peut pas ajuster ses taux pour chaque pays. De même, un État membre ne peut ni dévaluer sa monnaie, ni fixer son propre taux d’intérêt, puisqu’il partage l’euro avec les autres.

Ce problème illustre le triangle d’incompatibilité de Mundell : il est impossible de cumuler une politique monétaire autonome, une monnaie stable ou commune, et la libre circulation des capitaux. En choisissant la monnaie unique, les pays de la zone euro ont renoncé à leur autonomie monétaire.

Ainsi, sans coordination budgétaire européenne, la réponse à une crise nationale demeure limitée. C’est pourquoi des dispositifs collectifs, comme le Plan de relance européen de 2020, ont été créés pour mutualiser l’effort économique.

À retenir

L’autonomie monétaire perdue et les règles budgétaires communes restreignent la capacité des États à répondre seuls aux crises. Une coordination européenne devient indispensable pour renforcer la résilience de la zone euro.

Conclusion

La politique budgétaire et la politique monétaire forment les deux piliers des politiques économiques conjoncturelles. Elles agissent ensemble sur la demande globale, mais leur efficacité dépend du contexte, de la confiance des acteurs et du cadre institutionnel.

Dans la zone euro, la combinaison d’une politique monétaire unique et de politiques budgétaires encadrées rend la gestion des crises plus complexe, surtout face aux chocs asymétriques. L’enjeu central est désormais de renforcer la coordination des politiques économiques à l’échelle européenne, afin de construire une union plus solidaire et résiliente face aux crises futures.