Introduction
Paris, novembre 1799. La République vacille. Les coups d’État se succèdent, la guerre épuise les finances et les complots se multiplient. Dans ce climat d’incertitude, un jeune général auréolé de victoires émerge : Napoléon Bonaparte. En quelques jours, il s’impose comme l’homme providentiel. Le 18 Brumaire an VIII (9 novembre 1799), par un coup d’État habile et calculé, il renverse le Directoire. La France entre dans une nouvelle ère : celle du Consulat, prélude à un Empire qui rayonnera sur l’Europe… avant de s’effondrer sous les coups des coalitions et des révoltes.
Le Consulat : un pouvoir fort pour stabiliser la France
À son arrivée au pouvoir, Napoléon s’appuie sur une nouvelle Constitution (1799) qui met en place un régime autoritaire, habillé d’institutions républicaines. Trois consuls sont nommés, mais le Premier consul, c’est lui, concentre presque tout : il propose les lois, dirige l’armée, nomme les ministres, les juges et les préfets. Le suffrage universel masculin est rétabli, mais sert surtout à organiser des plébiscites qui légitiment ses décisions.
Napoléon cherche aussi à pacifier le pays. En 1801, il signe le Concordat avec le pape : le texte reconnaît le catholicisme comme « la religion de la grande majorité des citoyens », formulation choisie pour éviter d’en faire une religion d’État. L’accord apaise une partie des tensions religieuses héritées de la Révolution, mais les divisions demeurent dans certaines régions, notamment là où le clivage entre prêtres « jureurs » et « réfractaires » reste vif. Il réforme également l’administration avec la création des préfets et unifie le droit avec le Code civil (1804), qui affirme l’égalité devant la loi, le droit de propriété et le caractère civil de l’état civil. Sur le plan extérieur, il signe la paix d’Amiens (1802) avec le Royaume-Uni : un répit fragile qui ne dure qu’un an avant la reprise des hostilités en 1803.
À retenir
Le Consulat (1799-1804) est un régime autoritaire où Napoléon concentre les pouvoirs, stabilise l’administration, réduit les tensions religieuses sans les abolir et engage de profondes réformes juridiques.
De l’Empire à l’apogée napoléonienne
En 1804, la conspiration royaliste menée par Cadoudal et Pichegru convainc Napoléon qu’il doit renforcer et pérenniser son pouvoir. Proclamé empereur des Français par le Sénat, il fait confirmer ce titre par un plébiscite. La cérémonie du sacre, en présence du pape Pie VII, marque la naissance du Premier Empire. Napoléon concentre un pouvoir personnel encore plus fort, mais conserve plusieurs réformes révolutionnaires : égalité civile, suppression des privilèges, administration centralisée.
L’Empire devient aussi une formidable machine militaire. La Grande Armée, forgée à partir de 1805, remporte des victoires éclatantes : Austerlitz (1805) contre l’Autriche et la Russie, Iéna (1806) contre la Prusse, Wagram (1809) contre l’Autriche. Dans les territoires conquis, Napoléon impose l’abolition des droits féodaux et la diffusion du Code civil. Ces réformes s’étendent aussi aux États satellites (Confédération du Rhin, Royaume d’Italie, Duché de Varsovie) dans un contexte de domination militaire, ce qui provoque parfois des résistances locales.
À retenir
L’Empire (1804-1815) renforce le pouvoir personnel de Napoléon et diffuse, souvent sous contrainte, des réformes inspirées de la Révolution dans toute l’Europe.
Les fragilités d’un empire immense
Derrière les triomphes, les failles s’élargissent. Les monarchies européennes, inquiètes de l’expansion française, forment coalition après coalition. La guerre d’Espagne (1808-1814), marquée par la guérilla et le soutien britannique, épuise l’armée française. Des mouvements nationaux émergent : en Espagne, en Allemagne, en Italie, ils se nourrissent à la fois des idées révolutionnaires et du rejet de l’occupation.
La campagne de Russie (1812) marque le tournant. L’hiver, la faim et les attaques russes anéantissent la Grande Armée. En octobre 1813, la bataille de Leipzig, surnommée « bataille des Nations », voit la défaite décisive de Napoléon face à une coalition européenne. Dès lors, les défaites s’enchaînent : Paris est occupé en 1814, Napoléon abdique et part en exil sur l’île d’Elbe. Il reviendra brièvement pendant les Cent-Jours, avant d’être définitivement vaincu à Waterloo (1815) et exilé à Sainte-Hélène.
À retenir
L’Empire s’effondre sous les coups des coalitions, des révoltes nationales et des désastres militaires, en particulier en Russie et à Leipzig.
Conclusion
De 1799 à 1815, Napoléon Bonaparte transforme la France et l’Europe. Il impose un pouvoir centralisé et autoritaire, mais préserve et exporte certains acquis de la Révolution. Son génie militaire étend l’influence française jusqu’aux confins de l’Europe, tout en suscitant des résistances croissantes. La montée des nationalismes, les coalitions européennes et les échecs militaires précipitent la chute d’un empire dont l’héritage juridique et administratif perdure longtemps après 1815.
