La demande et son lien avec le prix des biens et services

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Dans cette leçon, tu vas apprendre comment la demande réagit aux variations de prix et pourquoi certains produits se vendent plus ou moins selon leur nature ou leur utilité. Tu comprendras aussi le rôle du revenu, de la publicité et des politiques publiques dans les comportements de consommation des ménages. Mots-clés : demande, prix, élasticité, consommation, pouvoir d’achat, biens essentiels, biens de luxe.

Introduction

Quand le prix d’un produit baisse, les consommateurs se précipitent souvent pour l’acheter. À l’inverse, lorsque le prix augmente, ils hésitent ou renoncent. Ce comportement, qui semble intuitif, révèle un mécanisme fondamental du fonctionnement économique : la demande.

Chaque jour, les ménages font des choix de consommation en fonction de leurs revenus, de leurs besoins et des prix des produits. Ces décisions individuelles, multipliées à l’échelle d’une société, forment la demande globale, moteur de la production et de la croissance économique. Comprendre la relation entre le prix et la demande permet donc d’expliquer les comportements d’achat, les stratégies des entreprises et les politiques économiques menées par l’État.

Qu’est-ce que la demande ?

En économie, la demande désigne la quantité de biens et de services que les consommateurs souhaitent acheter à un certain prix. Par exemple, un bien est un objet matériel (voiture, pain, téléphone), tandis qu’un service est une prestation immatérielle (transport, coupe de cheveux, cours en ligne).

Chaque consommateur fait un arbitrage : il doit choisir comment dépenser son revenu disponible, c’est-à-dire la somme dont il dispose après impôts et cotisations sociales, pour satisfaire au mieux ses besoins. Si le prix d’un produit augmente, ce consommateur doit renoncer à en acheter autant ou sacrifier d’autres achats : c’est ce qu’on appelle l’effet revenu, car son pouvoir d’achat diminue. De plus, il peut se tourner vers un autre produit similaire, moins cher : c’est l’effet de substitution. Ces deux mécanismes expliquent pourquoi, lorsque le prix monte, la demande baisse, et inversement.

Ainsi, la loi de la demande affirme qu’à prix élevé, la quantité demandée diminue, et qu’à prix bas, elle augmente. Ce raisonnement repose sur le modèle du consommateur rationnel, qui cherche à maximiser sa satisfaction tout en respectant son budget. Ce modèle théorique suppose aussi un contexte de concurrence pure et parfaite, où les consommateurs connaissent parfaitement les prix et la qualité des produits.

Or, dans la réalité, ces conditions sont rarement réunies, car la publicité, les effets de mode et l’asymétrie d’information influencent fortement les décisions d’achat. Cette asymétrie d’information signifie que les producteurs en savent souvent plus que les consommateurs sur les caractéristiques réelles des produits, ce qui peut fausser les choix des acheteurs.

À retenir

La demande est la quantité de biens et de services qu’un consommateur souhaite acheter selon son revenu et le prix. Elle obéit à la loi de la demande : plus le prix augmente, moins la demande est forte.

Le lien entre le prix et la demande : une relation inverse

La relation entre le prix et la demande peut être représentée par une courbe de demande : imaginons un graphique où l’axe vertical indique le prix et l’axe horizontal la quantité demandée. La courbe descend de gauche à droite : plus le prix baisse, plus la quantité demandée augmente.

Prenons un exemple concret : si une baguette de pain coûte 2 €, la plupart des consommateurs n’en achètent qu’une par jour. Si son prix baisse à 1 €, certains en achèteront deux ou trois (pour les congeler ou faire des sandwiches). À l’inverse, si elle grimpe à 3 €, la demande chutera, car les ménages chercheront une boulangerie moins chère.

Cependant, tous les produits ne réagissent pas de la même manière à une variation de prix. Pour mesurer cette sensibilité, les économistes utilisent l’élasticité-prix de la demande, qui indique de combien varie la quantité demandée lorsque le prix change de 1 %. Par exemple, si le prix d’un smartphone baisse de 10 % et que les ventes augmentent de 20 %, l’élasticité-prix est égale à 2. Cela signifie que la demande est très élastique. À l’inverse, si le prix de l’essence augmente de 10 % et que la consommation ne baisse que de 2 %, l’élasticité est de 0,2 : la demande est inélastique, car le carburant est indispensable à la plupart des ménages.

Entre janvier 2022 et janvier 2024, par exemple, le prix moyen du litre d’essence en France est passé d’environ 1,70 € à 1,95 €, tandis que la consommation a diminué d’à peine 3 % selon le ministère de la Transition énergétique : un bon exemple de demande inélastique.

À retenir

La courbe de demande montre une relation inverse entre le prix et la quantité demandée. L’élasticité-prix mesure la réaction de la demande à une variation du prix : elle est forte pour les biens non essentiels, faible pour les biens indispensables.

La demande, reflet de la consommation des ménages

La demande globale d’un produit résulte de la somme des demandes individuelles. Elle reflète donc les comportements de consommation de l’ensemble des ménages. Ces comportements dépendent directement du revenu disponible et de la structure du budget des familles.

En France, selon l’INSEE, les ménages consacrent en moyenne 25 % de leur budget à l’alimentation et au logement, 13 % aux transports et 9 % aux loisirs. Lorsque les prix augmentent, les ménages les plus modestes réduisent leurs dépenses non essentielles, tandis que les plus aisés maintiennent une demande plus stable.

Ainsi, la demande n’est pas uniforme : elle dépend du niveau de vie, des goûts et des priorités de chacun. Une hausse du prix de l’électricité, par exemple, affecte davantage les foyers à faible revenu, qui ont moins de marge pour réduire leur consommation.

De plus, la publicité et les stratégies marketing influencent puissamment la demande. Les marques créent des besoins nouveaux ou valorisent certains produits comme essentiels.

L’information n’est donc jamais parfaite : le consommateur ne connaît pas toujours la qualité réelle du bien ou les alternatives existantes, ce qui limite sa liberté de choix et explique parfois des comportements irrationnels.

À retenir

La demande globale d’un bien correspond à la somme des demandes individuelles. Elle dépend du revenu disponible, des habitudes de consommation et de la qualité de l’information dont disposent les ménages.

Des exemples concrets de la relation entre prix et demande

Le marché du carburant illustre une demande peu sensible aux prix : même lorsque le litre dépasse 2 €, la plupart des automobilistes continuent d’en acheter, car ils ont besoin de leur voiture pour se déplacer. En revanche, la demande de produits technologiques est très sensible : une baisse de 10 % du prix d’un smartphone peut entraîner une hausse des ventes de 20 ou 30 %.

Certains produits constituent même une exception à la loi de la demande : les biens de Veblen. Leur particularité est que leur demande augmente avec le prix, car leur coût élevé devient un signe de prestige social. Ainsi, lorsqu’une marque de luxe augmente ses tarifs, ses ventes peuvent paradoxalement croître, car les consommateurs cherchent à afficher leur réussite.

Enfin, la demande peut aussi être influencée par les politiques publiques. Par exemple, la prime à la conversion automobile en France a stimulé la demande de véhicules électriques en abaissant leur prix d’achat. De même, la hausse de la taxe carbone vise à réduire la demande de carburants polluants, en rendant leur consommation plus coûteuse.

À retenir

Selon la nature des produits et le contexte économique, la demande réagit différemment : elle est faible pour les biens essentiels, forte pour les biens de loisir, et parfois paradoxale pour les biens de prestige.

Conclusion

La demande traduit les choix de consommation des ménages face aux prix et à leurs revenus. Elle obéit généralement à la loi de la demande, selon laquelle une hausse du prix fait baisser la quantité demandée. Mais cette relation dépend du type de produit, de l’importance du bien dans le budget et de la sensibilité du consommateur.

Sur le marché, la demande interagit directement avec l’offre, c’est-à-dire la quantité de biens et de services que les producteurs souhaitent vendre. Le prix d’équilibre résulte de cette rencontre entre la demande et l’offre : c’est le prix auquel la quantité demandée est égale à la quantité offerte.

Ce mécanisme, fondé sur le modèle du consommateur rationnel, aide à comprendre comment les prix se forment sur le marché. Cependant, la réalité est plus complexe : les effets de mode, la publicité, les politiques publiques et les inégalités de revenu modifient profondément les comportements d’achat.

Ainsi, étudier la demande, c’est comprendre à la fois la logique économique des marchés et la dimension sociale de la consommation des ménages, au cœur du fonctionnement de l’économie.